Auteurs : Ian Edginton et Davide Fabbri
Editeur : Panini Comics
Genre : Fantastique, Horreur
Résumé :
Un météore, tombé près de Londres en 1854, a réveillé les morts. Transformés en zombies, ceux qui dormaient jusqu’ici en paix deviennent avides de chair humaine. Vingt ans plus tard, les services secrets de Sa Majesté ont réussi à les maîtriser. Le calme est revenu. Mais pas pour longtemps. Un dénommé Moriarty a l’intention de se servir des morts-vivants pour renverser le gouvernement. Qui appelle-t-on à la rescousse dans ces cas-là ? Évidemment mon cher Watson ! On supplie Sherlock Holmes et son acolyte d’empêcher une catastrophe.
Avis :
Depuis son émergence dans les années 60 avec le film La Nuit des Morts-Vivants de George A. Romero, le zombie est devenu une figure massive de la Pop culture. A un tel point qu’on le retrouve dans les médiums culturels et sous toutes les formes. Au cinéma, bien entendu, mais aussi dans la littérature, à la télé, dans les jeux vidéo et autres jeux de société, sans compter sur la musique, où certains groupes s’amusent avec ce monstre. Bref, le mort-vivant est partout, et il s’est même mélangé avec d’autres figures célèbres de la littérature, en atteste ce Victorian Undead, crossover improbable entre Sherlock Holmes et les bouffeurs de cervelle.
Derrière cette idée saugrenue, qui comptera six volumes à partir de 2010, on retrouve le scénariste Ian Edginton. Le type est un adepte des comics issus de franchises cinématographiques, puisqu’on retrouve son nom sur des adaptations de Predator, Alien ou encore Evil Dead. On sent bien qu’il n’est pas forcément quelqu’un qui va écrire des choses fines, et clairement, ce Victorian Undead en est la preuve vivante (ou plutôt mort-vivante). En effet, ici, une comète tombe sur Londres, contaminant l’eau et transformant tout un quartier en zombies. Cinquante ans plus tard, alors que l’affaire fut étouffée par la couronne, Sherlock Holmes est amenée à enquêter sur une affaire de morsure et d’un type qui est revenu à la vie. Fourrant son nez là où il ne le faut pas vraiment, il va vite découvrir que derrière la résurgence des zombies se cache son pire ennemi.
D’un point de vue histoire, on reste sur quelque chose de très simple, peut-être même un peu trop. Pour les adeptes de récit à base de zombies, il n’y a rien de nouveau là-dedans. Le cadre victorien est à peine exploité, et il ne sera que l’occasion de voir des personnages connus à l’instar de Sherlock, son frère Mycroft ou encore le Dr Watson. L’histoire ne s’appuie guère sur la complicité du trio, ni même sur des atours politiques, préférant de loin l’enquête, avec quelques éléments disséminés çà et là pour faire avancer les protagonistes. C’est assez basique, et rien ne viendra chambouler notre lecture, qui glisse sur des rials prédéfinis. Même Moriarty n’est pas très surprenant, jouant son rôle de vilain de façon binaire, voulant juste dominer le monde avec son armée de mort-vivant. Rien de bien neuf ou d’haletant.
A cela, il faut rajouter quelques passages qui se font redondants et qui forcent un peu l’intrigue. Les repas avec Mycroft, l’armée de la Reine qui arrive toujours à point nommé pour sauver les miches de Sherlock, on voit que de grosses ficelles sont tirées pour pallier à une écriture pataude et pas toujours très maline. Cependant, cela reste assez fun et l’ensemble se lit sans déplaisir. Si on sait que l’on fait face à un nanar du comics, on prend du plaisir face à quelques élans gores et à une volonté de pousser l’ensemble vers quelque chose de Steampunk, avec des automates et une armée qui possède un bel arsenal un peu trop en avance sur son temps.
Afin de mettre en images tout ce bazar, on trouve Davide Fabbri, dont le nom est connu par les fans de Star Wars, ou par ceux qui ont lu la BD Operation Overlord. Ici, point de vaisseaux spatiaux, de sabres laser, ni même de soldats, mais plutôt des zombies et quelques élans un peu victoriens. C’est plutôt joli. On retrouve des éléments gores, de belles blessures, et les attaques sont bien mises en scène. Néanmoins, tout cela manque de grandes planches pour montrer le côté apocalyptique. On reste sur de petites cases et parfois, ça ne respire pas assez. On a du mal à ressentir l’urgence des attaques, les énormes coups de canon, car tout est fait pour dynamiser le récit avec une construction rapide. On sent que le type a du talent, mais il ne l’exploite jamais à fond, ce qui rend cette histoire moins percutante que prévue.
Au final, Victorian Undead est un comic qui ne marquera pas son lecteur, et qui n’a pas marqué son époque. Les amateurs de morts-vivants seront peut-être aux anges, trouvant un cadre historique nouveau, mais tout cela n’est pas exploité en profondeur, préférant un récit dynamique et simple à quelque chose de plus alambiqué. De ce fait, on se retrouve face à un nanar rigolo et plaisant, mais qui manque cruellement de fond, d’idées nouvelles, et d’un méchant digne de ce nom…
Note : 12/20
Par AqME