avril 27, 2024

Silent Hill – The Short Message

Résumé :

Après avoir reçu des messages de son amie Maya, Anita se retrouve face à un immeuble délabré, tristement célèbre pour les suicides dont il aurait été le théâtre.
Une fois à l’intérieur, Anita perd rapidement ses repères alors qu’elle se trouve confrontée à des lieux étranges et surnaturels, hantés par un monstre difforme.
Le message de Maya était pourtant clair : « tu ne bouges pas tant que tu ne l’as pas trouvé ». Mais que cherche exactement Anita ?

Avis :

Depuis la fin des années 1990, Silent Hill est devenu l’une des figures de proue du survival-horror avec Resident Evil. Néanmoins, les deux sagas officient dans des registres sensiblement différents. La série de Capcom s’est orientée vers un style horrifique très explicite, tandis que celle de Konami est davantage tournée vers une approche psychologique. La notion de peur se veut alors plus subtile pour travailler une aura malsaine, voire pernicieuse à certains égards. Malgré le statut culte de la franchise, la dernière décennie fut l’objet de déconvenues et de désillusions. On songe à la production avortée de Silent Hills par Hideo Kojima et Guillermo del Toro, sans compter une absence de projets, du moins jusqu’à l’annonce d’un nouveau film, d’une série interactive et de nombreux titres inédits.

À l’image du DLC God of War Ragnarök : Valhalla, Silent Hill : The Short Message s’avance comme un cadeau des développeurs aux fans de la saga horrifique. Une sorte de mise en bouche, histoire de patienter jusqu’à la sortie du remake de Silent Hill 2. Sur le principe du Shadow Drop, la disponibilité du jeu fut presque immédiate après sa présentation. Au-delà de sa gratuité, ce choix est également un bon moyen de jauger les attentes des joueurs, d’affiner les mécanismes de la peur et ainsi distinguer ce qui fonctionne ou pas. Le propos n’est donc pas forcément désintéressé, mais il demeure néanmoins appréciable pour se replonger dans l’univers torturé de Silent Hill.

En l’occurrence, il ne s’agit pas d’arpenter les rues ou les bâtiments désaffectés de la ville brumeuse. On se retrouve à Kettenstadt, en Allemagne. À l’image de P.T. ou Evil Inside, on explore un environnement clos et, de surcroît, délabré. Ce cadre se fait l’écho des effets des crises sanitaire et économique, suite à la pandémie de Covid-19. Le contexte est donc encore vivace. Il suinte des coupures de presse ou des notes de journal que l’on consulte au gré de chantiers ou d’appartements abandonnés. L’histoire s’attarde aussi sur des sujets difficiles et des problématiques sociétales propres à l’omnipotence de la technologie dans notre quotidien.

On songe, entre autres, à l’impact néfaste des réseaux sociaux, au paraître face au regard des autres. S’ensuivent haine, mesquinerie et bêtise qui se manifestent au travers d’un harcèlement moral constant ; en ligne, comme à l’école. Dès lors, le récit se penche sur les conséquences de tels comportements, comme la détresse psychologique, l’automutilation ou le suicide. Il s’en dégage un climat pesant où les tourments des protagonistes restent prégnants, ne serait-ce qu’avec l’évocation de leurs souvenirs ou la résurgence de leurs traumatismes. Afin de renforcer le désespoir latent, ces derniers s’attardent aussi sur la maltraitance infantile.

Empruntant les fondamentaux du Walking Simulator à la première personne, le déroulement de l’aventure est posé, tandis que les interactions sont scriptées, voire limitées. Cette approche peut paraître rebutante pour des joueurs davantage versés dans des gameplays nerveux ou qui induisent davantage d’interactions. Il n’en demeure pas moins que ce choix s’avère pertinent pour étayer le développement psychologique et l’atmosphère oppressante des lieux. Néanmoins, ce parcours s’entrecoupe de confrontations avec Sakura Head. L’allusion à Pyramid Head est évidente. Tout comme pour cet antagoniste, la fuite est de circonstances. Le smartphone permet alors d’estimer la proximité de l’ennemi.

L’errance du personnage principal s’effectue dans un labyrinthe de corridors et de pièces, dont la complexité monte crescendo à chaque nouvelle rencontre. La dernière d’entre elles nécessite même de trouver des photos pour débloquer l’issue. Il est essentiel de bien savoir se repérer dans ces méandres obscurs pour surmonter lesdites épreuves. Ces séquences ne sont toutefois pas punitives et ne constituent pas un frein dans la progression générale. En explorant les moindres recoins du bâtiment, du moins les zones accessibles, la durée de vie dépasse à peine les deux heures. Ce qui se rapproche de certains jeux indépendants similaires, voire d’une démo. On regrette également l’absence d’énigmes, exception faite de celle du casier d’Anita, guère complexe.

Au final, Silent Hill : The Short Message renoue avec une ambiance torturée, chère à la saga de Konami. Malgré sa brièveté, on apprécie cette prise de risque pour s’éloigner des précédents épisodes et proposer une expérience différente. Si cela peut décontenancer, l’immersion est au rendez-vous, à condition d’accepter la passivité d’un simulateur de marche. Le présent titre n’est pas forcément effrayant, mais il se veut oppressant, voire malsain dans l’évocation de ses thématiques. De l’acte de suicide aux mutilations corporelles, sans compter les cicatrices psychologiques, la narration retranscrit avec justesse le désespoir et la souffrance des protagonistes. Un intermède honorable, en attendant d’autres incursions tourmentées…

Note : 14/20

Par Dante

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