avril 28, 2024

Susu

De : Yixi Sun

Avec Zitong Wu, Zhu Lin, Frederik Szkoda, Laura June Hudson

Année : 2017

Pays : Angleterre

Genre : Horreur

Résumé :

Lorsque deux jeunes femmes venues traduire de vieux films dans un manoir percent le mystère de la mort d’une star de l’opéra chinois, l’étau se referme peu à peu sur elles.

Avis :

Hormis quelques présentations dans divers festivals, certains métrages ne profitent d’aucune promotion ni publicité. Cela ne tient pas forcément à une volonté des producteurs. À l’image de la distribution, il est plutôt question de moyens limités. Cela sans compter sur une cible éphémère et un public de niche pour visionner des projets indépendants. Aussi, Susu semble s’inscrire dans ce registre. Un film qui ne paie pas de mine, tant dans ses intentions, sa mise en scène ou son intrigue. Yixi Sun, dont il s’agit ici de la première réalisation, entremêle des influences propres à la culture chinoise dans un cadre britannique. Et ce n’est pas la seule singularité pour s’insinuer dans de nombreux genres…

Les prémices de l’histoire s’ancrent dans une aura de mystère où l’on entrevoit le passé tourmenté des lieux. Bien vite, ces mêmes évènements suggèrent une malédiction, à tout le moins une hantise. À plusieurs reprises, le récit amorce une incursion latente dans les affres du paranormal, ne serait-ce qu’à travers l’aspect glauque de cette maison de campagne. Au-delà de sa structure labyrinthique, on songe aussi à ces pièces surchargées et, surtout, à ces anciens films, prétexte à la venue des deux protagonistes. Bien que classique et convenue, la base de Susu reste intrigante. Preuve en est avec cette obsession manifeste pour la défunte femme.

« Malgré un début sibyllin, on s’empêtre dans un récit ennuyeux, vide de sens et d’enjeux. »

Cette dernière constitue le véritable objet de hantise de la demeure. Sans pour autant atteindre son niveau d’excellence, sa présence palpable n’est pas sans rappeler Rebecca d’Alfred Hitchcock. Sur fond de regrets et de remords, le quotidien de la maisonnée gravite autour de Susu. De prime abord, on a l’impression d’assister à un bel exercice psychologique afin de mettre en condition le spectateur et resserrer le piège sur les intéressées. Cependant, on se rend vite compte que ces ambitions s’apparentent à un camouflet prompt à dissimuler des errances narratives qui vont en s’accentuant. Malgré un début sibyllin, on s’empêtre dans un récit ennuyeux, vide de sens et d’enjeux.

L’enchaînement des séquences trahit la vacuité de l’entreprise. Quel que soit le registre dans lequel il s’essaye, Susu reste plat et fade. La connotation dramatique n’offre aucune émotion. Quant à l’aspect surnaturel, les mécaniques usent et abusent d’incursions cauchemardesques où le réveil vient conclure lesdites confrontations ou épreuves. De même, la dangerosité de certains intervenants tient à quelques œillades de mauvais augure, une insistance manifeste ou à de rares élans de violence où le scénario lorgne vers le thriller psychologique. Là encore, on songe à un autre classique d’Hitchcock. En l’occurrence, Psychose.

« Susu s’avance comme une production anecdotique. « 

Ici, on assiste à une pâle resucée de l’obsession œdipienne de la mère avec un Norman Bates de pacotilles. Les victimes trouvent un écho physique ou comportemental avec la figure maternelle. Cela sans compter sur les traumas familiaux qui minent les autres membres. Par ailleurs, certaines révélations se devinent dès la première rencontre. En parallèle, une énième inconstance du présent métrage est de pâtir d’un éclairage misérable. Entre des problèmes d’étalonnage ou des projecteurs qui illuminent les pièces, comme en plein jour, il n’y a aucune gestion du temps, ainsi que de la succession jour/nuit. À la rigueur, certains passages diurnes sont plus sombres que les incursions nocturnes elles-mêmes.

Au final, Susu s’avance comme une production anecdotique. En dépit d’une entame intrigante, le métrage de Yixi Sun s’avère aussi ennuyeux que paresseux. Entre le thriller psychologique et l’horreur, l’histoire multiplie les maladresses et les séquences inutiles pour fournir un effort poussif. Le mystère initial s’évente vite, tandis que l’idée des anciens films n’est guère exploitée. Ce qui aurait pu amener à des découvertes progressives, en marge de phénomènes rationnels. L’aspect surnaturel s’oublie également pour se cantonner à quelques exactions psychopathiques. Pour autant, le désintérêt s’est déjà installé depuis bien longtemps et ne surprend même pas lorsqu’un ultime retournement de situation vient contredire les propos avancés jusqu’alors. Au même titre que le film : inutile et risible.

Note : 07/20

Par Dante

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.