avril 27, 2024

Voraces

Auteurs : Christophe Bec et Stefano Landini

Editeur : Glénat

Genre : Horreur

Résumé :

New Dehli, Inde, 2025. Des hordes de zombies ont envahi la mégalopole, le gouvernement est retranché dans un bunker assiégé. Le seul espoir pour la population : un convoi humanitaire escorté par des militaires partis du Baluchistan pour les secourir. 1 350 kilomètres à parcourir. Le désert du Thar à traverser. Un seul poste de ravitaillement sécurisé. Et des nuées de Voraces à l’affût…

Avis :

Avec Flesh and Bones, les éditions Glénat développent une sorte de melting-pot horrifique dans le domaine de la bande dessinée. La collection se compose d’histoires indépendantes qui soufflent le chaud et le froid. À l’image de Placerville ou Le Signe, les incursions les plus intéressantes sont celles qui se départissent d’un aspect ultra-référentiel afin d’apporter un minimum d’originalité au genre. A contrario, les récits médiocres ou dispensables se focalisent sur un pseudo-hommage, tout juste capable d’exacerber les maladresses et défauts de leurs modèles respectifs. Preuve en est avec Blood Red Lake ou encore Sonar. Au regard de son sujet initial et de ses intentions, Voraces semble s’inscrire dans la seconde catégorie.

Maintes fois exploité, jusqu’à susciter de la lassitude, le mort-vivant est autant le symbole d’une apocalypse en devenir que d’une société déshumanisée. Depuis le travail de George A. Romero, le thème n’a eu de cesse d’inspirer de nombreux artistes et de gagner en popularité. En matière de comics, le dernier grand succès en date n’est autre que The Walking Dead. Au vu de tels précédents, on s’interroge sur la pertinence d’un one-shot tel que Voraces tant le pitch de départ n’évoque qu’une impression de déjà-vu, si ce n’est de recyclage. On a beau se projeter sur un avenir à court terme, soit 2025, le contexte se contente d’un développement basique et succinct.

Certes, il y a bien cette incursion en Inde, plus précisément à New Delhi, mais celle-ci demeure au stade de décor de fond. Là où on aurait apprécié un travail similaire aux films The Dead pour dynamiser le prétexte, on reste dans un environnement mal exploité, sauf pour amorcer des embuscades faciles à contourner. Mention spéciale à cette attaque provenant du lac où les soldats sont vites débordés et piégés par leurs propres véhicules. Au vu du nombre de zombies déferlant vers eux, il aurait suffi d’une fuite dans le désert pour minimiser les morts, au lieu de s’évertuer dans un combat perdu d’avance. Ce qui semble être un parallèle étonnant avec le projet artistique des auteurs.

Au-delà du fait que l’on aurait très bien pu transposer l’action dans un autre pays, tant l’identité visuelle est absente, l’intrigue amalgame un peu tout et n’importe quoi en matière de cadavres ambulants. On les assimile à des contaminés patauds avant de leur prêter une intelligence inattendue pour fomenter des attaques ou conduire des véhicules ! Selon les circonstances, leur comportement reste néanmoins inconstant et incohérent. En l’occurrence, on assiste à un piètre clin d’œil à Land of the Dead, sans pour autant être convaincu de cette capacité de réflexion surgie d’outre-tombe. De même, les soldats ne font pas immédiatement le rapprochement avec des zombies alors qu’ils en présentent toutes les spécificités. À se demander qu’elle est l’espèce douée d’intelligence !

Au demeurant, les protagonistes constituent un panel de clichés auxquels on prête peu d’attention. Là où la caractérisation aurait pu exacerber la tension de la situation, on ne s’intéresse guère à leur sort. Aucun personnage ne se démarque du lot, pas même la principale intervenante. Par ailleurs, au regard du dénouement, son discours est creux, dénué de sens. Cela sans oublier l’illogisme du procédé narratif dans de telles circonstances. Du reste, le rôle des fantassins ou des officiers se cantonne à des réactions standardisées et prévisibles. En fonction des individus, il en émane une incapacité à remettre en question le bien-fondé de leur mission ou à faire preuve de lâcheté, sans compter quelques relents héroïques vains.

Au final, Voraces s’avance comme une redite dispensable et brouillonne de la thématique du zombie. On assiste à un amalgame sommaire de plusieurs influences pour fournir une intrigue fade et banale, nantie de nombreuses invraisemblances. On déplore un cadre et un contexte guère développés, ainsi qu’une caractérisation caricaturale avec des personnages interchangeables. Leur perte ou leur abandon sur le champ de bataille suscite à peine de l’indifférence. Malgré des assauts récurrents, le récit présente une progression ennuyeuse, linéaire et prévisible. Il en ressort une histoire de morts-vivants sans la moindre originalité, noyée dans un florilège de stéréotypes et de clichés archaïques.

Note : 08/20

Par Dante

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