avril 27, 2024

Le Code Jefferson – Steve Berry

Auteur : Steve Berry

Editeur : Le Cherche-Midi/Pocket

Genre : Thriller

Résumé :

Quatre présidents américains ont été tués alors qu’ils occupaient les plus hautes fonctions, Lincoln (1865), Garfield (1881), McKinley (1901), et Kennedy (1963). Quatre assassinats a priori sans rapport aucun, et pourtant… De retour aux États-Unis, à la demande de Stephanie Nelle avec laquelle il a travaillé au sein des services secrets américains, Cotton Malone ne se doute pas qu’il est sur le point de faire l’une des découvertes les plus étonnantes de sa carrière : l’existence d’une société occulte, fondée lors de la Révolution américaine, adoubée par George Washington, et qui, depuis lors, n’a cessé ses mystérieuses activités. Au cœur du secret, et peut-être de l’assassinat des quatre présidents, deux pages manquantes dans les actes officiels, relatives à une énigmatique séance du Sénat américain en 1793. Pourquoi, en 1835, le président des États-Unis de l’époque a-t-il dissimulé ces fameuses pages dans une place tenue secrète, et dont les coordonnées sont cachées derrière le fameux Code Jefferson, réputé inviolable ? Lancé dans une course contre la montre, ne pouvant faire confiance à personne, Malone, aidé de Cassioppa Witt, va devoir élucider bon nombre de mystères et d’énigmes afin de déjouer une conspiration dont les ramifications s’étendent au cœur même de l’État Américain.

Avis :

Parfait mélange entre l’action, l’aventure et le thriller ésotérique, les livres de Steve Berry se distinguent par leurs qualités narratives et romanesques. À travers des énigmes historiques et des enjeux géopolitiques contemporains, ses récits font office de traits d’union entre un passé qui conserve ses atours mystérieux et les préoccupations sociétales actuelles. Preuve en est avec son personnage phare, Cotton Malone, où ses péripéties aux quatre coins du globe parviennent à tenir en haleine. Avec Le Monastère oublié, on assistait à une transition progressive de la formule initiale. En effet, on s’attardait davantage sur les arcanes des pouvoirs politiques. En l’occurrence, Le Code Jefferson confirme cette orientation.

Le 7e opus des aventures de Cotton Malone se penche sur les fondements même des États-Unis, de la société américaine telle qu’on la conçoit. Sous le prisme d’une réalité savamment détournée, l’écrivain triture les fils de l’histoire, ainsi que ceux de grands évènements qui ont conduit à la naissance du pays. Pour autant, l’intrigue ne dénonce pas un mensonge en particulier, mais s’immisce dans des actes et des choix délictueux. Si l’on reste à la lisière des thèses complotistes, on ne cède pas à la facilité ou à l’évocation de théories plus ou moins farfelues. De manipulations, il est toutefois question dans la manière d’impacter le cours de l’histoire…

Pour ce faire, l’auteur crée le Commonwealth qui s’appuie sur le principe de fonctionnement de la piraterie. L’idée a de quoi détonner, mais elle demeure vraisemblable quand on prend connaissance du rôle des corsaires sur la guerre d’indépendance et d’autres conflits ultérieurs. À noter qu’il ne s’agit pas de l’organisation intergouvernementale éponyme. Cela étant dit, Steve Berry extrapole leur implication afin d’accroître leur influence sur le paysage politique actuel. Il ne s’agit pas tant d’un état profond qu’une société secrète, dont les valeurs traditionalistes jouent de prétextes pour servir des ambitions toutes personnelles. En cela, l’organisation et les mécaniques d’action s’avèrent parfaitement rodées, comme l’intrigue générale.

Dès le départ, l’auteur happe son lectorat à travers un rythme emmené qui ne se relâche guère. Comme à l’accoutumée, les séquences d’action sont fluides et maîtrisées. On songe aux fusillades ou aux confrontations directes qui tirent parti des forces opposées, ainsi que de l’environnement. Bien que l’ensemble soit prévisible sur le long terme, il n’en demeure pas moins que l’on se prête volontiers à cette affaire où le pouvoir exécutif est mis à mal. On apprécie aussi les échanges denses et bien argumentés. Cela sans oublier une documentation fournie lorsque l’intrigue évoque les moyens humains et matériels employés par les services secrets, le gouvernement ou leurs détracteurs.

Cependant, on peut regretter que le fameux Code Jefferson reste en filigrane de l’intrigue. Il a beau constituer son fil rouge, il n’en demeure pas moins un prétexte qui tend à s’effacer assez vite. Les énigmes qui l’entourent sont assez sommaires, tout comme les explications cryptographiques pour tenter de le percer. Soit dit en passant, la réalité rejoint la fiction lorsqu’un mathématicien est parvenu à le déchiffrer en… 2009, soit deux ans avant la parution originale du présent ouvrage. Ce qui enlève la nature sibylline du sujet, même si le plaisir reste présent. On peut aussi déplorer une caractérisation qui n’évolue guère, où les protagonistes sont, au demeurant, peu malmenés. De ce point de vue, le traitement est calibré, sans véritable surprise.

Au final, Le Code Jefferson constitue un bon roman d’action/aventures. Le livre de Steve Berry recèle tous les ingrédients qui ont fait le succès de ses précédents ouvrages. Malgré la densité du texte, on ne s’ennuie guère avec un enchaînement des séquences qui ne souffre d’aucun temps mort. Le style reste fluide et accessible. Ce qui permet d’aborder le récit sans craindre quelques digressions littéraires soutenues et dispensables. De même, l’organisation et la création du Commonwealth demeurent une idée originale et bien amenée pour étayer les ingérences d’un ennemi de l’intérieur. Cependant, on regrette une absence de prise de risque évidente et un déroulement qui ne surprend guère dans sa progression ou ses aboutissants.

Note : 14/20

Par Dante

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