avril 28, 2024

Haunting of the Mary Celeste

De : Shana Betz

Avec Emily Swallow, Richard Roundtree, Ava Acres, Alice Hunter

Année : 2020

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Rachel, chercheuse universitaire, n’a qu’une obsession : l’histoire de la Mary Celeste, un brick goélette retrouvé intact, sans aucune trace de son équipage. Persuadée que ce mystère est lié au surnaturel, elle embarque vers le site de la disparition. Alors que Rachel se rapproche de la vérité, les phénomènes paranormaux se multiplient et les membres de l’équipe disparaissent.

Avis :

L’histoire du Mary Celeste constitue l’un des mystères maritimes les plus célèbres et troublants qui soient. Si sa disparition a pu faire l’objet d’une argumentation rationnelle (piraterie, phénomène météorologique…), le navire a contribué à instaurer la légende du vaisseau fantôme telle qu’on la connaît. Cela sans oublier l’une des premières nouvelles d’Arthur Conan Doyle qui a forgé le mythe. En parallèle de l’influence littéraire, on compte plusieurs adaptations cinématographiques comme Le Mystère du Mary Celeste de Denison Clift ou encore Le Secret du Mary Celeste de Hans Stumpf. Contrairement à ses prédécesseurs, Haunting of the Mary Celeste (ou Ghosts of the Abyss) s’inscrit dans un registre contemporain.

Une équipe de pseudo-scientifiques tente alors de faire la lumière sur cette énigme historique avec des moyens minimalistes. D’emblée, le film de Shana Betz se distingue par ce dénuement graphique. Afin de masquer tant bien que mal l’inconsistance de son budget, elle privilégie une caméra rapprochée. D’un certain côté, cela peut suggérer l’impression d’exiguïté, de promiscuité, qui émane du rafiot. Sans doute peut-on aussi y entrevoir le point de vue d’un passager fantôme avec une grande largesse d’esprit. Pour autant, l’omnipotence de cette technique suffit à trahir l’incapacité à gérer un espace restreint. Cela sans compter sur l’absence de transitions fluides quant à la cabine ou au pont.

« On a beau prendre le large, l’oppression propre au cadre océanique n’évoque aucune menace latente. »

Au regard de conditions de production houleuses, la réalisatrice opte toutefois pour une approche timorée, prompte à créer une atmosphère étrange. L’idée demeure intéressante dans le sens où la suggestion pallie le manque d’incursions plus spectaculaires. Dès lors, le caractère contemplatif de la bobine peut rappeler The Boat ou The Beach House, du moins dans une certaine mesure. Car, là où ces métrages proposent une progression toute relative dans leur récit, Haunting of the Mary Celeste reste à quai. On a beau prendre le large, l’oppression propre au cadre océanique n’évoque aucune menace latente, même à la nuit tombée.

On s’empêtre alors dans des platitudes qui tiennent autant à un ennui manifeste qu’à des échanges stériles. Si l’on occulte le catastrophisme des doublages, les dialogues régurgitent des banalités sans conséquence pour la suite des évènements. Pour autant, l’occurrence paranormale reste présente. Preuve en est avec des disparitions impromptues, des hallucinations plutôt mal amenées. À ce titre, les plongées sous-marines auraient pu trouver une symbolique intéressante à une incursion dans le subconscient des protagonistes, en vain. On assiste à ces phénomènes avec indifférence, et ce, même si l’impuissance pour interagir prévalait dans ce registre. Quant à les comprendre…

« À aucun moment, on n’entrevoit la poupe menaçante du navire. »

On évoque, tour à tour, des failles spatio-temporelles, des dérèglements géomagnétiques et d’autres sujets scientifiques dont les personnages n’entendent rien. Et le Mary Celeste ? À aucun moment, on n’entrevoit la poupe menaçante du navire, l’une de ses voiles déchirées ou une silhouette fantomatique au large. À la rigueur, on assiste davantage à des phénomènes surnaturels dignes du Triangle des Bermudes. Là encore, il s’agit d’intentions guère abouties et non d’un résultat convaincant. Le spectateur se sent alors floué par le potentiel qui s’évente face à l’absence de moyens et d’idées narratives pour compenser l’indigence ambiante.

Au final, Haunting of the Mary Celeste s’avance avant tout comme une production trompeuse. Là où l’on augure d’une immersion contemporaine dans l’une des plus célèbres légendes maritimes, on assiste à une excursion pitoyable au large. En dépit d’une volonté à préserver le mystère initial, à privilégier une approche suggestive, le métrage de Shana Betz se heurte à une progression poussive. Celle-ci relève presque de l’improvisation lorsqu’on constate le déroulement du récit, son caractère statique sur une mer d’huile. Il en ressort un film fantastique fauché dont la vacuité scénaristique rivalise avec l’inanité du budget. Anecdotique, assommant et miséreux.

Note : 06/20

Par Dante

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