avril 27, 2024

Spiritbox – Eternal Blue

Avis :

Avoir le statut de remplaçant dans un groupe peut parfois générer de la frustration. Déjà parce que l’on est obligé de suivre la ligne directrice du groupe dans lequel on s’insère, mais aussi parce que l’on peut avoir la sensation de ne jamais être un membre à part entière dans la formation. C’est d’ailleurs après ce constat que Courtney LaPlante et son mari Mike Stringer décident de quitter Iwrestledabearonce en 2016 pour fonder un peu plus tard Spiritbox. Groupe désormais incontournable de la scène post-metalcore, le quatuor canadien s’emploie à toujours surprendre son auditoire, changeant de registre au sein même des morceaux. Catégorisé Djent, puis Metalcore, parfois Prog et de temps en temps post-modern, Spiritbox est un groupe difficilement classable et qui tente à chaque fois de se renouveler. Pour preuve, Eternal Blue, unique album à ce jour, est un savant mélange des genres.

Il faut dire que le duo quitte son précédent groupe par manque de repères et de liberté créative. De ce fait, en s’enfermant chez soi et en recherchant constamment de la nouveauté, le couple, qui va se faire aider par la suite d’un bassiste et d’un batteur, va pousser la créativité un peu plus loin à chaque morceau. Eternal Blue est dans cette mouvance, à savoir surprendre à chaque piste, alternant des phases plutôt calmes avec des moments beaucoup plus rugueux. Et Spiritbox va se démarquer du reste, jusqu’à devenir très rapidement un groupe à suivre de très près. Dès le premier titre, Sun Killer, on va voir les atours d’un groupe qui recherche tout le temps à se renouveler sans pour autant tomber dans un Prog égoïste. Les ajouts électro du début plombe bien l’ambiance, et le chant claire féminin va renforcer ce sentiment éthéré.

Puis par la suite, entre les riffs ultra agressifs et une rythmique parfaite, le groupe va faire parler la poudre. Courtney LaPlante utilise son growl pour mieux appuyer la violence du propos et nous subjugue. Elle a fait des progrès incroyables depuis Iwrestledabearonce et utilise bien toutes ses tessitures. Afin de continuer dans cette violence crue qui lorgne du côté du Metalcore, Hurt You va venir nous décrocher la nuque. Les couplets frappent très fort, et il sera difficile de ne pas headbanger dessus. Certes, le refrain en chant clair est moins percutant, mais il s’insère parfaitement dans un titre virulent et totalement réussi. Même Yellowjacket va taper dans le gras, avec en prime un featuring avec Sam Carter de chez Architects. Cette entrée en matière est très percutante, montrant que le groupe souhaite en découdre dès le démarrage, mais il va aussi montrer une autre facette par la suite.

Sur les deux titres suivants, le growl disparait totalement pour laisser place à un joli chant clair et des rythmiques qui pourraient presque s’assimiler à des ballades. Cependant, il résidera toujours un fond assez sombre, qui fait la caractéristique du groupe. The Summit se révèle assez accrocheur de par sa mélodie savamment dosée, avec tout de même du gros riff durant les refrains. Quant à Secret Garden, il aura ce côté Metalcore dans sa mélodie et sa rythmique, mais le chant clair et doux va contrebalancer cette « violence », qui devient alors toute relative. C’est très bien fichu, et on sent que le groupe travaille surtout son ambiance. Une ambiance qui va retrouver la lourdeur des débuts avec deux titres ultra violents. Silk in the Strings ne fait pas dans la dentelle, oubliant tout chant clair et frappant fort dès le départ.

Outre le fait que cela réveille, le groupe arrive tout de même à garder cette aura si particulière, avec des touches de clavier à la fois aériennes et pourtant très sombres. Puis Holy Roller va continuer sur cette lancée agressive, ne laissant aucun répit et donnant une envie dingue de se décrocher la nuque. Le growl de Courtney fait pâlir certains bonhommes et l’ensemble ressemble à un gros mur que l’on se prend dans la tronche. Eternal Blue va nuancer tout cela, jouant comme une synthèse de tout ce que l’on a eu auparavant, et trouvant un bel équilibre entre douceur et violence. We Live in a Strange World sera le penchant Pop du groupe, mais il réside toujours cette ambiance un peu dépressive si intéressante. Halcyon sera un titre un peu plus transparent, mais qui permettra à Circle With Me de briller, et de devenir le hit du groupe.

Au final, Eternal Blue, le premier album de Spiritbox, est une sacrée réussite. Même si on peut le rapprocher d’une scène Metalcore qui n’est jamais reniée, le groupe essaye, expérimente, tente, jusqu’à proposer un effort complet, qui tire autant vers le Prog que vers le Djent, tout en utilisant des éléments Pop savamment utilisés. Bref, pour un premier album, c’est maîtrisé de A à Z, et il serait peut-être temps de sortir un nouvel album plutôt que quelques EP…

  • Sun Killer
  • Hurt You
  • Yellowjacket feat Sam Carter
  • The Summit
  • Secret Garden
  • Silk in the Strings
  • Holy Roller
  • Eternal Blue
  • We Live in a Strange World
  • Halcyon
  • Circle With Me
  • Constance

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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