Résumé :
Kena : Bridge of Spirits est un jeu d’aventure vous plongeant dans un monde de magie. Vous y incarnez Kena, une aventurière qui entreprend un périple afin de découvrir les secrets d’une communauté cachée près d’un temple sacré…
Avis :
Un peu comme au cinéma entre les blockbusters et les films indépendants, le monde du jeu vidéo est bercé entre ce que l’on appelle des triple A, c’est-à-dire de grosses productions faites par des studios connus, et des jeux indépendants, qui sont créés par de petites boîtes avec un personnel restreint. Bien évidemment à ce petit jeu, les gros titres sortent du lot et sont plus mis en avant, alors que certaines expériences vidéoludiques vont uniquement se faire via le store, sans format physique. Pourtant, certains jeux indépendants arrivent à sortir leur épingle du jeu, et à avoir droit à un beau succès, avec en prime une sortie en version physique. C’est le cas de Kena Bridge of Spirits, qui a fait les beaux jours d’Ember Lab, un réel studio indé créé par deux types qui, au départ, ne faisaient que de l’animation 3D.
Jeu d’aventure à l’univers marqué par les studios Ghibli et Pixar, Kena Bridge of Spirits est l’une des surprises de la Playstation 5, qui est plus mise en avant pur ses gros jeux (Horizon, God of War, etc.) que pour ses perles indépendantes. Mais il faut dire que le petit studio a eu la bonne idée de créer un monde tout nouveau, peuplé par de belles petites créatures et porté par une BO sublime. Très clairement, quand on aborde le jeu, on va être emporté par son atmosphère onirique et charmante, qui fait penser à un film d’animation japonais. Sans parler réellement des graphismes, qui sont jolis mais peuvent parfois manquer de textures, il y a une vraie patte visuelle qui se dégage de l’ensemble et qui nous embarque. C’est féerique, c’est cohérent dans son design et les effets de lumière sont vraiment sublimes.
Même si le jeu est assez dirigiste, on va prendre du plaisir à explorer ce monde qui est perverti par une source maléfique. Ici, le but est de récolter de petites créatures magiques, des rots, qui vont nous aider à purifier le monde pour lui redonner ses couleurs verdoyantes. Ainsi, on va tomber dans un village déserté par ses habitants, et dans lequel on va petit à petit explorer les méandres pour découvrir de nouveaux secrets, et se focaliser sur trois personnages que l’on va sauver des griffes du mal. C’est assez simple dans sa démarche, et le jeu se décline en trois chapitres, autour de trois personnages à sauver, et pour lesquels il faut retrouver trois artefacts afin de les libérer de l’emprise du mal qui les empêche de rejoindre l’au-delà. On va alors explorer à l’aide d’une carte et résoudre quelques casse-têtes qui font appel à différents pouvoirs.
Jusque-là, rien de bien neuf à se mettre sous la dent, si ce n’est l’aspect onirique du jeu, et sa narration qui se dévoile petit à petit. En effet, la première mission est de retrouver le père de deux enfants qui vont nous aider dans cette entreprise. Ce que l’on va découvrir, c’est que ces deux enfants sont morts, et que leur père est mort en partant à leur recherche en pleine tempête. Sans jamais tomber dans le pathos, le jeu livre une narration inventive et touchante, qui fait que l’on vagabonde dans Kena avec une sorte de douceur dans le cœur. Les thèmes abordés sont d’ailleurs très mature, avec ce père courage, mais aussi autour d’une relation homosexuelle entre deux femmes et d’un homme qui a tout sacrifié pour sauver son village, mais de la mauvaise manière. Bref, c’est beau, doux, et on se laisse porter par le jeu.
Au niveau du gameplay, Kena est aussi un jeu réussi. Si au départ, on se contente de sauter et frapper du bâton, on va se découvrir des pouvoirs au fur et à mesure du jeu. Ainsi, en collectant des rots, on aura droit à un petit arbre de compétences qui va nous permettre de développer différentes attaques. Ainsi, on pourra alors tirer des flèches, jeter des bombes, débloquer des attaques dévastatrices avec l’aide des rots, ou encore améliorer son bouclier. Cela va permettre d’aller plus loin dans certaines zones et de trouver des quêtes secondaires qui répondent à des résolutions de puzzles. Rien d’insurmontable, même si parfois, il faudra faire appel à de jolies aptitudes pour trouver des objets cachés. Sans viser pour autant l’exploration à foison, si l’on veut finir le jeu à 100 %, il va falloir faire preuve d’abnégation.
Si l’histoire principale n’est pas bien longue à terminer (environ une dizaine d’heures de jeu), il faut aussi compter sur de la collecte et des défis qui sont très difficiles. A chaque fois que l’on termine une quête, on a trois défis qui se débloquent, qui font appel à trois compétences bien ciblées, à savoir le combat, le tir à l’arc et de la plateforme. Bien souvent, il faut battre des ennemis dans un temps donné, ou sans subir de dégâts, et c’est très difficile. Cela permet juste de débloquer de nouvelles tenues pour Kena, ou encore de nouveaux chapeaux pour habiller nos rots. Cela n’ajoute rien à l’histoire, puisqu’il ne s’agit que d’apparence. Néanmoins, cela permet de rajouter des heures de jeu, et de proposer un challenge de taille aux joueurs les plus émérites.
Au final, Kena Bridge of Spirits est un très bon jeu, qui peut facilement concurrencer certaines grosses productions vidéoludiques. Beau dans son design, envoûtant dans son histoire et sa narration, simple mais efficace dans son gameplay, on peut dire que les gars de chez Ember Lab ont fait un superbe boulot. Alors certes, ça n’a pas la profondeur de jeu d’un triple A, et la durée de vie paraît moindre, mais cela n’empêche pas l’expérience d’être pleine et belle. Comme quoi, il ne suffit pas de mettre des tonnes de contenus au sein d’un jeu pour le rendre bon et addictif, mais simplement de peaufiner sa narration et son univers.
Note : 17/20
Par AqME