avril 29, 2024

Cœurs Perdus en Atlantide – Stephen King

Auteur : Stephen King

Editeur : Le Livre de Poche

Genre : Drame, Fantastique

Résumé :

1960 : Enfant triste et rêveur, entre un père disparu et une mère en proie à des soucis d’argent, Bobby fait la connaissance d’un étrange voisin, qui se dit traqué par de mystérieuses crapules en manteau jaune.
1966 : A l’université, Pete mène joyeuse vie entre la musique, la contestation et les parties de cartes, sur fond de guerre au Vietnam. 1983 : Willie, vétéran de la guerre, gagne sa vie en jouant les aveugles, une cécité qui est aussi une forme de provocation.
Des destins différents qui se croisent autour d’une femme, Carol. Tous l’ont aimée. Bobby la retrouvera.

Avis :

Quand on évoque Stephen King, la première chose qui vient en tête, ce sont ses récits d’horreur. Carrie, Ça, Cujo, Christine, autant de romans qui sont devenus cultes de par leur qualité, certes, mais aussi par des adaptations cinématographiques qui furent réussies. Sauf que réduire Stephen King à l’horreur, c’est se fourrer le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Car oui, l’écrivain n’a pas fait que ça, s’essayant, au cours de sa carrière très prolifique, à quasiment tous les genres. La science-fiction via Les Tommyknockers, le drame fantastique avec La Ligne Verte ou encore le roman policier avec Blaze ou Chantier. Bref, l’auteur est une mine qui semble inépuisable, et Cœurs Perdus en Atlantide a une aura assez particulière, puisqu’il s’agit d’un roman choral dans lequel on retrouve tous les thèmes de prédilection de l’écrivain, tout en arpentant le chemin escarpé de la guerre du Vietnam.

Le premier segment concerne Bobby, un jeune enfant assez heureux, qui vit seul avec sa mère et coule des jours plus ou moins paisibles. Encore faut-il que sa mère ne soit pas une radine qui dégobille constamment sur le père de Bobby, décédé. Un beau jour, un vieil homme du nom de Ted aménage dans l’appartement au-dessus de celui de Bobby, et entre les deux personnages, c’est le coup de foudre amical. Ted ouvre Bobby à la lecture de grands classiques, tandis que Bobby rend service à Ted en ouvrant l’œil dans le quartier, car il est inquiet concernant de mystérieuses crapules. Avec ce segment, Stephen King embrasse ses thèmes adorés, avec la jeunesse, les relations paternelles retrouvés et les maternelles conflictuelles, les groupes d’enfants qui évoluent plus ou moins ensemble, bref on sait que l’on est sur du King.

Si ce premier chapitre est assez long, il prend le temps d’installer plusieurs personnages qui reviendront par la suite, dont Bobby, mais surtout Carol Gerber, c’est jeune fille qui va traverser toutes les époques du roman. Au-delà de cette histoire d’amour paternel, l’écrivain arrive à relier cela à son Jupiter, La Tour Sombre. Petit à petit, un mal insidieux s’immisce dans l’histoire et va prendre de plus en plus d’ampleur, jusqu’à un final déchirant qui démontre les talents de l’écrivain, arrivant à relier cela à un autre récit, donnant alors une épaisseur conséquente à toute sa bibliographie.

Le deuxième segment prend place six ans plus tard, et la narration va changer. Ici, la première personne remplace la troisième, et c’est Pete Riley qui raconte l’une de ses années à l’université, où il va petit à petit laisser tomber les études pour jouer aux cartes. Le fantôme de la guerre du Vietnam plane alors sur le campus, puisque les mauvais élèves sont envoyés au front, et il faut à tout prix réussir pour ne pas risquer de mourir dans un conflit que personne ne comprend. L’auteur y évoque aussi l’arrivée du signe de la paix, et des première émeutes pacifistes qui feront couler de l’encre et créeront une distance entre les soldats qui se battent pour leur pays, et les pacifistes qui veulent le retrait des troupes.

Là encore, le récit est très riche, que ce soit en personnages, ou en descriptions, mais l’écrivain y évoque une belle jeunesse, un peu insouciante, qui se prend d’addiction pour un jeu tout bête, le chasse-cœur, créant une distance entre ce loisir amusant et cette guerre si criminelle. Carol transparait alors dans cette histoire comme l’amante de Pete, et devenant petit à petit une militante pacifiste. Le segment est touchant, mais il pose aussi les bases du futur de certains jeunes, qui devront alors s’engager et se faire détruire par un conflit qui dépasse l’entendement. En ce sens, Cœurs Perdus en Atlantide prend tout son sens avec cette histoire, évoquant déjà la peur de la guerre, et les traumas qu’elle laisse, même pour ceux qui ne sont pas au front.

Le troisième segment est beaucoup plus court, et il concerne Willie, qui a connu Bobby et Carol durant leur jeunesse, et qui est revenu du Vietnam avec un syndrome post-traumatique incurable. L’homme part pour faire un travail fictif, et se grime en aveugle ayant fait la guerre afin de récolter des pièces pour les églises. Le récit est assez répétitif dans la description d’une scène de guerre en particulier, que l’on va se refader par la suite avec Sully-John, ami d’enfance de Bobby qui se rend à l’enterrement d’un vétéran. Là encore, les connexions entre les chapitres se font, même si l’on est à côté de personnages différents, mais on sent que l’auteur est dans la redite, et c’est un peu dommage. Néanmoins, il fait intervenir un trauma horrifique, en la présence d’un fantôme, et d’une hallucination très cinégique. Reste ensuite le final, plutôt touchant, mais attendu.

Au final, Cœurs Perdus en Atlantide reste un Stephen King à part, même si on savait que l’auteur pouvait nous toucher au plus profond. Récit profondément anti-guerre, on sent que l’auteur en a gros sur la patate lorsqu’il attaque l’écriture, qui s’étiole par moment à cause de sa longueur, mais qui reste tout de même addictif de par tous les thèmes brassés, allant de l’enfance à la nostalgie, en passant par les traumas de la guerre et les aspects fantastiques qui peuvent en découler. Bref, il s’agit-là d’un excellent roman, qui n’est pas horrifique, quoi que…

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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