avril 20, 2024

Mutants

De : Amir Valinia

Avec Michael Ironside, Louis Herthum, Tony Senzamici, Steven Bauer

Année : 2008

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Le cupide Braylon détient la Just Rite Sugar Company, spécialisée dans la production de sucre. Il engage une scientifique à l’éthique douteuse, Sergei, pour expérimenter la création d’un nouveau sucre qui serait plus puissant que l’héroïne ou la nicotine dans le but de booster ses ventes.

Avis :

Certaines carrières d’acteur font l’objet d’une fascination morbide. C’est-à-dire que parfois, on s’amuse à regarder jusqu’à quelle profondeur un acteur célèbre peut sombrer au cours de sa carrière. Car si aujourd’hui des Bruce Willis ou des Nicolas Cage enchainent les navets voués au marché du DVD, d’autres acteurs semblent prendre un plaisir à mélanger les deux, le gros film et le tout petit film. Prenons par exemple Michael Ironside. Excellent acteur canadien, il commence sa carrière chez Cronenberg avec Scanners avant de partir dans la série V, puis s’envoler pour Tony Scott dans Top Gun. Une fois ceci fait, il va enchainer quelques nanars pour ensuite se faire plaisir sur Total Recall de Paul Verhoeven. Et si on regarde sa filmographie, c’est tout le temps comme cela. Un très bon film, puis une palanquée de films insipides. Et aujourd’hui, on va s’arrêter sur une daube infâme, un navet interstellaire, Mutants.

Le sucre, c’est mal

Bien évidemment, quand on se lance dans ce genre de film, on sait que l’on risque fort de tomber sur du très mauvais film. Le scénario de Mutants n’échappe pas à la règle. Nous allons suivre un magnat du sucre qui demande à des scientifiques de le modifier pour rendre les gens accros à sa marque. Manque de bol, les expérimentations tournent mal et les personnes à qui on a administré du sucre modifié se transforment en zombie pustuleux. Un père de famille est déterminé à retrouver son fils qui fut kidnappé par erreur par l’entreprise. Un mercenaire se fait payer par un ex-scientifique du groupe pour détruire ce laboratoire clandestin. Les deux types vont alors faire équipe. Voilà… Il n’y a pas grand-chose de plus à dire sur cette histoire rocambolesque et qui ne tient pas la route.

On va patauger dans la semoule durant une bonne heure, essayant vainement de poser une intrigue et des personnages, puis par la suite, on nous lâche dans un hangar. Le réalisateur, malgré toutes les bonnes intentions du monde, tente de donner de la profondeur à ses personnages. Ainsi donc, on aura droit à un père alcoolique qui est au bord du suicide avant que sa fille, qui a mené une longue enquête, découvre que son frère n’est pas mort. On aura aussi droit à un mercenaire qui va affronter un rival qui, visiblement, a des griefs contre lui pour une sombre histoire passée. Histoire dont on n’aura jamais entendu parler. Bref, c’est très bordélique, certaines séquences se répètent, comme la chasse au junkie, et surtout, ça traine en longueur. On retrouvera même quelques clichés insupportables, comme le scientifique d’Europe de l’Est, le riche homme d’affaires véreux, ou encore le chef des mercenaires qui se trouve une conscience sur la fin.

Mais qui filme là ?

Si on peut conchier sur le scénario qui n’a ni queue ni tête (même s’il veut tacler l’industrie du sucre et que ça ne marche jamais), ce n’est rien comparé à la réalisation. Et c’est là l’un des trucs les plus ahurissants que j’ai pu voir (pour le coup, j’utilise la première personne…). Mutants est un film fauché, mais d’une laideur sans nom. Tous les plans sont proches des visages. Il n’y a aucune distance de prise et le film ne s’aère jamais. Il n’y a pas de plans de coupe, pas de plans aériens, et on se retrouve constamment avec les gueules des acteurs en gros plan. Et si le film prend du recul, c’est pour filmer un endroit clos, où les acteurs commencent à jouer alors que la caméra tourne depuis un moment. On ressent un réel amateurisme dans ce projet. On ressent un manque de savoir-faire flagrant qui ne fait même pas rire. C’est-à-dire que là, on est proche d’un gros foutage de gueule.

Et c’est pareil pour les personnages, qui sont crétins, ou encore pour les situations qui sont complètement ubuesques. On passe plus de temps à attendre que la seule fille du film mène son enquête pour réveiller son père, plutôt qu’à voir des zombies/mutants (rayez la mention inutile) bouffer des personnes. Et quand l’action arrive, c’est à un quart d’heure de la fin, pour nous balancer trois gunfights dégueulasses dans un hangar désaffecté. Et là aussi, la réalisation va faire mal aux yeux. On se croirait dans un jeu vidéo des années 90 où tout se passe sur des rails. Un monstre apparait, une balle dans la tête, où qu’il soit. Seul réconfort, certains zombies font des bonds de dix mètres quand ils se font toucher. Mention spéciale à celui qui saute dans le sens opposé de l’impact. Même là, il n’y a rien à sauver.

Et que dire du duel final, qui oppose un Michael Ironside essoufflé à un autre mercenaire qui doit peser dans les 150kg. Non seulement c’est léthargique, mais en plus de ça, ça n’a aucun intérêt au sein de l’histoire et de manière visuelle. On va voir deux types se tourner autour, tirer quelques balles, pour finalement se terminer de façon sporadique. C’est moche que ça n’en peut plus… Et histoire de bien mettre la merde là-dedans, les effets spéciaux sont catastrophiques. A un tel point que l’on ne sait même pas ce que l’on regarde. Entre un mutant amorphe dans une prison et des flammes qui semblent sortir d’un jeu Nintendo 64, nos yeux se croisent pour ne plus jamais revenir à la normale.

Au final, Mutants fait partie de ces films qui n’ont aucun intérêt et dont la jaquette ment honteusement sur le produit. Long, sans intérêt, mal filmé, mal joué, doté d’un fond qui n’est jamais exploité, on se demande encore comment un tel film a pu voir le jour et comment Michael Ironside a accepté de jouer là-dedans. Ce film est une horreur, mais pas dans le bon sens du terme et même s’il n’a que douze ans d’âge, on a l’impression de voir un téléfilm des années 90…

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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