avril 26, 2024

Persefone – Metanoia

Avis :

On a toujours tendance à dire que le Métal Progressif (tout comme le rock progressif) est un genre élitiste, qui s’écoute plus jouer qu’autre chose. Sauf que depuis de nombreuses années, des groupes de Métal progressif ont su trouver un parfait équilibre entre complexité des compositions et efficacité dans les morceaux. On peut bien évidemment citer Mastodon, mais il en existe une pléthore. Comme Persefone, groupe venu d’un tout petit pays qui n’est pas forcément connu pour ses groupes de métal, Andorre. Fondé en 2001, le groupe dit s’inspirer de groupe de Death mélodique comme Arch Enemy, In Flames, ou encore Dark Tranquillity. Pourtant, c’est dans des morceaux plus complexes que le groupe va se faire connaître et devenir un pilier du métal prog provenant, non pas d’un pays scandinave, mais d’un pays latin. Metanoia est leur sixième album, et le groupe signe un chef-d’œuvre.

Le skeud débute avec une introduction qui se distingue par un invité de marque, Einar Solberg, le chanteur de Leprous. Dès lors, Metanoia annonce la couleur avec un début éthéré, aérien, piochant même des références dans la musique orientale. Le résultat est envoûtant, se terminant même par quelques allusions électros pêchues qui vont permettre de lancer rapidement le titre suivant, Katabasis. Cette fois-ci, on plonge au cœur même de Persefone, à savoir un métal progressif qui mélange tous les genres, offrant du growl, des riffs lourds et incisifs, tout en gardant un aspect très aérien dans les ruptures de tons. De ce fait, on a un morceau complet qui prouve toutes les qualités techniques des andorrans. De plus, les rajouts symphoniques en arrière-plan donnent une réelle épaisseur à l’ensemble, rendant tout cela très compact et d’une richesse incroyable. Bref, une pépite.

D’ailleurs, avec ce titre, on va se rendre compte que le groupe arrive à faire du métal prog sans jamais tomber dans une longueur intenable. Si le morceau dépasse les quatre minutes, il ne va pas au-delà, montrant, si besoin l’est, que le groupe sait aussi se faire concis, tout en ne reniant pas son genre de prédilection. En abordant Architecture of the I, on renoue avec une plage plus longue, et des délires propres au progressif. C’est-à-dire que les riffs sont rapides, syncopés, avec de nettes ruptures pour mieux nous surprendre et nous percuter. Au sein même du titre, on aura même des passages qui pourront faire écho à du rock prog, avec des riffs moins lourds, mais qui sont tout aussi bien troussés que le reste. Là encore, Persefone alterne les différents chants, et vient constamment nous cueillir pour titiller notre curiosité.

Après deux morceaux aussi puissants, il fallait bien que la formation nous mette une autre claque avec un autre aspect de sa personnalité. Leap of Faith est un titre instrumental qui débute avec le bruit d’un feu qui crépite. Puis, petit à petit, la mélodie va se décanter, jusqu’à offrir une explosion symphonique sur sa fin. On pourrait croire à un interlude long de plus de quatre minutes, mais il s’agit d’un véritable tour de force du groupe, qui démontre des talents techniques et d’orchestration rarement atteints. Cette intelligence dans les compos se retrouve aussi dans Aware of Being Watched, où le groupe renoue avec son amour pour la musique scandinave en s’octroyant les vocalises sublimes de Merethe Sollvedt qui apporte une dimension onirique à l’ensemble. On retrouve alors des riffs lourds, du chant crié, du chant clair, des breaks éthérés, bref, c’est tout simplement magnifique.

Puis le groupe de balancer Merkabah et son début d’une grande délicatesse et d’une beauté incroyable. Le chant clair, les arrangements, tout porte à croire que l’on va se prendre une sorte de ballade magnifique dans la tronche, mais très vite Persefone lâche les grattes et les riffs lourds, tout en gardant les touches de clavier en arrière-plan. Cela donne un titre complet, dense, puissant, qui nous laisse rapidement sur le carreau. Il s’agit peut-être de l’un des titres les plus intéressants de cet album, même si tout est constamment beau et touché par la grâce. Car la pièce maîtresse de cet effort réside dans Consciousness (Pt. 3) et ses onze minutes instrumentales. Impressionnant est le seul mot qui peut synthétiser cette symphonie, qui jamais n’ennuie et nous fait passer par toutes les émotions. Pour autant, le groupe ne nous lâche pas et enchaîne avec Anabasis, découpé en trois parties.

Après une première partie qui résonne comme une courte introduction, reprenant d’ailleurs les crépitements du feu de Leap of Faith, on va avoir droit à du très lourd, le groupe s’octroyant alors les services d’Angel Vivaldi, l’un des meilleurs Guitar Hero du monde, mais aussi de Steffen Kummerer, guitariste d’Obscura. Forcément, on a alors du très gros, du très gras, mais avec une maîtrise absolue. C’est une dinguerie à tous les étages, et Persefone de prouver qu’il est un vrai poids lourd de la scène métal prog, tout en s’approchant du Death mélo. Enfin, la dernière partie d’Anabasis pourra se voir comme un conclusion toute en légèreté, comme si le groupe avait un poids en moins, comme si toute la hargne dépensée sur les morceaux précédents laissait place à l’amour, la délicatesse et un apaisement indicible. Une conclusion toute en grâce.

Au final, Metanoia, le dernier album de Persefone, est tout simplement une très grande réussite, et l’un des meilleurs efforts de Métal progressif de ces dix dernières années, si ce n’est plus. Dense, riche, à la fois percutant et d’une douceur sublime, le groupe venu d’Andorre nous en met plein les oreilles, réussissant le tour de force d’être à la fois complexe, mais très accessible pour les néophytes. Un véritable chef-d’œuvre qui ne peut mettre que tout le monde d’accord.

  • Metanoia feat Einar Solberg
  • Katabasis
  • Architecture of the I
  • Leap of Faith
  • Aware of Being Watched feat Merethe Soltvedt
  • Merkabah
  • Consciousness (Pt.3)
  • Anabasis (Pt.1)
  • Anabasis (Pt.2) feat Angel Vivaldi, Steffen Kummerer & Merethe Soltvedt
  • Anabasis (Pt.3)

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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