octobre 5, 2024

Débâcle – Quand les Traumas d’Enfance Refont Surface

Titre Original : Het Smelt

De : Veerle Baetens

Avec Charlotte De Bruyne, Rosa Marchant, Amber Metdepenningen, Matthijs Meertens

Année : 2024

Pays : Belgique, Pays-Bas

Genre : Drame

Résumé :

De nombreuses années après cet été où tout a basculé, Eva retourne pour la première fois dans son village natal avec un énorme bloc de glace dans son coffre, bien déterminée à affronter son passé.

Avis :

Veerle Baetens est une actrice belge qui s’est faite grandement remarquer en 2012 avec « Alabama Monroe« . L’actrice avait déjà une belle carrière derrière elle, avec pour commencer du théâtre, puis de petits rôles à la télévision, avant de passer au cinéma et de petit à petit grimper les échelons, pour arriver jusqu’au film de Felix Van Groeningen et ce rôle d’Élise, chanteuse de Bluegrass, amoureuse et mère d’une petite fille. Depuis ce film, Veerle Baetens connaît une très belle carrière, et elle a tourné pour des réalisateurs comme Robin Pront, Dominik Moll, Jérémie Guez, Édouard Bergeon, ou encore Guillaume Nicloux.

Après avoir fait un test en 2017 du côté de la série télé, où elle prend le poste de Showrunner avec la série « Tabula Rosa« , voici que Veerle Baetens s’essaie à un nouveau poste, ou plutôt de nouveaux postes, puisqu’avec « Débâcle« , elle prend le rôle de réalisatrice, mais aussi celui de scénariste. Adapté d’un roman de Lize Spit, ce premier film de Veerle Baetens se pose comme l’un des plus forts de cette semaine. Quelque peu longuet à se lancer, quand cette intrigante histoire aura réussi à nous attraper, la réalisatrice ne va plus nous lâcher, et pire encore, elle ne va faire qu’accentuer son film, pour aller vers ce final aussi triste que glaçant et dévastateur !

« Veerle Baetens sait très bien où amener sa barque. »

Il y a un été qui a tout changé pour Eva. Depuis cet été, Eva est partie et elle n’est jamais revenue dans son village natal. Mais cet hiver-là, il y a une commémoration qui est organisée, et Eva revient alors dans ce village, bien décidée à affronter son passé.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que pour son premier film en tant que cinéaste, Veerle Baetens n’a pas choisi la facilité, nous entraînant dans un film qui s’apparente beaucoup à un thriller psychologique. La réalisatrice a fait ce film « – pour tous ceux qui enfouissent une douleur au plus profond d’eux-mêmes, à un endroit où personne ne pourra les deviner et d’où elles les dévorent peu à peu », et il est vrai que « Débâcle » raconte parfaitement cela.

Construit de manière très classique avec un montage qui oscille entre présent et passé afin de nous faire découvrir son personnage principal de nos jours, grignoté par la douleur, et le personnage principal plus jeune, qui va aller vers ce moment fatidique on ne peut plus horrible, comme je le disais en début de texte, « Débâcle » est un film qui a un peu de mal à se lancer. Un peu comme s’il se fait hésitant, ou qu’il ne savait pas comment aller vers son sujet et son histoire. Ainsi, le début se fait un peu longuet, mais ça, c’était presque un leurre, car Veerle Baetens sait très bien où amener sa barque, et petit à petit, son film se fait de plus en plus fluide, et surtout son histoire, qui sème de petits détails ici et là, nous attrape, et une fois ceci fait, « Débâcle » ne nous lâchera plus.

« Les deux actrices sont incroyables et sidérantes. »

Pire encore, comme je le disais, plus l’intrigue avance, plus elle se dévoile, et plus elle se fait incroyable, virant au drame psychologique d’une dureté absolue. Le scénario résonne dans ces deux époques comme un piège duquel il va être impossible de ne pas se laisser entraîner, et ce qui va être le plus terrible avec cette histoire, c’est le fait qu’elle laisse entrevoir le pire. Un pire que l’on ne veut pas voir se réaliser, et quand ce dernier se produit, il se fait encore plus perturbant, plus choquant et dévastateur que « prévu ». En fait, on a l’impression d’avoir été impuissant à la vision de cette histoire et la destinée de ces personnages.

Renaud chante dans « Mistral gagnant » : « – Te raconter, enfin, qu’il faut aimer la vie. L’aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui, les rires des enfants ». Et en un sens, le film de Veerle Baetens me fait penser à la fin de cette chanson. Ces paroles s’en font l’écho, et ce film reste dans nos esprits, et il continuera même son œuvre, tant son histoire est terrible et ces personnages, tellement touchants. Des personnages qui sont parfaitement incarnés par de jeunes comédiens que l’on découvre avec plaisir, malgré l’horreur de cette histoire. Si Anthony Vyt, Matthijs Meertens, ou encore Sebastien Dewaele et Naomi Velissariou sont très bons, il est vrai que « Débâcle« , c’est surtout Charlotte de Bryne et Rosa Marchant qui incarnent le même personnage à deux âges différents. Les deux actrices sont incroyables et sidérantes de bout en bout de film, et il va être difficile de ne pas être secoué par leur histoire.

Ce premier film pour Veerle Baetens se pose donc une totale réussite, et ça, même s’il a du mal à se mettre en place. Avec ce film, l’actrice et réalisatrice s’attaque aux traumatismes de l’enfance et livre un film glaçant, qui ne fait aucune concession quant à son histoire et la destinée de ses personnages. Si on a toujours hâte de voir Veerle Baetens en tant qu’actrice, après ce premier essai en tant que cinéaste, on a désormais hâte de voir ce qu’elle pourrait nous proposer par la suite, car ici, on fait face à une jeune réalisatrice qui a des choses à dire et à raconter.

Note : 15/20

Par Cinéted

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