Avis :
Le Heavy est le genre qui est peut-être le plus représenté dans le monde du Métal. Et ce n’est pas une question de facilité, mais simplement parce que c’est un genre qui s’ouvre à tous les autres sous-genres. Le problème, c’est que l’on trouve une pléthore de groupes qui essayent de sortir leur épingle du jeu, et qu’il y a forcément à boire et à manger. On a, bien évidemment des valeurs sûres, qui sont toujours au top d’un point de vue de la production, mais il y a aussi des groupes qui s’autoproduisent et essayent de faire le buzz, ou tout du moins de trouver l’originalité pour sortir de l’anonymat. Eventual Fate est un groupe anglais de Heavy, fondé en 2013, qui cherche à sortir du trou en s’évertuant à placer une chanteuse. Et en seulement trois albums, on aura droit à trois chanteuses différentes.
Le groupe est tellement discret (ou pas encore très connu, voire pas du tout), qu’il est compliqué de trouver qui a chanté dans Silent Scream, le deuxième album de la formation anglaise, sorti en 2018. D’autant que durant cette période, ce n’est pas moins de trois chanteuses qui se sont relayées, entre Catherine Averill, Gemma Steele et Bexie James. Bref, un sacré bordel, mais qui va avoir son importance au sein de cet album, car clairement, c’est le gros point faible de ce skeud. Le premier titre, Crucified, arbore de bons riffs, une certaine lourdeur et une envie d’en découdre, mais le tout est plombé par la voix de la chanteuse, qui fonctionne une, ou deux, tonalités trop basses par rapport à sa voix normale. De ce fait, elle ne peut pousser vers les aigus, mais surtout, elle reste sur une modulation vocale plate et sans relief.
Il faut ajouter à cela une production médiocre, avec un gros manque de rondeur dans les basses. C’est dommage, car ce premier titre tente des choses, et propose même un break assez intéressant. Libera me a Malo (va savoir pourquoi ce refrain est en espagnol…) manquera cruellement d’intérêt, et ne parviendra jamais à dépasser son statut de morceau un peu bouche-trou qui n’a pas d’envergure ou de ligne directrice. Heureusement, Silent Scream aura un peu plus de vigueur, mais la chanteuse détruit tout ce qu’elle chante. Outre sa voix qui est restée au fond de sa gorge, il n’y a pas de reverb pour donner plus de volume, et on se retrouve avec un titre qui fait très amateur. C’est dommage, car on sent que le groupe en a sous la pédale. Puis Breathe va venir battre de l’aile, dans une sorte de ballade maladroite et peu avenante.
Oblivion va remettre un peu en marche la machine. Les riffs seront plus agressifs, il y aune volonté de frapper fort, mais malheureusement, une fois n’est pas coutume, la voix de la chanteuse ne correspond pas du tout à ce qui est attendu. D’ailleurs, on remarquera que la voix masculine qui accompagne de temps à autre, est beaucoup plus propice à ce genre d’exercice. Puis Under my Skin replonge dans une sorte de ballade mélancolique, mais qui ne touchera jamais, la faute à un chant à la limite du faux, et qui ne se fait jamais touchant. Save me From Myself remet une belle couche de riffs cracras, qui peuvent faire penser à du Thrash, mais la chanteuse est catastrophique, forçant comme une damnée pour donner un semblant de puissance, en vain… C’est vraiment anxiogène de voir à quel point un miscast peut coûter la peau d’un groupe.
Car par la suite, les choses ne s’arrangent pas vraiment, malgré cette envie du groupe de fournir des passages très nerveux. The Darkness I Serve est le point d’orgue d’un chant à la ramasse. On se demande même si on ne va pas arrêter l’écoute sur ce morceau. Mais les riffs sont tellement bons que finalement, on essaye de faire abstraction à la chanteuse qui fait tout capoter. In-Existence est le titre bouche-trou par excellence, qui n’arrive jamais à se faire mémorable ou à fournir un quelconque intérêt. Enfin, Back to Hell clôture l’album de façon anodine, n’arrivant jamais à se faire vraiment intéressant. Mais à la rigueur, la chanteuse essaye de calmer le jeu avant le refrain, mais ça reste bien trop léger…
Au final, Silent Scream, le deuxième album de Eventual Fate, n’est pas fondamentalement mauvais. Il s’agit d’une autoproduction faiblarde, à laquelle il manque de la rondeur et de la reverb pour se rendre plus compact et donc intéressant. On sent que les musiciens en ont sous le pied, que les guitaristes ont envie de faire quelque chose de nerveux, mais l’ensemble est plombé par une prestation vocale minable. Heureusement, depuis, le groupe a changé de chanteuse… deux fois…
- Crucified
- Libera me a Malo
- Silent Scream
- Breathe
- Oblivion
- Under my Skin
- Save me From Myself
- The Darkness I Serve
- In-Existence
- Back to Hell
Note : 10/20
Par AqME