décembre 9, 2024

Phone Game

Titre Original : Phone Booth

De : Joel Schumacher

Avec Colin Farrell, Forest Whitaker, Katie Holmes, Radha Mitchell

Année : 2003

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Stu Shepard, un attaché de presse, passe devant une cabine publique. Le téléphone sonne, Stu répond à l’appel. Une voix qu’il ne connaît pas l’informe qu’il est mort s’il raccroche le combiné. Le point lumineux d’un rayon infrarouge sur son torse prouve que le mystérieux interlocuteur ne bluffe pas…
Un terrible incident ayant éclaté à quelques mètres de la cabine, la police arrive sur les lieux, flanquée de tireurs d’élite. Tous pensent que Stu, et non son invisible interlocuteur téléphonique, en est l’auteur. L’officier responsable, le capitaine Ramey, tente de convaincre Stu de sortir de la cabine…

Avis :

Faire un huis-clos est un pari risqué au cinéma, car il implique de rester au plus près du personnage et dans un seul lieu. Si le fait de faire de ce genre de film au cinéma n’est pas une nouveauté, avec notamment quelques thrillers bavards se déroulant dans une seule et même pièce, quelques cinéastes ont essayé de faire bouger les lignes du sous-genre avec ce que l’on pourrait appeler des films concepts. Buried en est l’exemple le plus flagrant, avec un homme enfermé dans un cercueil qui va lutter pour sa survie. Au début des années 2000, c’est feu Joel Schumacher qui se frotte au style avec Phone Game. Le principe est simple, un homme décroche un téléphone depuis l’unique cabine d’une rue fréquentée, et il se retrouve piégé avec un homme dangereux qui manie particulièrement bien le sniper.

L’intrigue est donc assez simple, et pourtant, le scénario, signé Larry Cohen, va être plus complexe qu’il n’y parait. En premier lieu parce que l’on va suivre Stu, un personnage de prime abord détestable, qui reflète une société de consommation frénétique et qui fait tout pour embobiner son monde et rayonner dans la grande pomme. Il va être tour à tour malpoli, irrespectueux, flagorneur, et semble se complaire dans une superficialité qu’il ne cache même pas et qui trompe son monde. Difficile de ressentir de l’empathie pour se type qui va même essayer de tromper sa femme avec une jeune première qui rêve de devenir actrice. Pourtant, l’histoire va nous amener à craindre pour cet homme qui va voir sa frénésie se retourner contre lui. C’est d’ailleurs l’un des points les plus intelligents du film de garder du mouvement constant autour d’un homme qui se retrouve immobile.

« Phone Game, sous ses apparences de petit film, cache une multitude de thèmes qui sont plutôt malins. »

Outre ce renversement de situation assez brutal, on va prendre un malin plaisir à suivre toutes les péripéties de ce pauvre bougre coincé par un psychopathe invisible, qui va lui faire vivre une misère. Molesté par des prostituées, puis par le maquereau, accusé de meurtre, puis mis en joue par une multitude de policiers, il devient dès lors une cible de choix pour les journalistes et les badauds. Le film joue alors sur l’image que l’on dégage, et sur le fait que malgré son apparence factice, personne ne connait Stu, et il se donnait un genre, restant malgré tout invisible. Le long-métrage joue sur l’image et sur la pseudo notoriété que l’on peut avoir, ainsi que sur les gens qui mangent dans la main des autres, dans le vain espoir d’avoir un peu de cette « notoriété ». Bref, le scénario joue sur les apparences.

Des apparences souvent trompeuses, et c’est ce que veut démontrer ce fameux tueur dont on n’entendra que la voix (celle de Kiefer Sutherland en l’occurrence). A travers ce huis-clos, le film veut mettre en avant un homme qui joue un rôle, et qui trompe tout le monde, même sa femme. Une femme à laquelle il reste fidèle physiquement, mais qu’il désire ardemment tromper avec une actrice en devenir. Les faux-semblants tombent devant tout le monde, et à quelque part, tout le monde va en prendre pour son grade, faisant ressortir les squelettes du placard. A titre d’exemple, le flic joué par Forest Whitaker possède des soucis amoureux, et cela et mis en exergue devant tout le monde. Ainsi donc, Phone Game, sous ses apparences de petit film (1h20) tout simple, cache une multitude de thèmes qui sont plutôt malins, même s’ils demeurent assez stéréotypés.

« Une mise en scène inventive et relativement maline. »

C’est peut-être là l’un des principaux défauts du film, qui ne va pas forcément plus loin que l’image d’un homme qui se retrouve piégé parce qu’il ment à tout le monde et fait du mal autour de lui. On aurait pu avoir une réelle réflexion autour des médias, de la surcharge des téléphones mobiles et des écrans, de l’image que renvoient les journaux, mais le film reste centré sur un personnage en particulier, et tout cela manque un peu d’ampleur. Une ampleur qui se retrouve compensée par une mise en scène inventive et relativement maline. Afin de ne pas rester immobile autour de cette cabine, on aura droit à des incrustations d’écrans, montrant les interlocuteurs et les évènements qui se passent autour de la cabine. Cela donne du dynamisme à l’histoire, ainsi qu’un mouvement constant, qui contraste avec l’unique lieu proposé.

Enfin, difficile de ne pas revenir sur la prestation sans faille de Colin Farrell. L’acteur, pénible au début, va petit à petit se transformer pour devenir une victime qui doit faire face à de nombreux démons. Il tient tout le film sur ses épaules et prouve qu’il est un grand acteur, capable de tout jouer. Si le casting est assez étoffé, avec Forest Whitaker en capitaine de police, Radha Mitchell en femme plus ou moins trompée, Katie Holmes en jeune première et Kiefer Sutherland en psychopathe, ils ne sont que des rôles secondaires qui ne font pas vraiment le poids face à l’acteur principal. Néanmoins, ils tiennent bien leurs rôles, et participent à la réussite de ce thriller psychologique en huis-clos.

Au final, Phone Game est un film réussi, alors même que son concept laissait craindre le pire. Doté d’une mise en scène ingénieuse qui se joue de l’immobilité du personnage central pour créer du mouvement tout autour, le fil jouit aussi d’une histoire solide qui tient la route. Si aujourd’hui, vingt ans plus tard, on peut trouver les thèmes un peu stéréotypés et sans grande surprise (un homme qui cache sa vraie nature aux yeux de ses proches), il n’en demeure pas moins qu’ils fonctionnent et permettent au film de ne pas tourner à vide. Bref, un huis-clos qui évite avec brio l’ennui.

Note : 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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