mars 29, 2024

Alien, la Résurrection

Titre Original : Alien Resurrection

De : Jean-Pierre Jeunet

Avec Sigourney Weaver, Winona Ryder, Ron Perlman, Dominique Pinon

Année : 1997

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction, Horreur

Résumé :

Deux cents ans après la mort de l’officier Ripley, une équipe de généticiens ressuscite la jeune femme en croisant son ADN avec celui d’un Alien. Le cauchemar reprend. A bord de la station Auriga, Ripley donne naissance à un fils qui lui est aussitôt enlevé. Prisonnière, elle s’efforce de renouer avec son lointain passé humain. Bientôt un autre vaisseau rejoint l’Auriga. Parmi l’équipage composé de brutes et de mercenaires, Ripley découvre une belle jeune femme, Call, avec laquelle elle ne tarde pas à se lier d’amitié.

Avis :

A l’aube des années 90, la licence Alien continue son petit bonhomme de chemin avec le troisième opus signé David Fincher. Premier film d’un futur prodige du septième art, Alien 3 a des qualités comme il possède de nombreux défauts. Colère suite aux choix du studio, David Fincher ne souhaite plus entendre parler de ce film, et on peut comprendre pourquoi lorsque l’on voit la version cinéma, qui fait des ellipses temporelles impressionnantes et qui va bien trop vite dans les relations entre les personnages. Mais malgré tout, le film possède une certaine aura et surtout respecte une mythologie préétablie par Ridley Scott et James Cameron. C’est près de cinq ans plus tard qu’un quatrième épisode voit le jour, qui devait tout d’abord être réalisé par Danny Boyle. Déclinant le projet, c’est le français Jean-Pierre Jeunet qui prend le projet et on va vite sentir la patte de ce réalisateur qui possède un talent bien précis. Pour autant, est-ce que la vision de cet auteur va avec la saga Alien ?

Certains crieront au scandale, alors que d’autres vont trouver le film assez sympathique. Néanmoins, tout le monde est d’accord pour dire qu’il ne vaut absolument pas les deux premiers films. Cependant, et comme son aîné, le film possède aussi bien des défauts que des qualités, lui octroyant le statut de film hybride, entre l’action et l’horreur, entre la science-fiction et le film d’épouvante. Il faut dire que faire un quatrième épisode était couillu, vu la fin du troisième opus, mais il est vrai qu’en science-fiction, tout est permis, et les explications concernant le retour de Ripley sont finalement acceptables. Même si on peut trouver cela capillotracté, Jean-Pierre Jeunet va en profiter pour continuer sur le message démontrant que l’humanité importe peu aux grands pontes de l’armement, voulant à tout prix capturer des aliens pour en faire des armes. Un message qui existe depuis le premier épisode et qui continue à montrer que l’homme n’a que faire de ses semblables pourvu qu’il ait de l’argent. Mais ce n’est pas tout, puisque Jeunet va s’inspirer de Cronenberg pour peaufiner une ambiance étrange et hybride, avec notamment de nombreuses déformations corporelles. On retrouve cela dès le générique d’introduction, et au détour d’une séquence, le film part en film de monstre, les scientifiques s’amusant à jouer les docteur Frankenstein, afin d’approfondir le retour de Ripley et de lui donner une certaine dramaturgie.

Dans les grandes lignes, Jean-Pierre Jeunet respecte tout à fait la mythologie des xénomorphes, leur offrant une hiérarchie basée sur la reine et montrant des monstres dont le seul but est de tuer. Mais, encore une fois, le film ne sera pas vain, car il va essayer de prolonger le propos en mettant en avant une évolution de l’espèce (alors que Fincher n’avait fait que présenter une autre bestiole au déplacement plus animal), avec la présence d’un hybride qui sera un mélange étrange et dérangeant d’humanité et de monstruosité. La déformation prend une place importante dans ce film, allant jusqu’à un climax étrange avec Call, un androïde avec une mission spéciale. Le cinéaste ajoute à cela une teinte jaunâtre et marron à son film, lui donnant un certain aspect maladif, qui se marie parfaitement avec les mutations corporelles et ce vaisseau gigantesque qui semble être vivant lui aussi, dégoulinant et suintant par tous les tuyaux.

Du coup Alien, la Résurrection peut sembler réussi dans un premier tiers, mais malheureusement, il va se planter sur plusieurs points, dont le plus important, les personnages. Ellen Ripley est devenue une espèce de mutante avec un sang acide et même si Sigourney Weaver arrive à donner de l’éclat à son alter ego, elle en demeure monolithique et moins intéressante que précédemment. Moins intéressante car elle est moins dans l’émotion, moins dans la peur et cela enlève de l’intérêt au métrage. On ne craint pas pour elle. Seul son sentiment envers les aliens pour être bien vu, mettant en avant un sentiment de maternité, mais qui ne dure qu’un temps. Et les autres personnages ne seront pas en reste, puisqu’ils ne seront que des clichés sur pattes, lorgnant du côté du deuxième volet, mais sans la prestance et le cynisme des marines de James Cameron. Si le casting reste intéressant avec Ron Perlman, Gary Dourdan ou encore Winona Ryder, les personnages ne sont attachants, car dès le départ, on aura tendance à détester ces mercenaires qui ne vivent que pour l’argent et n’ont pas un réel sens de l’équipe. Quant aux scientifiques, là aussi on reste dans le cliché de base avec les méchants en blouse blanche qui martyrisent les aliens au début du film.

Enfin, le film possède un autre problème, et non des moindres, c’est l’équilibre entre action et moment plus tendus. On sent bien que Jean-Pierre Jeunet n’est pas à l’aise avec les phases d’action, les rendant brouillonnes (le combat entre trois aliens pour s’échapper est illisible) et seule la séquence sous l’eau s’avère incroyable, car on peut voir les bestioles dans un autre environnement et pour le coup, cette séquence est très stressante. Le problème, c’est qu’il y a beaucoup de palabres pour pas grand-chose et surtout, il y a certains moments qui ne servent absolument à rien. Même la séquence de fin s’avère bâclée, et même un poil irréaliste, lorsque le nouvel alien débarque dans le vaisseau de sauvetage. En fait, le film n’est pas ennuyeux pour autant, mais on ressent quelques flottements et c’est bien dommage, surtout que la sensation de peur n’est pas forcément présente, le réalisateur français préférant des effets gores plus accentués et des gros plans sanguinolents. C’est dommage, il aurait été préférable de jouer sur la tension et la suggestion, plutôt que sur un frontal qui ne fait pas d’effet.

Au final, Alien, la Résurrection n’est pas un mauvais film, même s’il fait partie des deux moins bons films de la saga. Jean-Pierre Jeunet y laisse tout de même sa patte et explore deux pistes intéressantes, à savoir la maternité de Ripley et la déformation corporelle, ce qui demeure assez intelligent, d’autant plus qu’il respecte parfaitement la mythologie de la licence. Il est juste dommage que la caractérisation des personnages soit si caricaturale et que le film manque d’équilibre entre l’action et les moments de frayeur.

Note : 14/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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