avril 25, 2024

Utøya, 22 Juillet

Titre Original : Utoya 22. Juli

De : Erik Poppe

Avec Andrea Berntzen, Elli Rhiannon Müller Osbourne, Aleksander Holmen, Brede Fristad

Année : 2018

Pays : Norvège

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

Île d’Utøya, Norvège. Le 22 juillet 2011.
Dans un camp d‘été organisé par la Ligue des jeunes travaillistes, un homme de 32 ans ouvre le feu.

Avis :

Réalisateur norvégien, Erik Poppe est un nom qui n’est pas vraiment connu et c’est bien dommage, car le réalisateur a beaucoup de talent et ses films, enfin du moins le peut que j’en ai vu, ont toujours été de sacrées bonnes expériences. Je ne peux que vous conseiller de voir un film qui s’appelle « En eaux troubles« . Ce film est une histoire de pardon, et c’est peut-être à ce jour son plus grand film. Oui, je dis peut-être, car s’il est plutôt facile de trouver ses films les plus récents, ceux qui sont antérieurs à « en eaux troubles » sont difficilement trouvables.

Après s’être aventuré sur les terrains de la Seconde Guerre mondiale, en plaçant son curseur en Norvège, Erik Poppe revient deux ans plus tard et cette fois-ci, il a décidé de placer sa caméra dans une époque bien plus proche, la nôtre, et le réalisateur s’arrête sur un drame qui a secoué le monde, l’attaque de l’île d’Utøya à l’été 2011.

Tourné en un seul plan-séquence, « Utøya, 22 Juillet » est un film pour le moins éprouvant. Erik Poppe filme l’horreur de cette attaque à travers les yeux d’une jeune fille dont le personnage, tout comme les autres d’ailleurs, est fictif. Éprouvant donc, émouvant et percutant, « Utøya, 22 Juillet« , une fois commencé, ne nous lâche jamais et l’on en ressort les jambes coupées.

Vendredi 22 Juillet 2011, un peu après 17 h sur l’île d’Utøya en Norvège, alors que des jeunes du parti travailliste sont réunis pour week-end d’amusement, un homme très lourdement armé fait irruption sur l’île et ouvre le feu. Cet homme a commis quelques heures plutôt un attentat à Oslo. Faisant partie d’un groupe d’extrême droite, avec cette attaque, il compte dénoncer le marxisme culturel qui selon lui laisse l’Europe être colonisé par l’Islam. Parmi les jeunes de ce camp qui vont essayer de survivre se trouve Kaja, qui va tout faire pour retrouver sa jeune sœur.

2018 a vu arriver sur ses petits et grands écrans deux films qui racontent l’horreur de ce 22 Juillet. Le premier, c’est un film du britannique Paul Greengrass qui est sorti directement sur Netflix, et qui raconte l’attaque, mais aussi le procès qui a suivi. Le film est très bon et assemblé à celui d’Erik Poppe, il se trouve qu’ils se complètent bien.

Bref, quelques mois plus tard arrive le film d’Erik Poppe, qui a décidé de se mettre à hauteur d’adolescent et de nous enfermer pendant une heure et demi sur l’île d’Utøya pour livrer un bon drame, sous très haute tension. Pour appuyer son idée et nous emmener au plus près, le réalisateur a choisi de faire son film en un seul et unique plan-séquence et autant dire que cette idée, alliée à ce drame, et tenu par une jeune actrice extraordinaire, fait que « Utøya, 22 Juillet » est tout simplement éprouvant de bout en bout.

Si le film revient sur un fait véridique, Erik Poppe s’appuie sur beaucoup de témoignages, par respect des victimes, il a décidé cependant de faire un film où tous les personnages sont fictifs, et c’est une bonne idée, dans le sens où cela permet au réalisateur de pouvoir raconter ce drame avec un peu plus de liberté, sans être irrespectueux, ou voyeur, ce qui aurait pu mettre très mal à l’aise. Le film nous mettra bel et bien mal à l’aise, mais c’est sur d’autres niveaux.

« Utøya, 22 Juillet » est un film qui nous fait vivre cette heure et demi d’horreur à travers les yeux d’une adolescente, et on peut dire très aisément que le film d’Erik Poppe est constamment sous tension. Une tension qui ne cesse de grandir au rythme des tirs de l’assaillant, qui vont être plus ou moins lointains. D’ailleurs, pour accentuer encore plus la tension et le sentiment de piège et d’enfermement, alors même que les personnages sont en plein air, il faut saluer l’énorme travail qui a été fait autour du son. Tirs, cris, ou encore des bruits de jeunes qui courent en hors champ sont omniprésents, et comme la caméra ne quitte jamais le personnage de Kaya (personnage incroyablement tenu par Andrea Berntzen), Erik Poppe nous implique à hauteur de personnage dans ce récit. Comme elle, on écoute les sons, on peut évaluer la distance des tirs, pour avoir une idée de quand fuir, quand se relever, et de quel côté aller.

De plus, ce plan-séquence, et surtout l’attaque qui dure exactement le temps qu’a duré la véritable attaque, permet aussi de plonger au cœur de la longueur pour être délivré. L’attaque a duré soixante-douze minutes. Soixante-douze minutes de tirs, de terreur, d’incompréhension, mais aussi d’accalmie et parfois même de longueurs, qui vont être utiles ici, car elles appuient en un sens le temps qui parfois ne s’écoule plus. Bref, ce plan-séquence est fou, et il ne cesse au cours des minutes de nous serrer la gorge, et plus largement de nous éprouver, au point que comme ces personnages, on veut que ça se finisse.

« Utøya, 22 Juillet » d’Erik Poppe est donc une expérience de cinéma lourde et difficile. « Utøya, 22 Juillet » est un film dont on ressort secoué, voire même percuté. Ce plan-séquence d’une virtuosité folle nous aura plongé au plus près de la terreur, et aura amené tout un tas de questions avec lui. Des questions qui iront du « qu’aurais-je fait ? » à « Peut-on filmer l’horreur d’Utøya, moins de sept ans après les faits ? ». Chacun y trouvera sa réponse et ses émotions. Pour ma part, je me suis pris une claque émotionnelle et visuelle.

Note : 15/20

Par Cinéted

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