avril 20, 2024

Un Homme Heureux – Téléfilmesque

De : Tristan Séguéla

Avec Fabrice Luchini, Catherine Frot, Philippe Katerine, Artus

Année : 2023

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

Alors que Jean, maire très conservateur d’une petite ville du Nord, est en campagne pour sa réélection, Edith, sa femme depuis quarante ans, lui annonce une nouvelle qu’elle ne peut plus taire… Au plus profond de son être, elle est – et a toujours été – un homme.

Jean pense d’abord à une plaisanterie mais réalise rapidement qu’Edith est sérieuse et déterminée à mener sa transition jusqu’au bout. Il comprend alors que son couple, mais aussi sa campagne électorale, risquent d’être sacrément chamboulés…

Avis :

Réalisateur français, Tristan Séguéla aime à s’amuser avec la comédie. Voilà dix ans maintenant que son premier film, « 16 ans ou presque« , est arrivé dans nos salles. Depuis, le metteur en scène n’a pas chômé, puisqu’il a réalisé un film environ tous les deux ans. S’en est suivi le pétage de plomb qu’est « Rattrapage« , puis la comédie sociale « Docteur ?« . D’ailleurs, on n’avait plus vraiment de nouvelles de Tristan Séguéla depuis ce dernier film, qui remontait bien avant le Covid.

2023 marque alors son retour avec une nouvelle comédie qui, sur le papier, pouvait être amusante (et c’est ce qu’elle va être en début de film). L’idée de cette histoire vient en partie d’un ami des scénaristes qui a fait sa transition à la cinquantaine bien passée, et il a tout fait pour préserver son couple. Emmené par le duo Fabrice Luchini/Catherine Frot (enfin surtout Luchini), Tristan Séguéla livre une petite comédie qui, sans être catastrophique, ne marquera pas vraiment les esprits. Certes, il y a bien des passages drôles, et il y a une volonté d’amuser tout en parlant d’un sujet de société, malheureusement, si le film réussit très bien son entrée en matière, très vite, le tout devient poussif dans ce qu’il raconte, et derrière ça, il tombe dans le déballage de bons sentiments, ce qui gâche le tout. Dommage.

« Il pouvait en découler un film drôle et touchant qui parlerait au plu grand nombre. »

Jean est un maire de la droite conservatrice d’une petite ville. Alors qu’il compte bien se représenter pour un quatrième mandat, Jean va avoir une annonce à laquelle il ne pouvait s’attendre, puisqu’en effet, sa femme, Edith, va lui révéler qu’elle est en fait un homme, qu’elle l’a toujours été et qu’elle a commencé sa transition. Autant dire que cette annonce fait l’effet d’une bombe dans le quotidien de ce pauvre Jean, qui est à la limite, bien franchie, de l’homophobie.

« Un homme heureux » est une comédie qui peut sonner comme sympathique, mais derrière ça, elle résonne surtout comme un acte manqué. Le sujet de la transidentité est un sujet qui est passionnant, et qui a déjà été magnifiquement traité dans d’autres films, mais l’idée qu’un cinéaste s’empare de ce sujet pour en faire une comédie grand public et populaire était intéressante, car il pouvait en découler un film drôle et touchant qui parlerait au plu grand nombre. Bon, malheureusement, ce ne sera pas la cas avec cet « … homme heureux« , car le film de Tristan Séguéla, s’il se révèle être amusant à bien des moments, dans son ensemble, il explore assez peu son sujet, et derrière ça encore, il s’aventure vers un final lourd, invraisemblable et bien trop gentillet.

« Fabrice Luchini assure le spectacle. »

Alors c’est vrai que lorsqu’on s’aventure du côté des scénaristes, les défauts de ce film ne sont pas surprenants, puisque l’on retrouve Guy Laurent et Isabelle Lazard, scénaristes de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? » ou de « Si on chantait« … Autant dire rien de vraiment folichon, et cet « … homme heureux » résonne comme beaucoup de ce qui peuple leur filmographie. Comédie très sage, comédie qui manque de folie et de drame, il restera comme seul véritable intérêt à ce film le show de Fabrice Luchini, qui, en maire de droite qui balance des horreurs à tout-va, assure la drôlerie et le divertissement pendant une grande partie du film.

Et encore, de ce côté-là aussi, le film fait prendre une trajectoire à son personnage qui peine vraiment à convaincre, tant d’un coup, un virage brutal est effectué et le film sombre dans les bons sentiments et les clichés qu’on connaît par cœur.

Du côté de son casting, si comme je le disais, Fabrice Luchini assure le spectacle, on ne sera pas aussi convaincu par Catherine Frot, qui tient certes un rôle qui est loin d’être évident, et si parfois elle amuse, on aura bien du mal à croire pleinement à ce personnage, car l’actrice y met peu de subtilité, puis comme évoqué plus haut, le film n’ose pas vraiment descendre en profondeur dans son sujet et le mal-être de cet homme. Pour le reste, on sera déçu de trouver des personnages fonctions qui n’apportent pas grand-chose.

« Tristan Séguéla livre une comédie clef en main, qui ne prendra aucun risque. »

Enfin, du côté de sa réalisation, si « Un homme heureux » arrive finalement à atteindre sa cible, c’est-à-dire de divertir l’espace d’une heure et demie, on ne pourra pas dire que le film restera dans les mémoires, car au final, Tristan Séguéla livre une comédie clef en main, qui ne prendra aucun risque (si ce n’est son sujet dans un film grand public). « Un homme heureux » manque alors de cinéma, de fantaisie, de drame et d’émotion, encore une fois, c’est dommage.

Ainsi, cet « … homme heureux » sonne comme une comédie lambda qui n’offre rien de vraiment palpitant, si ce n’est une bonne ouverture de film qui s’amuse avec les réactions de son maire et mari, totalement dépassé par les événements et cette annonce, qu’il n’aurait jamais, ô grand jamais, pu imaginer. L’ensemble, derrière ses défauts, se laisse gentiment regarder, mais à la sortie de la salle, la première chose qu’on se dit, c’est un sujet pareil avec cette idée-là, ça aurait fait des merveilles chez Ozon ou Almodóvar.

Note : 9,5/20

Par Cinéted

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