Titre Original : Project Wolf Hunting
De : Kim Hong-Sun
Avec In-Guk Seo, Jang Dong-Yoon, Gwi-Hwa Choi, Dong-Il Sung
Année : 2023
Pays : Corée du Sud
Genre : Horreur
Résumé :
Alors qu’ils sont transférés depuis les Philippines vers la Corée du Sud par un navire cargo, plusieurs dangereux criminels provoquent une violente émeute jusqu’à ce qu’un monstre non identifié sorte de son sommeil…
Avis :
Ça faisait longtemps, aujourd’hui, c’est en Corée du Sud qu’on va se poser pour aller regarder du côté de la filmographie d’un cinéaste qu’on ne connaît pas bien, Kim Hong-sun. Réalisateur de quarante-six ans, Kim Hong-sun a commencé sa carrière en tant qu’assistant-réalisateur, avant de commencer à réaliser à partir des années 2010. Son premier film, qu’il a écrit, produit et donc réalisé, a décroché le Blue Dragon Film Awards du nouveau réalisateur (l’équivalent de nos César, et on en parle du côté badass du nom des prix coréens ?). Avec ce très bon début, Kim Hong-sun va alors réaliser un film tous les deux ou trois ans.
En 2012, Kim Hong-sun avait écrit son premier film, mais depuis, il avait posé sa plume pour mettre en scène les scénarios que d’autres lui avaient écrit. Pour fêter ses dix ans de carrière, Kim Hong-sun a décidé de reprendre son stylo pour une intrigue complètement dingue qu’il avait en tête. Cette intrigue va donner « Projet Wolf Hunting » un gros film gore, hyper régressif, d’une grande violence. Déjanté et barge, « Projet Wolf Hunting » est un film qui part dans tous les sens, qui se complique la trame pour pas grand-chose, et au-delà de ça, qui nous en met tellement plein la tronche de manière outrancière et assumée, que petit à petit, le film se pose tout simplement comme un gros kiff. On s’éclate, on n’arrête pas de se dire que c’est con, on va même pouffer parfois face à une histoire qui ne se pose pas de limite, mais aussi final, on en redemanderait presque !
« Ne cherchez plus, « Projet Wolf Hunting » est le film le plus taré de ce début d’année 2023. »
Un cargo qui va des Philippines en Corée du Sud transporte une bande de criminels des plus violents. Après parfois des années de traque, ils ont enfin été arrêtés et s’apprêtent à être jugé en Corée. Le voyage est surprotégé et tout aurait dû se passer sans encombre, or, les prisonniers arrivent à s’échapper, et alors que policiers et criminels s’écharpent, leurs bruits et leur fureur réveillent un monstre, non identifié, qui va se mettre à tuer tout ce qui bouge…
Ne cherchez plus, « Projet Wolf Hunting » est le film le plus taré de ce début d’année 2023. Lorsque l’on fait un tour des sorties cinéma du premier trimestre 2023, aucun film ne semble être aussi dingue que celui-ci. Kim Hong-sun a sorti l’artillerie très lourde pour son cinquième film, et pourtant, lorsqu’on regarde l’intrigue de « Projet Wolf Hunting« , on ne peut pas dire non plus que le metteur en scène se soit foulé. Ici, le film nous raconte une histoire de survie, celle de deux groupes qui vont devoir « s’unir » pour faire face à bien plus dangereux qu’eux. Perdu en mer, il n’y a aucun moyen de fuir, et se cacher est difficile, alors il va falloir aller à l’affrontement.
« Le film est un monumental bordel qui part dans tous les sens. »
Si le film est un défouloir qui parfois vire au grotesque génial, ce qui va être surprenant avec ce film, c’est l’idée de poser quelque chose de plus qu’un simple affrontement entre des hommes et « un monstre ». Comme précisé dans le titre, ce dernier évoque un projet, et avec cette idée, Kim Hong-sun injecte alors tout au long de ce récit, des flashbacks, histoire de raconter ce projet, histoire de créer un suspens, et même développer des backgrounds de personnages qui sont censés donner plus de consistance à l’histoire.
Bon, autant le dire, de ce côté-là, le film est un monumental bordel qui part dans tous les sens. Les flashbacks interviennent n’importe quand, même au moment où l’on s’y attend le moins, et bien souvent, ils apportent un côté grotesque, grossissant les traits de cette histoire, l’amenant parfois dans du gros n’importe quoi, qui n’a pas vraiment d’explication (ou alors on trouvera des explications dans la suite, car le film se laisse une énorme porte ouverte et on n’est clairement pas contre.).
Bref, du coup, ce scénario est aussi jubilatoire qu’il peut laisser un goût mitigé, tant il est inégal. Reste alors que face à ces défauts, le côté jubilatoire prend le dessus, tant Kim Hong-sun se défoule avec ce film. Cette traque ultra violente et ultra sanglante en pleine mer nous réserve un lot d’action quasi-ininterrompu. Au programme, mutinerie, crânes fracassés, gunfights, crânes fracassés, bastons, crânes fracassés, des litres et des litres de faux sang, puis encore et toujours des crânes fracassés (je ne crois pas avoir autant vu de crânes fracassés en un film, surtout avec autant d’ingéniosité et d’originalité à chaque fois)…
« Du côté de la réalisation, « Projet Wolf Hunting » est un festival à lui tout seul. »
Le film pourrait presque être comparé à une boucle, tant il y a de la traque, une baston et ça recommence, avec toujours des personnages en moins. D’ailleurs, du côté des personnages qui sont font déglinguer, Kim Hong-sun va faire quelque chose d’étonnant, car très vite, le réalisateur va nous faire comprendre qu’aucun d’eux n’est en sécurité. Oui, le scénario se fiche royalement de buter untel ou untel, ainsi, même les figures principales sont en danger et ça, ça apporte un bon suspens.
Du côté de la réalisation, « Projet Wolf Hunting » est un festival à lui tout seul. Alors bien sûr, comme je le disais plus haut, le film a ses défauts dans le montage, mais derrière ça, construit en trois grandes parties distinctes, il y a surtout ce délire fou, et cette mise en scène pleine de rage qui dégomme et dépote à tout-va. Kim Hong-sun livre un film ultra sanglant, avec des effets gores parfois grossiers, mais tout le temps terribles, qui nous amusent autant qu’ils nous étonnent, car le film jouit de pas mal de créativité.
« Du côté des acteurs, ils sont tous bons, et tiennent des personnages marquants. »
On ajoute à cela le côté labyrinthe du film qui s’en sort très bien, s’amusant avec son huis clos en mer. Un huis clos qui s’amuse aussi avec les genres, au sein même de son propre genre, ce qui est inattendu. « Projet Wolf Hunting« , c’est à la fois un film policier, un film d’évasion qui ressemble à « Les ailes de l’enfer« , mais sur un cargo. On trouvera aussi des éléments fantastiques, de la SF, un côté film d’action, un film de vengeance, ou encore un drame, et pourquoi pas, avec tout ce projet, une critique de société… Bref, comme je le disais, Kim Hong-sun a du mal avec les limites.
Enfin, du côté des acteurs, ils sont tous bons, et tiennent des personnages marquants, alors que beaucoup vont très vite se faire dégommer. Ce qui est appréciable, c’est aussi la découverte de nouveaux visages, moi qui regarde pas mal de cinéma coréen, hormis Seong Dong-il et Park Ho-san qui incarnent des policiers, les autres sont des découvertes. Mention toutefois à Choi Gwi-hwa qui incarne le terrible et terrifiant alpha.
Projet complètement fou, film plein de rage, œuvre gore et sanglante, métrage qui dégomme du crâne avec un plaisir non dissimulé, « Projet Wolf Hunting » est assurément le film le plus dingue et méchant de ce début d’année. Kim Hong-sun nous offre un spectacle de deux heures qui, une fois commencé, ne s’arrête jamais, et alors que le film a ses défauts, ses grossièretés, et se complique franchement l’histoire pour pas grand-chose, nous, on en redemande.
Note : 15/20
Par Cinéted