De : Julien Fournet
Avec les Voix de Kaycie Chase, Paul Borne, Julien Crampon, Pierre Tessier
Année : 2021
Pays : France
Genre : Animation
Résumé :
Pil, une petite orpheline, vit dans les rues de la cité de Roc-en-Brume. Avec ses trois fouines apprivoisées, elle survit en allant chiper de la nourriture dans le château du sinistre régent Tristain, qui usurpe le trône. Un beau jour, pour échapper aux gardes qui la poursuivent, Pil se déguise en enfilant une robe de princesse. La voilà alors embarquée malgré elle dans une quête folle et délirante pour sauver Roland, l’héritier du trône victime d’un enchantement et transformé en… chapoul (moitié chat, moitié poule). Une aventure qui va bouleverser tout le royaume et apprendre à Pil que la noblesse peut se trouver en chacun de nous.
Avis :
Réalisateur français, Julien Fournet est un tout beau, tout neuf dans le monde du cinéma. Touche-à-tout, avant de passer à la réalisation, Julien Fournet a tout d’abord travaillé sur des spectacles vivants au sein de l’Amicale de production, une coopérative lilloise. C’est dans les années 2010 qu’il passe au cinéma, d’abord en travaillant sur « Calibre 9« , dans lequel il fait quelques effets spéciaux et de la figuration. En 2014, il co-réalise avec Ezra Weisz, un moyen-métrage, « Les As de la jungle, le trésor du vieux Jim« . « Pil » est son premier long-métrage.
Il lui aura fallu plusieurs années de travail à Julien Fournet pour arriver à faire ce premier film. Il faut dire que se lancer dans un film d’animation en France, et surtout en 3D, ce n’est pas une mince affaire et pourtant, Julien Fournet vient de réussir de défi haut la main, en livrant un premier film plein d’aventures et de charme. Un premier original, qui prend l’Occitanie comme décor pour raconter l’histoire d’une jeune orpheline qui va se retrouver malgré elle prise dans un complot, qui pourrait mettre un royaume à terre. Drôle, fun et cool, très beau, « Pil » se pose comme une jolie surprise, qui plaît aussi bien aux plus petits comme aux plus grands.
Bienvenue à Roc-en-Brume, une petite ville où règne une certaine légèreté. Dans cette petite ville dirigée d’une main pécuniaire par le régent Tristan, habite Pil, une orpheline qui vit de petits larcins pour survivre et se nourrir. Ce jour-là, la région est en fête, car Tristan va laisser sa place au Prince Roland qui arrive à sa majorité et ainsi, il pourra prendre la succession de son défunt père. Or, Tristan, qui s’est habitué au pouvoir, ne l’entend pas de cette oreille et comme il vient d’une famille de sorciers et sorcières, il décide d’empoisonner le prince. Seule Pil sera témoin de tout cela, et pour sauver Roc-en-Brume, avec ses amis, il va lui falloir casser le sort de Tristan.
Plein de fraîcheur, d’aventures et de personnages attachants, ce premier film pour Julien Fournet est de ceux qu’on appelle une jolie réussite. Avec « Pil« , Julien Fournet nous entraîne dans une aventure médiévale. Une aventure où, par un quiproquo, une jeune orpheline se retrouve Princesse et se trouve être la seule à pouvoir sauver la situation. Doté d’un scénario aussi classique qui arrive à se faire original tout de même, « Pil » est un film qui déroule bien son aventure, ses scènes d’action et de bravoure, pour servir une petite histoire tout à fait plaisante. Bien écrit, oscillant très bien entre un humour qui fait mouche et de bonnes réflexions sur l’amitié, la liberté ou encore l’intégrité, Julien Fournet nous livre là un petit bijou qui fait du bien.
C’est vrai qu’on pourrait reprocher au cinéaste, qui est aussi le scénariste, de nous entraîner dans une histoire dont le fil rouge est assez facile, et même parfois un peu gros, mais devant ça, « Pil » arrive se faire tellement attachant comme film, et il enchaîne si bien ses aventures, ses rencontres, et au-delà de ça, il développe si bien son univers que finalement, la simplicité de cette histoire passe au second plan et l’on se laisse totalement entraîner et mieux encore, puisqu’on aurait bien aimé ce que cette petite aventure dure un peu plus longtemps, car on est vraiment bien en compagnie de ces petits personnages.
Et en parlant de ces personnages, Julien Fournet nous offre tout une galerie de personnages amusants et hauts en couleurs. Des personnages qui arrivent à s’amuser de certains clichés et codes, tout en s’en éloignant aussi. Tous adorables, chacun d’eux trouvent très bien sa place dans cette histoire, même s’il est vrai qu’on aura une belle accroche avec Pil et un garde du château du nom de Crobar. Sur ces deux-là, Julien Fournet a tissé une belle relation, qui raconte beaucoup de choses touchantes. On mentionnera aussi l’excellence du doublage, ici point de guest dans les voix, et c’est bien mieux. Julien Fournet ne s’appuie pas comme d’autres animés qui prônent « avec la voix d’un tel ou une telle », pour faire exister ses personnages.
Enfin, « Pil« , c’est aussi un film qui est superbe en termes d’animation, de décors, de matière et d’esthétisme. Alors, oui, on est loin d’avoir visuellement les prouesses de Disney ou Pixar et d’ailleurs, faire une comparaison n’est pas le bienvenu, car les budgets ne sont pas les mêmes. Mais avec son petit budget justement, Julien Fournet arrive à livrer un superbe spectacle et son animation est au top. « Pil » est un film qui tient un joli cachet et qui offre de l’aventure à gogo, de l’héroïc fantasy, de l’action, et le tout est saupoudré par une jolie touche d’émotion. De plus, on prend beaucoup de plaisir à plonger dans cette France médiévale, dans ce petit village ou encore dans cette forêt maudite.
Comme je le disais, pour son premier film, Julien Fournet réussit joliment tout ce qu’il entreprend. Attaché aux Studios TAT, petit studio toulousain dont c’est la troisième production, « Pil » sonne comme un petit vent de fraîcheur qui fait du bien. Ici, on s’amuse, on s’en prend plein les yeux, on sourit beaucoup, et au-delà de ça, on adore suivre cette joyeuse bande qui s’en va au secours de Roc-en-Brume. Bref, un petit animé comme celui-là, dans le paysage du cinéma français, ça fait du bien.
PS : Mention toute spéciale à la très cool chanson d’Olivier Cussac, « Courcarel, gare à toi » (d’ailleurs, toute la BO est géniale).
Note : 14,5/20
Par Cinéted