avril 27, 2024

Antigang – La Relève

De : Benjamin Rocher

Avec Alban Lenoir, Cassiopée Mayance, Sofia Essaïdi, Jean Reno

Année : 2023

Pays : France

Genre : Action, Comédie

Résumé :

Ancienne légende de la brigade Antigang connue pour ses méthodes musclées et peu conventionnelles, Niels Cartier, a quitté la police à la suite d’une intervention qui a mal tourné et conduit au décès de sa femme. Quand le gang de braqueurs responsable de sa mort réapparait huit ans plus tard, Niels ne laisse personne se mettre en travers de son chemin pour obtenir vengeance. Quitte à devoir former malgré lui un duo explosif avec sa fille de 14 ans, au tempérament bien trempé…

Avis :

Sorti au cinéma en 2015, Antigang fut une sorte de succès surprise pour Benjamin Rocher et son équipe. En effet, remake du film britannique The Sweeney, la version française va faire plus de 388 000 entrées, en se trainant avec lui des critiques plutôt positives. Il faut dire que les films d’action se font rares dans notre pays, alors que l’on a les réalisateurs et les acteurs qui sont capables de concurrencer les américains. De ce fait, quand il y en a un qui sort du lot, on a tendance à l’encenser. Et il n’en fallait pas plus pour qu’une idée de suite voit le jour. Seulement, le sort de cet opus suivant ne sera pas le même que son aîné, puisqu’Antigang : la Relève va sortir directement sur Disney+, et sera alors privé de salles de cinéma. Un sort plus ou moins funeste qui peut être de mauvais augure.

En effet, lorsque des distributeurs refusent de sortir un film en salle, cela signifie qu’ils ont peur de ne pas faire assez d’entrées. Soit parce que le film est trop confidentiel, et ne génère pas assez d’enthousiasme. Soit parce que le film n’a pas bonne presse, et s’avère être un navet, ou tout du moins un film transparent, qui serait un flop. Pour le cas de cette suite, on se pose encore la question. Parce que clairement, le film n’est pas mauvais. Ce n’est pas un excellent film qui restera dans les annales du septième art, mais c’est un long-métrage honorable, qui essaye d’allier la comédie avec l’action. De plus, le film est porté par un casting alléchant, notamment avec Alban Lenoir, la star montante du cinéma d’action français, et un Jean Reno qui se fait de plus en plus rare. Alors pourquoi cette privation ? La question reste ouverte.

« Le pitch est simple, et vise vraiment l’efficacité. »

Quoi qu’il en soit, le film est désormais visible via Disney+, et il se pose comme une suite directe au premier film, mais huit ans plus tard. On va y suivre Niels Cartier, qui est devenu professeur d’auto-école suite au décès de sa femme lors d’une opération plus ou moins clandestine pour arrêter un gang de terroristes. Sauf que huit ans plus tard, Niels découvre que le gang est de retour, cette fois-ci à Paris, et qu’il semble préparer un coup. Avec sa fille, rebelle dans l’âme, et son ancienne équipe, il va devoir convaincre les autorités qu’un vilain coup se prépare quelque part. Le pitch est simple, et vise vraiment l’efficacité. C’est-à-dire qu’il ne faut pas vraiment chercher du fond au sein du scénario, même si on aura quelques pistes relationnelles entre père et fille qui donneront un peu de grain à moudre à l’ensemble.

Cependant, on va vite se rendre compte que ce second opus est moins axé « action » que son aîné. En effet, hormis une scène d’ouverture qui donne le ton, la suite du film va mettre du temps à se mettre en place. On aura droit à un Niels un peu paumé avec sa fille, qui tente de changer de vie, mais dont le passé va resurgir de façon abrupte. Dès lors, on aura beaucoup de présentations de personnages et de réunions avec les anciens, qui ont aussi changé de vie après la dissolution du groupe antigang. Le film va piétiner un long moment avant de vraiment rentrer dans le vif du sujet, à savoir une fille qui veut libérer son terroriste de père. Et c’est dommage, parce que le long-métrage perd en énergie et en efficacité. Certes, on voit la volonté de placer une double relation compliquée père/fille, mais cela ne marche qu’à moitié.

« Niveau action, Benjamin Rocher tient bien sa barque. »

De plus, si on met de côté la partie action, le film s’embourbe avec un personnage insupportable, celui de la fille d’Alban Lenoir. On a droit à une adolescente menteuse, voleuse, effrontée, et qui ne s’arrête jamais. Si Cassiopée Mayance n’est pas une mauvaise actrice, son personnage est une véritable tête à claques. On est constamment sur un rapport conflictuel avec son père, et c’est très fatiguant à la longue, en plus de ne pas vraiment être crédible. C’est-à-dire qu’en plus d’être grande gueule, tout lui réussi, et elle ne sera quasiment jamais en danger, comme si son attitude était finalement bénéfique. Alors oui, cela emmène des situations drôles (et parfois grotesques) qui plairont à un public plutôt jeune, mais ça dédramatise le côté action avec de vilains terroristes qui n’hésitent pas à tirer sur des flics et véhicules blindés.

Et c’est dommage parce que niveau action, Benjamin Rocher tient bien sa barque et donne un dernier tiers fort sympathique qui fait plaisir à voir dans le cinéma français. Ce n’est pas non plus la panacée, mais l’assaut du véhicule blindé ainsi que la séquence dans l’hôpital sont de bons moments de bravoure, avec des idées agréables de mise en scène. On pourrait parfois reprocher un montage trop « cuté » sur les séquences de corps à corps, mais à la rigueur, cela donne un vrai dynamisme à l’ensemble. Le seul vrai calvaire consiste à dire des blagues dans des moments qui ne s’y prêtent pas, comme lors de la scène finale, où il est question de sauver la fille du héros. Le côté comédie prend trop le pas sur l’aspect action, ce qu’il y avait beaucoup moins lors du précédent opus, qui était mieux.

Au final, Antigang – la Relève est une suite sympathique, mais qui ne trouve pas vraiment le bon équilibre entre la comédie et l’action. Ici, la volonté de se faire drôle prend trop le pas sur le reste, avec parfois un humour douteux et bien trop enfantin. Si l’idée de la relation conflictuelle entre un père endeuillé et une fille rebelle et en colère est bonne, elle prend trop de place au sein du récit qui perd en dynamisme et percussion. Il n’en demeure pas moins que le film de Benjamin Rocher reste un bon divertissement, mais qui ne restera pas longtemps dans les mémoires.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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