avril 29, 2024

Séminaire

Titre Original : Konferensen

De : Patrik Eklund

Avec Katia Winter, Eva Melander, Adam Lundgren, Lola Zackow

Année : 2023

Pays : Suède

Genre : Comédie, Horreur

Résumé :

Au cours d’un séminaire a priori anodin, un groupe hétéroclite d’employés municipaux se trouve aux prises avec des querelles internes… et un tueur sanguinaire.

Avis :

On le dit à chaque fois que l’on chronique ce genre de film, mais la comédie horrifique est un sous-genre très difficile à maîtriser, car il faut trouver le bon équilibre entre l’horreur et l’humour. Certains films sont de véritables petits joyaux dans le genre, mais il y a aussi de nombreuses bouses que l’on aimerait oublier. Nouvel arrivé dans le domaine, Séminaire est un film suédois réalisé par Patrik Eklund, qui est un peu une nouvelle tête pour nous, alors qu’il a déjà un peu bourlingué dans son pays. Partant d’un pitch tout simple et assez alléchant, promettant un fond malin pour donner lieu à un joyeux massacre, Séminaire ne remplit pourtant quasiment ses cases, prenant trop son temps pour présenter des personnages détestables, et n’allant jamais au bout des choses dans ses meurtres. Un film Netflix dans toute sa splendeur…

Il est difficile de ne pas penser à Severance (film britannique sorti en 2006 que l’on conseille fortement) tant les ressemblances sont frappantes. Ici, on va suivre un groupe de collègues qui vont faire un petit stage dans un camping isolé pour célébrer l’implantation prochaine d’un centre commercial. On va bien évidemment apprendre que pour faire ce centre, il a fallu déloger un agriculteur, qui s’est suicidé par la suite, et que d’un point de vue écologique, cette construction est une aberration. Mais qu’importe, l’essentiel est d’avoir un bon retour sur investissement, et de briller dans la presse. Manque de bol pour ce petit monde, un homme est bien décidé à zigouiller tout le monde, en utilisant tout ce qu’il a à portée de main. Un jeu de massacre se met donc en place, où chacun va en prendre plein la gueule.

« On reste sur quelque chose d’assez conventionnel. »

Bref, aucune surprise à l’horizon, Séminaire enfile des perles du début à sa toute fin. La seule différence notable que l’on puisse faire avec un slasher commun, c’est le temps pris pour présenter tout ce petit monde. En effet, sur 1h40 de film, on va passer une heure à entendre tergiverser toutes ces personnes, qui sont plus ou moins pourries. On aura droit à la patronne harceleuse qui fait tout pour réussir, l’homme d’affaires prêt à décapiter tout le monde pour briller, l’idiot du village qui se contente de suivre la marche, ou encore la nana qui revient de dépression et qui va mettre son grain de sel. Les portraits sont caricaturaux, mais ils montrent bien les ambitions de chacun, et la différence entre des citadins vénaux et des ruraux qui veulent garder leur terre et continuer à vivre sans être envahis par un immonde centre commercial.

L’intention est louable, car elle rend toute cette clique antipathique au possible, et donne envie de les voir mourir dans d’atroces conditions. Le problème, c’est qu’à force de tirer sur la corde, le réalisateur prend trop son temps, et on finit par s’ennuyer sec face à un humour qui se veut corrosif, mais qui en devient épuisant. Et il a beau alterner cela avec quelques meurtres sanglants autour des quatre animateurs du camping, on reste sur quelque chose de déjà-vu et qui n’a pas vraiment d’intérêt. Le film s’appuie alors sur cette femme qui revient de dépression, plutôt attachante, mais dont on connait déjà la finalité, celle de la final girl qui va survivre (oui, ce n’est pas du spoil tellement c’est prévisible). De plus, d’un point de vue de l’ambiance, on reste sur quelque chose d’assez conventionnel, avec une montée en violence qui correspond à l’état mental des victimes.

« Patrik Eklund choisit la facilité la plus crasse, et désinhibe totalement l’intérêt du whodunit. »

Si l’humour n’est pas très intéressant, on peut alors penser que l’aspect horreur et gore viendra sauver les meubles, mais même là, on reste sur notre faim. Certes, il y a des meurtres, beaucoup de victimes, mais globalement, on fait face à un problème de redondance. Le meurtrier a beau utiliser tout un arsenal à base de marteau, poêle de cuisine, couteau et autre moteur à bateau, on est bien souvent hors cadre afin de ne pas montrer les manques de budget pour des effets gores efficaces. Et à chaque fois, on flirte avec les mêmes méthodes, celles d’un bourrin qui poursuit ses proies et les finit de façon plus ou moins brutale. Cela aurait pu être jouissif si seulement les personnages avaient été un peu empathiques, ce qui ne sera pas le cas. Et même si on les déteste, le massacre sera trop timide.

Enfin, au niveau de son fond, on était en droit d’attendre davantage. C’est-à-dire que le film promet une critique acerbe du capitalisme et de ces cadres qui sont prêts à empiler des cadavres pour avoir une micro notoriété. Seulement, c’est tellement fait avec de gros sabots que ça ne marche jamais. Et ce manque de subtilité se retrouve même dans l’identité du tueur, que l’on grillera dès le début, malgré des efforts pour brouiller les pistes. Patrik Eklund choisit la facilité la plus crasse, et désinhibe totalement l’intérêt du whodunit pour savoir l’identité du tueur. De ce fait, la chasse n’aura plus grand intérêt, jusqu’à sa toute fin, qui prend deux tournants, avec d’un côté la final girl qui se venge d’un collègue despotique, et trois employés anecdotiques qui vont s’en sortir en s’entraidant. Rien de bien folichon à se mettre sous les yeux…

Au final, Séminaire est un sous Severance qui ne parvient jamais à passionner, la faute à une histoire stéréotypée qui ne va jamais au bout des choses et des personnages dont on se fout éperdument. Le scénario a beau s’évertuer à présenter ce groupe de collègues, on ne ressentira de l’empathie pour aucun d’eux, et on suivra ce jeu de massacre de façon détachée, sans jamais vraiment rire ou avoir peur. Car oui, l’équilibre est fragile, et le réalisateur n’arrivera pas à tenir sur la corde, offrant alors un film transparent et qui s’oublie aussitôt vu…

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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