avril 27, 2024

Sorcerer – Lamenting of the Innocent

Avis :

Certains groupes mettent plus de temps que d’autres à percer. Soit parce qu’ils n’arrivent pas à sortir de la masse, à trouver une maison de disques, soit parce que les relations entre membres sont souvent tendues. C’est un peu le cas de Sorcerer qui se forme à la fin des années 80 à Stockholm. Après deux démos, le groupe ne parvient pas à trouver d’accords et le bassiste décide de partir pour Tiamat. Cependant, trois ans plus tard, un membre du groupe Solitude Aeternus prend les deux démos et en fait un album sur CD. Le groupe prend alors la décision de se reformer en 2010, et de ne plus se quitter. Lamenting of the Innocent est le troisième effort studio des suédois, sorti chez Metal Blade Records, et il est à la croisée des chemins entre Heavy, Doom et Power.

Le premier constat que l’on peu faire avec cet album, c’est qu’il est généreux. En effet, on a droit à dix pistes pour plus d’une heure dix d’écoute, ce qui en fait un effort long à digérer. Et comme à chaque fois, cela peut être à double tranchant. C’est-à-dire que si les titres sont accrocheurs et bénéficient d’une bonne ambiance cohérente avec l’image du groupe, on va se régaler, mais si on reste dans une démonstration technique, on risque vite de se faire chier. Et force est de constater que pour cet album studio, on a le cul entre deux chaises. Le skeud n’est pas déplaisant, loin de là, il contient de très bons moments et une atmosphère particulière, mais il est bien trop long pour ce qu’il raconte et manque cruellement d’émotions, ou tout du moins de morceaux qui ont de l’impact.

Après Persecution, une introduction basique, le groupe propose The Hammer of Witches, un excellent titre ultra nerveux, qui va chercher ses racines dans un Heavy’n’Power bien senti et puissant. Si on est loin de l’image vendu par le groupe, à savoir de l’Epic Doom, on reste tout de même charmé par cette proposition. Lamenting of the Innocent ira d’ailleurs plus dans ce registre avec de gros riffs bien lourds et une rythmique plus lente. Cependant, il ne sera pas exempt de reproches, notamment à cause d’un refrain trop timide, et d’une technique qui peine à rester dans les esprits. Et pour un titre qui dure plus de sept minutes, ça la fout mal. Heureusement pour nous, les passages en growl, trop rares, relèvent bien le niveau. Mais le morceau est l’un des exemples les plus flagrants des scories de cet album, trop long et pas assez percutant.

Institoris sera mieux, notamment parce qu’il ne dépasse pas les cinq minutes et file droit au but. Certes, on aurait aimé plus de rugosité dans le chant et dans les riffs, mais il y a une belle noirceur qui s’échappe de ce titre, ce qui fait que l’on prend du plaisir à l’écouter. Where Spirits Die marquera un peu moins, alors que dans sa rythmique, on est clairement dans du Doom. Cependant, les riffs sont trop timides pour marquer, et on sent que le groupe lorgne vers un Power un peu trop synthétique. C’est dommage, car même si ce n’est pas mal fichu, on reste face à quelque chose d’assez transparent et qui ne nous touche pas. Même Delivrance, qui est pourtant un titre acoustique faisant office de ballade, n’arrive pas à nous prendre aux tripes. Pourtant, tous les éléments sont réunis, mais rien n’y fait.

Age of the Damned sera dans le même moule que les titres précédents, c’est-à-dire avec un gros riff bien lourd, mais un chant clair qui manque de personnalité et des moments épiques qui sont presque aux abonnés absents. Et le refrain manque de rage et d’envie d’en découdre. Quant à Condemned, il aura beau jouer des cloches et de son ambiance lugubre, presque satanique, on reste dans une attente pénible que le titre déroule pleinement. Dance With the Devil sera un peu mieux, notamment de par son côté Power. Les riffs dans les couplets sont bons, tout comme les chœurs, mais le refrain pêche par un mid-tempo assez désagréable. Et enfin, Path to Perdition tente la conclusion épique, avec notamment un démarrage avec un beau solo, mais malheureusement, comme pour quasiment tous les autres morceaux, ça ne marche qu’à moitié.  

Au final, Lamenting of the Innocent, le troisième album de Sorcerer, n’est pas un mauvais effort en soi. Il comporte de bons morceaux, complexes et savamment construits, mais le groupe semble avoir oublié l’efficacité et la brutalité. On reste dans un Doom trop timide qui n’arrive pas à tenir son ambiance sur la durée et ne propose finalement pas de réelle innovation. En bref, un bon album, mais qui ne touche pas et reste un peu dans le tout-venant du genre.

  • Percution (Intro)
  • The Hammer of Witches
  • Lamenting of the Innocent
  • Institoris
  • Where Spirits Die
  • Delivrance
  • Age of the Damned
  • Condemned
  • Dance With the Devil
  • Path to Perdition

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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