Avis :
Il arrive, au cours d’une carrière, que certains groupes ne possèdent plus aucun membre fondateur, et pourtant, le groupe continue de tourner. C’est le cas de Cattle Decapitation, groupe de Death Progressif à tendance Black, voire Grindcore. Fondé en 1996, la formation va se faire connaître via une démo, Ten Torments of the Damned, puis le chanteur fondateur va laisser sa place à Travis Ryan, qui sera, aujourd’hui, le plus vieux membre de la bande. Avec un line-up stable depuis seulement 2018, avec l’arrivée d’un nouveau bassiste, et d’un nouveau guitariste rythmique, Cattle Decapitation possède une fanbase assez solide, notamment chez les défenseurs des droits animaliers, puisque c’est l’un des fers de lance des paroles du groupe. Sorti en 2019, Death Atlas est le neuvième effort studio du groupe, et il poursuit une carrière jalonnée d’albums qui ont toujours eu bonne presse. Est-ce encore le cas ici ?
Bien évidemment, avec un tel nom de groupe, une telle pochette et un tel titre, il est évident que l’on va se prendre un sacré mur sur le coin de la tronche. Cattle Decapitation ne fait pas dans la dentelle et dégueule un Death mâtiné de Black qui fait mal, mais qui n’oublie jamais la technique et la mélodie. Après une petite introduction bien sombre via Anthropogenic : End Transmission, les américains envoient The Geocide, et ça fait très mal. Dès le départ, on a droit à un gros blast qui défonce et un cri qui est maintenu sur une belle durée. Pas de doute, les ricains ne sont pas là pour rigoler et ça va balancer du très lourd. Le chanteur prouve sa grande forme avec son growl qu’il peut moduler en voix plus aigüe, et sa technique force le respect, que l’on soit fan ou pas.
Si le titre est d’une violence extrême, certains breaks sont plus calmes, et il faut se faire au chant clair, qui est très nasillard, et très particulier. Mais cela donne une aura relativement malsaine à l’ensemble, et devient un plus indéniable. Be Still our Bleeding Hearts lorgne du côté du Black dans son blast et sa rythmique, mais le growl puissant rejoint plutôt le Death. Là encore, on est sur quelque chose de puissant et qui ne fait pas dans la dentelle. Les américains trouvent néanmoins le juste équilibre entre une violence inouïe et des ponts plus « calmes » qui mettent en avant la mélodie, mais aussi la technique des musiciens. Vulturous en sera un exemple parmi tant d’autres, avec une belle durée et une variation de rythmes qui démontre tout le talent du groupe dans la composition. Après, il faut aimer s’en prendre plein la gueule.
The Great Dying Pt. 1 est un interlude assez malsain, qui va ensuite laisser place à One Day Closer to the End of the World. Un morceau tranchant, ultra rapide et qui fracasse à plus d’un titre. Bring Back the Plague sera bien plus technique, et on va ressentir cela dès le début, avec une gratte qui va à toute berzingue et balance une mélodie intéressante. Alors oui, on reste sur un gros bloc de granit implacable, mais c’est plutôt bien fichu et ne génère finalement aucun moment d’ennui. Absolute Destitute sera un morceau un peu moins marquant, mais il restera intéressant dans sa construction et dans sa démarche. Plus calme, plus technique sur les guitares, c’est un titre qui a toute sa place dans l’album. Puis après un nouvel interlude avec The Great Dying Pt. 2, le groupe envoie Finish Them, un titre classique, mais très efficace.
With All Disrespect débute un peu comme le deuxième morceau, avec un long cri et un blast qui défouraille à tout va. C’est ultra violent, très percutant, et le chant scandé à la Cannibal Corpse ne fait de confirmer le côté Brutal Death du titre. Puis Time’s Cruel Curtain va adoucir un peu tout cela. Le titre démarre de façon plus « tendre », installant alors une ambiance désespérée et mélodieuse. Le groupe démontre sa capacité à jouer avec les atmosphères et à parfois prendre son public à revers, du moins le temps d’une introduction, parce que par la suite, ça envoie du bois. The Unerasable Past joue le dernier interlude, avant d’attaquer la pièce maîtresse de l’album, Death Atlas. Long de plus de neuf minutes, le groupe propose un vrai titre progressif, qui va, doucement, réduire sa violence, pour fournir une conclusion doucereuse et vénéneuse.
Au final, Death Atlas, le neuvième album de Cattle Decapitation, est un album honnête et relativement bien fichu. Même si on plonge dans une violence qui peut parfois prêter à sourire, on reste dans une technique de zinzin, et une volonté d’élever le Death à quelque chose de plus complexe qu’il n’y parait. Porté par des titres salvateurs et aux structures torturées, Death Atlas est une bonne entrée en matière dans l’univers du groupe, qui est constant dans la qualité de ses skeuds.
- Anthropogenic : End Transmission
- The Geocide
- Be Still Our Bleeding Hearts
- Vulturous
- The Great Dying Pt. 1
- One Day Closer to the End of the World
- Bring Back the Plague
- Absolute Destitute
- The Great Dying Pt. 2
- Finish Them
- With All Disrespect
- Time’s Cruel Curtain
- The Unerasable Past
- Death Atlas
Note : 15/20
Par AqME