mai 2, 2024

Ennemi Invisible

Titre Original : Recon

De : Robert David Port

Avec Alexander Ludwig, Franco Nero, R.J. Fetherstonhaugh, Mitch Ainley

Année : 2019

Pays : Etats-Unis

Genre : Guerre

Résumé :

La fin de la Seconde Guerre mondiale est proche. Quatre soldats américains sont encore sous le choc de l’exécution par leur sergent d’une femme soupçonnée d’avoir caché un allemand dans sa charrette. Ils sont envoyés en mission de reconnaissance dans la montagne pour traquer les derniers combattants. Guidée par un vieil homme du coin à la loyauté douteuse, la patrouille est la cible d’un sniper invisible…

Avis :

Scénariste sur des épisodes de séries comme Numb3rs ou Training Day, rien ne prédestinait vraiment Robert David Port à la réalisation. Hormis un court-métrage en 2002, l’homme s’est plutôt tourné vers l’écriture et la production. Après avoir lu le best-seller Peace de Richard Bausch (un nom qui était tout désigné pour écrire sur le Seconde Guerre mondiale), le scénariste a voulu prendre les commandes de ce film de guerre, en partie produit par l’acteur Alexander Ludwig, qui aura d’ailleurs le premier rôle. Cependant, il arrive que des récits de la Seconde Guerre soient moins passionnants que d’autres, ou tout du moins qu’ils n’ont pas une histoire cinégiques. C’est totalement le cas avec Ennemi Invisible, ou Reacon dans sa version originale, ou Peace comme ce fut rebaptisé dans certains pays (et c’est un joyeux bordel pour s’y retrouver).

L’histoire prend place en Italie, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des troupes américaines espèrent rentrer au pays, mais il reste quelques missions de reconnaissance à faire afin de nettoyer le pays des quelques nazis qui se cachent. On va alors suivre un groupe de quatre soldats qui vont vadrouiller dans l’arrière-pays, et rencontrer un vieil italien qui a tous les traits d’un fasciste. Faisant route, ils rencontrent alors un sniper invisible qui va les prendre pour cibles. Le pitch est pour le moins simpliste, mais il va se compliqué avec les états d’âme d’un soldat, qui est troublé par cette guerre, par cette mission, mais aussi par le meurtre de sang-froid d’un de ses collègues qui a abattu une femme qui cachait un nazi. Bref, on aura droit à une balade aussi bien physique que métaphysique. Et c’est là que le bât blesse.

« Ennemi Invisible est un film qui est mou et essaye parfois d’apporter de l’action, mais sans succès. »

Si on se place d’un point de vue moteur, le film ne va raconter qu’un voyage d’un point A à un point B, avec quatre soldats qui se racontent des souvenirs et un vieil italien qui se demande ce qu’il fout là. Ennemi Invisible est un film qui est mou et essaye parfois d’apporter de l’action, mais sans succès. La traversée d’un pont, le fait de rencontrer des cadavres, ou encore de tomber dans un piège, sont des exemples d’aventures qui ne sont pas passionnantes. Le principal problème provient bien évidemment de l’écriture des personnages qui sont inintéressants. Hormis le soldat qui est traumatisé par le geste de son camarade, on aura rien à se mettre sous la dent, et les caractérisations sont au minimum syndical. Le film manque de consistance, d’épaisseur, aussi bien dans ses personnages que dans les aventures qui leurs arrivent.

Et si l’on se place d’un point de vue métaphysique, on reste dans quelque chose de totalement téléphoné et qui pioche dans la psychologie de comptoir. Encore une fois, on aura droit au soldat qui a des symptômes post-traumatiques, qui est obnubilé par la mort de cette femme protégeant un nazi, et qui va nous adjoindre de forts gémissements et autres larmichettes. Histoire de rendre le tout bien indigeste, on va aussi assister à quelques flashbacks qui n’auront aucun intérêt, n’arrivant même pas à rendre le soldat en question attachant. Et sans empathie, difficile alors de rentrer dans cette mission et d’avoir peur pour ces soldats dont on se fout éperdument. Même les rapports entre les personnages sont basiques, ne créant aucun lien, ne créant pas de réflexion sur la guerre ou la confiance entre les gens. Un triste constat pour des acteurs peu investis.

« Robert David Port ne crée aucune tension dans sa mise en scène. »

Alexander Ludwig essaye de donner corps à son personnage, mais l’acteur est terriblement mauvais. Il force tous les sentiments et pleurniche sans arrêt pour tenter de donner corps à ce soldat. Mais entre un background dont on se fout royalement et des allusions à la religion qui permet de sauver des innocents, tout cela donne envie d’éteindre son écran. Il en va de même pour les autres acteurs, qui se contentent d’aligner leur dialogue sans saveur, ou encore Franco Nero, qui traîne sa vieille carcasse en alternant italien et anglais pour ne pas totalement se faire comprendre des soldats. Et pourquoi ? On n’en sait rien, alors qu’il est gentil et se fait passer pour un méchant, qui risque de se faire fusiller. On sent que c’est du rajout pour mettre de la tension, mais cela est incohérent.

Quant à la réalisation, on sent que c’est un premier film. Robert David Port ne crée aucune tension dans sa mise en scène, et on sent que niveau budget, ce n’est pas faramineux. Les plans sont lisses, le travail autour de la lumière est ridicule, avec une sensation d’assister à un long-métrage se déroulant uniquement de nuit. De même, on retrouvera des tics de mise en scène assez kitsch, comme ces fameux flashbacks qui seront tous saccadés, essayant vainement de marquer le côté angoissant qu’ils peuvent avoir sur le soldat. Sans être laid, le film peine à convaincre dans ses images et sa mise en scène, trop plan-plan pour un film de guerre. Il ne se dégage donc aucune tension, et on ne ressent jamais vraiment le danger pour ces soldats qui crapahutent dans la neige. Et la symbolique autour du loup rencontré, c’est d’une lourdeur…

Au final, Ennemi Invisible (ou Reacon, ou Peace, comme vous voulez) est un film de guerre qui mérite bien son sort de direct to video. Mou du genou, mettant en avant des soldats dont on se fout éperdument, n’ayant aucune tension ou point d’accroche efficace, ne racontant que du vide autour d’un soldat qui n’a rien fait d’héroïque, le film prouve que certains récits de guerre ne sont pas forcément bon à mettre en images, la preuve en est faite avec ce long-métrage ennuyeux et globalement raté.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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