avril 24, 2024

Animals – Film Choc

De : Nabil Ben Yadir

Avec Soufiane Chilah, Gianni Guettaf, Vincent Overath, Lionel Maisin

Année : 2023

Pays : Belgique

Genre : Drame, Policier

Résumé :

Brahim est un jeune homme, la joie de vivre de sa mère. Un jour il trouvera l’amour de sa vie. Il deviendra père de famille et les rendra tous fiers. Un jour, il sera mûr et comblé. Un jour…

Avis :

Acteur et réalisateur belge, Nabil Ben Yadir a une formation d’électrotechnicien, et après ses études, il a passé pas mal de temps chez Volkswagen, à l’usine. Rêvant d’autre chose, alors au carrefour des années 2000, il plaque tout et tente sa chance. En 2001, il décroche un rôle dans « Au-delà de Gibraltar » de son compatriote Taylan Barman. S’ensuit de petits rôles chez Costa Gavras ou de plus grands toujours chez Taylan Barman. Attiré par la réalisation, il réalise un court-métrage en 2005 avant de signer son premier long en 2009 avec la comédie « Les Barons« . Mais c’est avec son deuxième film, le franchement bon « La marche« , que le metteur en scène se fait remarquer.

Après un détour directement en DVD avec « Angle Mort« , Nabil Ben Yadir fait son retour sur nos écrans en 2023 avec un film qui retrace un fait divers des plus atroces. Un crime homophobe qui a choqué toute la Belgique en 2012. Difficile à regarder, cru, d’une extrême violence, avec « Animals« , Nabil Ben Yadir livre un film qui ne fait aucune concession. Un film qui montre l’homophobie dans toute sa violence. Une homophobie terrifiante, haineuse, gratuite et révoltante. On ressort de « Animals » secoué, presque mortifié par tant de réalisme. Avec ce film, Nabil Ben Yadir fait le choix radical de l’horreur, de la vérité, et c’est parfaitement insupportable. Insupportable, mais nécessaire en même temps, car si toute homophobie est un crime, parfois, cela va bien plus loin qu’une insulte et c’est très bien aussi de le rappeler.

«  »Animals » est un film qui installe d’emblée une tension. »

22 Avril 2012 à Liège, Brahim est auprès des siens pour l’anniversaire de sa mère. Brahim est homosexuel, et dans sa famille, personne ou presque ne le sait, car il ne pourrait pas comprendre et encore moins accepter. Brahim est en couple depuis cinq ans avec Thomas et ce jour-là, Brahim veut passer cette fête avec son compagnon, alors il l’a invité sous couvert que c’est un ami. Thomas ne viendra pas, ou sera empêché, et Brahim va alors quitter la soirée pour se rendre en centre-ville et cette nuit, il va faire une mauvaise rencontre…

Il y a des films qui marquent bien plus que d’autres. Il y a des bouleversements qu’on n’attendait pas et lorsque je suis entré en salle, je n’avais jamais entendu parler de l’affaire d’Ihsane Jarfi, un jeune homme qui fut torturé et tué parce que gay.

Divisé en trois grandes parties, avant le meurtre, le meurtre en lui-même et après ce dernier, « Animals » est un film qui installe d’emblée une tension, car bien avant d’évoquer, ou de montrer ce meurtre immonde, Nabil Ben Yadir va tout d’abord nous présenter son personnage au travers de son contexte familial. Bouleversant dès le début, « Animals« , c’est tout d’abord le portrait d’un jeune homme qui est comme pris au piège chez lui, obligé de mentir, se cacher, et mener une double vie. Directement, un malaise se fait sentir, et au travers de ce dernier le réalisateur évoque la pression familiale, ainsi que celle de la religion. À l’aide de plusieurs grands plans séquences où l’on suit le personnage déambuler auprès des siens, « Animals » nous immerge totalement. Ici, on est au plus près des émotions et des maux de Brahim et comme vous l’imaginez, ça ne va pas s’arrêter-là, puisque une fois le portrait de famille et du jeune dressé, le réalisateur le fait sortir de chez lui et aller vers son funeste destin.

« Nabil Ben Yadir va raconter ce meurtre et la déconnexion de des assassins, dans les moindres détails. »

Avec cette deuxième partie, « Animals » ne va faire que se tendre de plus en plus, et petit à petit, il bascule dans l’horreur la plus complète. Une sortie de bar, une mauvaise rencontre, puis de blagues vaseuses à des premiers coups, histoire de donner la leçon au PD, mais la haine, la peur, la bêtise ne vont pas s’arrêter-la, et bientôt, Nabil Ben Yadir va raconter ce meurtre et la déconnexion de des assassins, dans les moindres détails. C’est pour se marrer, soi-disant… Filmé à l’aide de portables (car c’est cool de se filmer en train de casser du PD), « Animals » montrera sans artifice, sans esthétisme, avec le plus de réalisme possible, le visage de l’homophobie.

Ici, il sera difficile de ne pas détourner les yeux, il est difficile de ne pas être révolté, mais cette violence-là existe bel et bien, et la montrer ainsi n’est pas un exercice de style, ou une volonté de déranger. Non, ici, Nabil Ben Yadir pointe du doigt la connerie et l’arrogance de certains êtres humains. Tout comme on peut aussi y voir une critique de la société, face à ces quatre jeunes hommes qui filment leur méfait, parce que je le répète, on passe une bonne soirée.

Puis enfin, pour conclure cette horrible nuit, et pour achever ses personnages, « Animals » s’aventurera à suivre l’un d’entre eux, pendant quelques heures. Quelques heures anecdotiques, et pas tant que ça à la fois, et ces quelques heures seront sans appel, face à la débilité et encore une fois la déconnexion de l’être humain.

« L’année de cinéma 2023 vient à peine de commencer, et assurément « Animals » se pose comme l’un de ses films les plus choquants. »

Si tous les acteurs sont bluffants de réalisme, dans la peau de la victime, on trouve Soufiane Chilah, et le jeune comédien qu’on découvre est renversant de bout en bout de film. Le rôle est dur, pour ne pas dire atroce, et l’acteur nous fait passer tant d’émotions que là encore, c’est difficile de sortir du film et de le laisser gisant au beau milieu d’une clairière.

L’année de cinéma 2023 vient à peine de commencer, et assurément « Animals » se pose comme l’un de ses films les plus choquants. Rarement une démarche pour montrer un acte comme celui-là aura été faite ainsi. « Animals » est dur, très dur, à regarder, il m’a puissamment bouleversé, et en même temps, il montre avec tout ce qu’il y a de plus sombre une réalité et il met un visage et des coups sur l’homophobie. Bref, extrême, violent, glauque, dérangeant, animal, mais tristement nécessaire. Le film est évidemment dédié à Ihsane Jarfi, sauvagement assassiné à l’âge de trente-deux ans.

Note : 18/20

Par Cinéted

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