avril 26, 2024

Ghost Killers vs Bloody Mary

Titre Original : Exterminadores do Além Contra a Loira do Banheiro

De : Fabricio Bittar

Avec Danilo Gentili, Léo Lins, Murilo Couto, Dani Calabresa

Année : 2017

Pays : Brésil

Genre : Comédie, Horreur

Résumé :

Quatre losers ayant une expertise dans les événements surnaturels sur YouTube, essaient d’obtenir la reconnaissance du public tout en cherchant le scoop qui fera décoller leurs affaires. Bingo ! Ils viennent d’être contactés par une école qui souhaite se débarrasser d’un prétendu fantôme. Mauvaise pioche, le fantôme est particulièrement coriace, violent et vicelard.

Avis :

Le cinéma brésilien est assez connu dans le monde pour ses drames et ses films assez rêches, au concept étonnant. Il est bien difficile de ne pas nommer Bacurau et sa chasse à l’homme inhumaine avec Udo Kier. Pour autant, le Brésil a du mal à traverser les frontières, que ce soit pour les salles obscures ou les sorties directement en DVD. Tournée et produite en 2017 mais arrivée chez nous trois ans plus tard, Ghost Killers vs Bloody Mary est une comédie horrifique qui lorgne du côté de Shaun of the Dead pour la gaudriole, mais surtout de Tucker & Dale Fightent le Mal pour l’aspect gore. Un mélange qui aurait pu promettre un film décomplexé et marrant, mais qui va se prendre les pieds dans le tapis en allant trop loin sur certains moments, et pas assez sur d’autres. Bref, un film inégal, malgré de bonnes idées.

Le film débute avec une mauvaise blague dans un collège. Un gamin fait croire à l’autre qu’il a invoqué un fantôme et se fait passer pour mort. Sauf qu’il a vraiment invoqué le fantôme d’une petite fille cruelle, qui va semer la zizanie dans le collège. Après cette introduction banale, on va faire la connaissance avec une équipe de youtubeurs dont le crédo est de chasser les fantômes dans des lieux hantés. On comprend très vite que tout est une supercherie et les vues commencent à dangereusement baisser, ne rapportant plus d’argent au groupe. Le coup de fil du principal va alors tout changer, sauf que le groupe ne s’attendait pas à rencontrer un vrai fantôme très agressif. Bref, on est clairement sur un point de départ très calibré, avec une équipe de bras cassés aux prises avec un esprit tenace.

Et malheureusement, dans ses grandes lignes, le film ne va faire que ressasser des poncifs que l’on connait déjà par cœur. Ici, comme pour Shaun ou Tucker & Dale, on a droit à une bande de tocards, des loosers finis qui tentent de remonter la pente comme ils le peuvent. Les personnages sont vite caractérisés avec le leader qui est un peureux mais qui va tout faire pour les vues, celui qui invente des objets qui ne marchent jamais, la nana qui maîtrise l’ésotérisme et l’homme à tout faire qui voudrait bien intégrer l’équipe mais qui se fait rejeter sans arrêt. Ce quartet ne repose sur pas grand-chose et il se veut une parodie de SOS Fantômes sans jamais arriver à donner corps aux protagonistes. Pire, on ne ressentira aucune empathie envers ces opportunistes, ni même avec les personnages secondaires.

Car oui, le film va s’amuser, très brièvement, à mettre en place des personnages qui serviront de chair à canon. On aura donc droit au principal surexcité, à la vieille prof fatiguée, à la prof bombasse, au prof de sport blasé ou encore au jeune collégien intrépide. Sans compter sur un vigile qui ne pense qu’à bouffer et aller chier. Bref, un panel dont on se serait bien passer, et qui vont tous remplir des rôles précis pour ajouter quelques blagues de mauvais goût. Car c’est un problème récurent dans ce film, l’humour est très gras, et à quelques rares exceptions, il ne va jamais faire mouche. Si on n’est pas dans le scato, avec notamment un caca qui va attaquer une personne en plein visage, on est toujours à la limite du vulgaire et des vannes misogynes.

Il semblerait que le film soit incapable de proposer autre chose que des blagues sexistes, notamment lorsqu’il faut évoquer la vieille prof, qui va se faire niquer par le leader de l’équipe. Les dialogues sont sans filtre, et parfois, cela va trop loin, s’amusant avec la pédophilie, ce qui est très limite. On sent que les scénaristes ne se sont posés aucune limite, et si parfois c’est drôle, à d’autres moments, c’est très gênant. Et tout y passe, de la capote usagée collée sur le front d’un personnage à un fœtus qui va prendre vie pour twerker devant un chasseur de fantômes, lui soutirant alors un sourire. Il n’y a pas de juste équilibre dans le film, ce qui crée une dichotomie étrange. Et c’est dommage, parce qu’il y a quelques bonnes fulgurances par moment, mais c’est trop rare.

L’autre gros défaut du film provient essentiellement des acteurs, qui en font des caisses et des caisses. Si on navigue dans un gros délire dégueulasse, les acteurs ne font rien pour rendre cela un tantinet crédible. C’est-à-dire que le principal du collège est un hystérique fini, et l’acteur va gesticuler dans tous les sens pour se donner de la contenance. Il en va de même avec les chasseurs de fantômes, obligés de faire des mimiques toutes les deux secondes, dans l’espoir d’esquisser un sourire chez le spectateur. Malheureusement, tout cela concorde à rendre l’ensemble ridicule et pas du tout professionnel. Heureusement que le gore à outrance est présent et fait passer un peu mieux la pilule, mais c’est un moindre mal. Car là aussi, certains passages sont abusifs et sans intérêt. C’est généreux, mais c’est mal dosé.

On comprend les intentions du réalisateur, qui veut donner un aspect craspec à son film. Les références sont évidentes, allant de Shaun of the Dead à Braindead, mais tout cela manque de justesse et de finesse. Le film est d’ailleurs conscient de ses maladresses, puisqu’à certains moments, la narration brise le quatrième mur, et on entend un personnage qui estime que l’on aurait pu gagner vingt minutes de film si on l’avait écouté. Mais tous ces petits passages lucides ne suffisent pas à rendre le long-métrage tout au plus sympathique. D’autant que la réalisation manque d’ambition (le budget doit y être pour quelque chose) avec des plans parfois maladroits et un côté cheap qui ne s’assume pas vraiment. On a parfois la sensation de regarder une vidéo faite par un vidéaste amateur, avec des filtres de couleur un peu partout pour donner une ambiance anxiogène (dominance vert/bleu/rouge).

Au final, Ghost Killers vs Bloody Mary est une comédie horrifique qui aurait pu être drôle et sympathique si elle n’essayait pas d’en faire des caisses sans arrêt. Allant toujours plus loin dans le n’importe quoi et le gore gratis, le film se perd dans un déluge de débilités scatophiles et à la limite de la décence. Ajoutons à cela des personnages qui gesticulent dans tous les sens pour faire de l’humour et on obtient un long-métrage souvent pénible, parfois marrant, mais qui n’a pas grand-chose à raconter au final.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.