avril 28, 2024

Fading Aeon – A Warrior’s Tale

Avis :

S’il y a bien un genre qui demeure difficile à maîtriser, c’est le Death mélodique, avec une pointe de Doom. Pour cela, il faut avoir les reins solides, car c’est un genre très peu répandu, et qui ne se vend pas forcément partout. Il faut cibler le bon public niche, et surtout, il faut avoir une production costaude pour pouvoir atteindre des objectifs grandiloquents. Alors forcément, quand ça vient d’Allemagne, que c’est indépendant, et que ça ne fournit qu’un album avec cinq titres, on part non pas avec des papillons dans le ventre, mais plutôt des araignées dans les oreilles. Fading Aeon est un jeune groupe, fondé en 2014 en Bavière, et A Warrior’s Tale est leur premier album, autoproduit. Le groupe joue la carte d’un Death mélodique épique, avec de longs titres qui avoisinent souvent les dix minutes. Un choix périlleux, mais qui peut être payant.

Ce qui est très intéressant avec ce genre de groupe, c’est qu’il n’a peur de rien. Faire de longs morceaux qui s’éloignent du carcan radiophonique, ne faire que du growl, jouer la carte de la narration d’une histoire dans un monde nouveau, c’est tout ce qu’il y a là-dedans et on ne peut que féliciter le groupe de prendre autant de risques dès leur premier effort. Fear my Name, le premier titre de cet album, démontre toutes les envies de la formation. C’est grandiloquent, avec une belle orchestration en arrière-plan, c’est très technique avec un jeu de guitare relativement rapide, et surtout, c’est épique et baroque avec un growl sourd et parfaitement maîtrisé. Mieux, le groupe propose un break éthéré qui permet de se poser, pour mieux repartir par la suite. On sent une réelle maîtrise et une générosité sans faille.

Très clairement, Fading Aeon est une surprise assez inattendue, car pour de l’indépendant, c’est vraiment très bien fichu et ça marche plein pot. Si on pourrait regretter une voix un peu en retrait, ça reste aussi une belle note d’intention, qui permet aussi aux instruments d’exister. La preuve avec Tonight We Will Rise, qui bénéficie d’effets mélodiques en arrière-plan qui s’incruste parfaitement à cette voix gutturale. Si le titre est plus court que les autres (on est quand même sur plus de six minutes), il n’en demeure pas moins percutant et plus rythmé que les autres. On sent que le groupe veut faire de l’épique, et il y parvient sans aucun mal. Encore une fois, on retrouvera une partition plus calme en guise de break, permettant alors de peaufiner une ambiance particulière, assez sombre, mais qui correspond parfaitement à l’image du groupe.

One Last Farewell va être l’un des deux morceaux fleuves de l’album, dépassant allègrement les neuf minutes. Ici, les guitares vont prendre une place très importante, jouant sur deux riffs différents, l’un assez lourd, et l’autre plus aérien, prenant plus de place en arrière. Il en résulte un morceau fort, maîtrisé du début à la fin, et qui n’ennuie pas un seul instant. L’ajout de violons renforce bien entendu une ambiance mélodique qui sied à merveille à ce Death qui n’est pas trop virulent. En fait, Fading Aeon pourrait être une excellente porte d’entrée dans le monde du Death mélodique, puisqu’il arrive à faire quelque chose de percutant, tout en restant très accessible. Et ce n’est pas Beyond the Veil et sa jolie mélodie d’introduction qui viendra confirmer le contraire. Le groupe trouve-là un bel équilibre entre douceur et violence.

Néanmoins, le seul petit bémol que l’on peut apporter à l’ensemble, c’est que la production est parfois un poil légère. Encore une fois, on sent que c’est indépendant, car même s’il y a de gros efforts autour de l’orchestration et de la technique, on reste sur un enregistrement qui tire parfois un peu sur la corde. Fort heureusement, The Journey Ends viendra taper du poing une dernière fois, avec sa batterie qui va prendre aux tripes et sa petite mélodique qui fait presque penser à du Power. Mais rapidement, entre le growl du chanteur et les riffs de gratte, on se retrouve plongé dans un univers purement Death. Le titre est une belle réussite qui donne bien évidemment de repartir pour un nouveau voyage dans ces contrées étranges et glauques.

Au final, A Warrior’s Tale, le premier album de Fading Aeon, est une surprenant réussite, malgré quelques écueils que l’on peut retrouver dans tout premier album. Car malgré un enregistrement qui est parfois inégal, on ne peut qu’adhérer à toute cette technique déployée pour fournir un Death mélo du plus bel effet, qui nous cueille tout au long de ces cinq pistes, pour ne quasiment jamais nous lâcher. Bref, une sacrée surprise et un groupe à suivre de très près pour les amateurs du genre.

  • Fear my Name
  • Tonight We Will Rise
  • One Last Farewell
  • Beyond the Veil
  • The Journey Ends

Note : 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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