De : Nathan Hendrickson
Avec Kate Alden, Jesse James, Chelsea Farthing, Tonya M. Skoog
Année : 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Après la mort de sa mère, Rachel est rejetée par son père, fermier dans une petite communauté. Plusieurs années plus tard, Rachel revient pour sa petite sœur après la disparition de leur père. Mais les habitants du petit village semblent différents…
Avis :
Inconnu au bataillon, Nathan Hendrickson semble commencer son parcours en 2015 avec ce petit film d’horreur, The Hollow One. Avant de toucher un peu au cinéma, il fait sa carrière dans le monde du jeu vidéo en étant directeur de cinématiques pour certains softs, dont Aliens Vs Predator 2 ou encore L’Ombre du Mordor. Aujourd’hui encore, il bosse dans le domaine, puisque c’est à lui que l’on devra les cinématiques du prochain jeu Harry Potter, Hogwarts Legacy. Si on sait que la frontière entre jeu vidéo et cinéma est mince, avec des adaptations dans les deux sens et de plus en plus de mise en scène dans le domaine vidéoludique, il n’a fallu qu’un pas pour Nathan Hendrickson qui dégaine un premier film déroutant, étonnant, mais malheureusement raté. The Hollow One possède un monstre intéressant, avec un background étrange, mais le cinéaste n’en fait malheureusement rien. Retour sur un échec.
Dans les yeux du vide
Le film débute autour d’une jeune femme en sang qui rentre une sorte de clé dans un objet cylindrique. Des années plus tard, on se retrouve auprès d’un couple et de leurs deux filles. L’homme de la maison fait des recherches sur sa femme, qui a un mystérieux collier avec une sorte de clé. L’ainé des deux frangines part flirter avec son copain, pendant que son père reçoit un paquet avec l’objet cylindrique dans lequel il insère la clé, au dépend de sa femme. De retour de soirée, l’ainée de la famille écrase alors sa mère sur la route. On avance encore de quelques années, et à la demande de la petite sœur, les deux frangines décident de retourner dans leur village natal afin de retrouver leur père, porté disparu. Sur place, la grande revoit son ex-compagnon, présent lors du drame. Mais les autres habitants semblent bizarres, comme possédés.
C’est à travers ce pitch nébuleux que l’on va avoir droit à un film où trois personnes mènent des recherches dans un bled paumé où tous les habitants bavent un liquide noirâtre et se font posséder par une entité maléfique. Le script reste très cryptique sur la créature en question, qui semble provenir des origines du monde et s’intéresse fortement à l’aînée de la famille, pour on ne sait quelle raison. Le problème avec ce genre de scénario, c’est qu’il n’arrive pas forcément à tenir son mystère ou, au contraire, reste trop dans la retenue, au point que l’on n’y comprenne plus rien. Et c’est exactement le cas de The Hollow One qui, malgré un monstre intéressant et des fulgurances un peu craspec, perd son spectateur dans un délire religieux qui manque d’impact et de cohérence. Et pourtant, malgré ça, on sent un vrai potentiel derrière.
Trou béant
Si le démarrage est un peu longuet, avec une famille qui semble s’aimer, mais autour de laquelle on sent un certain puritanisme, l’intrigue commence à se faire intéressante lorsque les trois personnages naviguent dans le bled déserté. Outre des apparitions fantomatiques et des bruitages étranges qui accentuent un sentiment de malaise, l’exploration va nous mettre face à des gens au comportement inattendu. Nathan Hendrickson joue beaucoup sur les codes du film de zombie pour partir sur autre chose, sans pour autant vraiment nous expliquer tout ça. Le scénario, trop complexe pour ce qu’il veut raconter, piétine et nous laisse perplexe, dans l’attente d’une explication ou d’un dénouement digne de ce nom. Cela n’arrivera malheureusement pas, le mystère restant entier, excepté à la toute fin, où la bestiole raconte enfin son histoire. Mais c’est trop tard, le mal est fait et l’ennui a pris sa place.
En plus de son scénario dont on ne comprend pas grand-chose, le film peut se targuer de ne rien raconter. Si on l’on essaye de trouver les thèmes évoqués, on se retrouve face à un trou aussi gros que celui sur la gueule du monstre. Le film ne parle pas de fanatisme religieux, ni même du fait de pardonner les bêtises du passé. Si on aura une micro révélation à un moment du film, donnant une autre vision du début, cela reste un twist qui n’a aucun impact sur quoi que ce soit (contrairement à Reeker par exemple, qui fonctionne aussi sur un twist similaire). Le jeune réalisateur mise beaucoup sur son ambiance et sur quelques fulgurances horrifiques, au détriment d’une histoire qui tienne la route et qui prenne aux tripes. On regrettera aussi des personnages lisses, qui n’ont pas vraiment de background et dont les interactions restent en surface.
Le Hellraiser du pauvre ?
Malgré tout le mal que l’on peut penser de ce premier essai, il possède parfois des moments intéressants, qui brassent un large spectre de références. Si le monstre semble provenir des âges reculés de la Terre, il a accès à une certaine technologie permettant de prendre possession des corps. Pour cela, il implante un petit mécanisme dans la nuque des gens. Bien évidemment, on pense irrémédiablement à Hellraiser de Clive Barker et son cube démoniaque. Ici, Nathan Hendrickson essaie de créer une bestiole similaire aux cénobites, mais n’y parvient qu’à moitié, la faute à une ambiance pas assez appuyée et à une demi-molle en matière d’effets gores. Seule la fin va s’emballer un peu, mais entre une réalisation faiblarde (petit budget) et un twist qui veut jouer au plus malin, on restera circonspect et peu convaincu. Dommage, on sentait les prémices d’un truc intéressant.
Au final, The Hollow One est un film qui n’est pas dénué d’intérêt. Le jeune réalisateur veut proposer un métrage cryptique et déroutant, au milieu duquel sévit une créature sans âge qui prend possession des corps. Mais l’écriture du script est tellement bâclée et les personnages sont tellement insupportables, que finalement, on s’ennuie et on reste sur le bas-côté, attendant sagement que quelque chose se passe. Le film est donc un petit raté, qui laissait imaginer de bonnes surprises, mais qui s’enlise dans un faux rythme et dans un twist pété, qui n’a pour lui qu’une belle image de fin, sans incidence ou rapport avec le reste du métrage. Vide.
Note : 07/20
Par AqME