avril 25, 2024

The Boat

De : Winston Azzopardi

Avec Joe Azzopardi

Année : 2018

Pays : Angleterre, Malte

Genre : Horreur

Résumé :

Un marin est prisonnier d’un vaisseau fantôme perdu au milieu de la Méditerranée.

Avis :

Le film à concept est souvent très exploité dans le cinéma d’horreur. S’appuyant sur les handicaps de personnages (Hush, Don’t Breathe) ou encore jouant la carte du huis-clos, on retrouve des ovnis dans le cinéma de genre qui sont autant d’idées géniales qu’elles peuvent être puantes. Et si l’homme face à la nature, ou encore l’homme seul face à des problèmes, est une redondance dans le septième art en général, il semblerait que Winston Azzopardi en est fait son premier film. The Boat raconte comment un homme se retrouve enfermé dans un voilier abandonné en pleine mer et tente, par tous les moyens, de retrouver la terre ferme. Un seul acteur, un seul lieu, pour un premier film, c’est assez osé comme pari, et très clairement, on ne peut pas dire que ce soit une réussite…

La mer qui prend l’homme

Le scénario du film est tout simple. Un homme sort en barque pour aller pêcher. Sur son chemin, alors que la brume se fait intense, il tombe sur un voilier qui semble abandonné. Il attache alors sa barque et commence à explorer le bateau. Manque de bol, sa barque disparait, le voilier commence à dériver, et des éléments étranges commencent à se passer au sein même du voilier. Y a-t-il une personne cachée à l’intérieur ? Le bateau est-il hanté ? Autant de questions qui ne trouveront pas de réponses claires. Ou tout du moins, ce sera au spectateur de se faire sa propre explication, qui deviendra plus ou moins limpide sur la fin. Avec ce film, et ce scénario, Winston Azzopardi nous propose de suivre un homme seul, perdu en mer, qui va tenter de survivre à un bateau capricieux et une météo difficile.

La toute première chose qu’il faut faire quand on aborde un film avec un seul personnage, c’est créer de l’empathie. Il faut que le spectateur se projette à la place du protagoniste. Pour cela, il faut lui donner du background, ou fournir des éléments d’attache au spectateur. Ce qui ne sera pas fait ici. Le jeune homme, qui n’a même pas de prénom, est un inconnu lambda, qui va se trouver dans une position fâcheuse. On ne sait rien de lui. Et dans sa mésaventure, on se fiche un peu s’il a mal ou s’il va mourir dans d’atroces souffrances. Il manque d’épaisseur, de charisme, mais aussi d’un passé qui pourrait nous expliquer qui il est et ce qu’il fait là. De ce fait, il va être compliqué de ressentir de la peur pour lui, et avec The Boat, c’est le seul point qui aurait dû être bien bossé…

Ça prend l’eau

L’autre point où le film se loupe complètement, c’est sur les différentes péripéties qui arrivent à l’homme. En effet, il va se balader sur pont, se prendre un coup de mât, pour remonter sur le bateau, avant de se retrouver enfermé dans les chiottes. Et cette séquence dans les toilettes va durer les trois quarts du métrage. On aura donc droit à un type qui cherche comment ouvrir une porte, puis comment scier une corde par une petite fenêtre, puis qui va s’endormir dans la flotte, etc… Rien de bien passionnant, et surtout, rien de bien effrayant. Le film ne jouera jamais sur le tableau de la présence humaine sur le bateau, ou ce sera fait de manière tellement maladroite que l’on n’y croira pas un seul instant. Pire, les quelques répliques du personnage ne permettent pas de jouer sur la paranoïa ou la folie.

De ce fait, on va s’ennuyer énormément devant ce film. Il ne se passe pas grand-chose, et Winston Azzopardi ne semble pas savoir que faire de ce personnage, qui déambule un temps sur ce navire, puis qui va se retrouver enfermé dans des chiottes. On aurait pu croire à un semblant de sursaut lorsqu’un énorme navire de marchandise croise le chemin du voilier, mais cela n’aboutira à rien, pas même à une arrivée des secours. Le film baigne dans un océan d’incompréhension et de moments qui se ressemblent. Car après être enfermé dans les toilettes du navire, l’homme se retrouve dans une minuscule réserve, avec une fenêtre qui refuse de s’ouvrir. On prend les mêmes éléments et on nous remet dans la même situation. Il ne se passera rien d’autre dans le film, et on restera dans l’expectative d’un évènement qui n’arrivera jamais.

Symb eau lique

Alors tout n’est pas foncièrement mauvais dans The Boat. Certains éléments peuvent paraître intéressant. A titre d’exemple, le bateau se nomme Eolius, le nom d’une divinité, Eole, et on pourrait donc croire que ce bateau est une divinité qu’il vaut mieux ne pas provoquer. Ou qui cherche à trouver des hommes qui prouvent leur valeur à travers un voyage éprouvant. Ce côté cryptique est plutôt sympathique, même s’il reste trop obscur pour pleinement convaincre. Ensuite, le seul acteur, Joe Azzopardi, est assez convaincant. Sans en faire des caisses, il joue plutôt bien et évite avec brio le surjeu. Et la mise en scène est plutôt agréable. Malgré les conditions complexes de faire une sorte de huis-clos sur un petit voilier, Winston Azzopardi arrive à proposer un spectacle crédible et lisible. On est loin d’une réalisation digne d’un téléfilm, le film fait son effet et évite les fonds verts. 

Au final, The Boat est un film très décevant. Si le concept, sur le papier, pouvait donner un film intéressant, on reste sur un projet qui n’arrive jamais à dépasser son postulat de base et navigue en eaux bien trop paisibles. Si on peut y trouver quelques éléments un peu cryptiques et une bonne réalisation, ainsi qu’une bonne interprétation, cela ne sauvera pas le film d’un ennui certain et d’un manque évident de frayeurs ou de moments qui nous prennent aux tripes. Dommage, le fait que ça se passe sur Malte aurait pu apporter un petit côté exotique qui ne sera jamais exploité.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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