avril 27, 2024

Polaroid

De : Lars Klevberg

Avec Kathryn Prescott, Tyler Young, Katie Stevens, Javier Botet

Année : 2019

Pays : Etats-Unis, Norvège

Genre : Horreur

Résumé :

Après avoir réalisé des photos avec un vieux polaroïd qu’elle a trouvé, Bird Fitcher se rend rapidement compte que quelque chose cloche… En effet, les personnes sur les clichés semblent toutes rencontrer un destin funeste.

Avis :

Il arrive que certains courts-métrages horrifiques plaisent à des producteurs, et donnent alors leur aval pour en faire des longs. L’exemple le plus connu est peut-être celui de Dans le Noir de David F. Sandberg, qui est passé du court au long, étirant alors son histoire de fantôme qui vit dans les ombres sur plus d’une heure et demie. On peut aussi citer Saw de James Wan, qui a connu le même destin. Mais si l’on oublie ce dernier, on est souvent déçu par le passage au long, qui force tous les traits du court, et dilue alors son horreur. Ce sera le cas avec Polaroid de Lars Klevberg. Le réalisateur norvégien a eu l’idée d’un appareil photo maudit, et comme son court-métrage a plu, il est parti aux States pour le transformer en long, et susciter alors un engouement tout timide, le film ne connaissant jamais les salles obscures.

Pour dire, il sera disponible en France quasiment un an après sa sortie aux Etats-Unis, et uniquement sur la plateforme de Canal+. Un sort que l’on pourrait qualifier d’injuste, et qui limite grandement sa visibilité, mais est-ce un mal ? La question se pose dès lors que des distributeurs ne veulent pas de ce film, au point de le glisser cahin-caha sur une plateforme de streaming. Pour autant, Polaroid n’est pas vraiment un film ignoble, voire irregardable. Au contraire, si l’on s’intéresse de près au cinéma d’horreur, on connait tous les DTV bien pourris qui peuvent sortir en masse, et qui tiennent presque lieu de film amateur. Or, le film de Lars Klevberg bénéficie d’une bonne mise en scène et d’une production qui tient la route. Dans les faits, il fait vrai film taillé pour le cinéma et pas pour un marché de collectionneurs un peu bizarres.

« Le film de Lars Klevberg pêche surtout par son scénario qui n’a pas une once d’originalité. »

Malheureusement pour nous, Polaroid pêche par autre chose que sa mise en scène, qui reste tout de même trop classique et ne marque pas vraiment la rétine. Même la photographie reste terne, ne s’appuyant jamais sur les tons sépia que peuvent avoir les clichés d’un vieil appareil photo et lorgnant plutôt sur des couleurs fades et tristes, à l’image de l’hiver sans fin qui semble entourer le film. Bref, au-delà d’une réalisation classique et sans imagination, le film de Lars Klevberg pêche surtout par son scénario qui n’a pas une once d’originalité. Ici, on va suivre une jeune fille qui va se faire offrir un vieil appareil photo, et lorsqu’elle prend des photos avec, les gens pris en photo meurent quelque temps plus tard. Un schéma narratif que l’on connait par cœur, et qui joue encore sur un énième objet hanté.

Après les voitures, les boîtes de vœux, les miroirs ou encore les tableaux, on se retrouve ici avec un appareil photo qui possède un lourd passé, et qui semble avoir en son sein un monstre assez revanchard. Le scénario de remonter alors cette histoire, tout en faisant des victimes au fur et à mesure de l’enquête. On va alors y découvrir une bande de jeunes sacrifiables, ainsi qu’une héroïne qui possède un passé assez lourd, où elle a perdu son père dans un accident. Bref, rien de bien nouveau, et encore une fois, entre la hantise qui ne décèle aucune nouveauté, et les personnages qui sont écrits à la truelle, on n’a pas de quoi se pavaner devant un tel film. On aura même droit aux clichés, entre l’héroïne mignonne mais mal dans sa peau, le couple un peu pénible, la meilleure amie dynamique ou encore le brun mystérieux.

« On est vraiment face à un film d’horreur pour ados néophytes dans le genre. »

On aurait alors pu espérer des thèmes assez intéressants, que ce soit autour de l’art, ou encore sur le passif de ce fantôme assez violent, mais même si on flirte avec des sujets intéressants, comme le harcèlement scolaire ou l’inceste, le film les aborde bien trop tard, et ne fait que survoler ces sujets. De plus, sur les révélations finales, le scénario essaye de se jouer de nous, nous opposant deux visions qui se contredisent, pour finalement aller vers celle qui a le moins de sens. Clairement, Polaroid aurait pu être un pamphlet contre le harcèlement scolaire, mais il va en faire un point d’appui mensonger pour mettre en avant un père abusif et violent. C’est dommage, on tombe sur un schéma classique qui, en plus, rend l’antagoniste peu passionnant. Et déjà que du point de vue de l’horreur, ce n’est pas la panacée…

Car oui, si Polaroid peut, à la rigueur, être sympathique à regarder, il n’en demeure pas moins que la peur n’est jamais au rendez-vous. Et si c’est d’une part, la faute à des personnages dont on se fout éperdument, c’est aussi à cause de situations grotesques qui ne suscitent qu’un frémissement de sourcil. Les effets de peur sont éculés, avec des jumpscares sans intérêt, et surtout, il n’y a aucun moment gore, alors même que certaines situations l’exigent. Comme, par exemple, ce pauvre type qui se fait déchirer en deux sans émettre la moindre goutte de sang. Et la plupart des meurtres se déroulent hors champ, ce qui fait que le film de Lars Klevberg ne peut même pas prétendre à être un petit peu sensationnel. On est vraiment face à un film d’horreur pour ados néophytes dans le genre.

Au final, Polaroid est un film d’horreur qui est raté dans ses fondamentaux. Avec des personnages creux auxquels on ne s’intéresse jamais, des situations horrifiques vues et revues et un antagoniste qui n’a aucun charisme, le film de Lars Klevberg ne passionne pas vraiment et rentre dans cette catégorie de film d’horreur à destination des ados qui n’ont aucune expérience en la matière. Et si le film peut se sauver grâce à sa mise en scène proprette et sa production qui semble avoir mis quelques piécettes, pour le reste, on n’est pas dupe, et tout cela est bien trop timide pour convaincre…

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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