mars 29, 2024

La Bataille de la Vallée du Diable

Titre Original : Duel at Diablo

De : Ralph Nelson

Avec James Garner, Sidney Poitier, Bibi Andersson, Bill Travers

Année : 1966

Pays : Etats-Unis

Genre : Western

Résumé :

Alors qu’il ramène une femme, enlevée par les Indiens, un shérif croise une troupe militaire. Ils devront traverser le désert et les attaques des Apaches afin d’atteindre un fort.

Avis :

Durant les années 60, le western va connaître un nouvel essor qui va en laisser plus d’un sur le carreau. La violence se fait plus présente, au point de choquer les spectateurs qui ne s’attendent pas à autant de fusillades. Le point d’orgue est atteint en 1969 avec La Horde Sauvage de Sam Peckinpah, qui filme un dernier acte incroyable, libérant toute sa colère contre le système hollywoodien. Trois ans plus tôt, un autre western va faire parler de lui pour sa violence qui va faire jaser le public et les critiques. Ce film, c’est La Bataille de la Vallée du Diable signé Ralph Nelson. Commençant sa carrière dans les années 50 avec une comédie musicale, le metteur en scène va ensuite trouver le succès avec Requiem Pour un Champion, puis quelques films d’aventures qui laisse présager un goût pour la violence. Violence qui ressortira avec ce premier western.

Une longue traversée

Le démarrage du film est assez étonnant et laisse planer l’envie de mettre en scène des fusillades à tout va. On va y voir un mercenaire qui trouve une femme en plein désert. Cette dernière est poursuivie par des indiens et le mercenaire va alors la sauver et la ramener à son mari. Un mari qui semble dégoûté de la revoir. En parallèle de ça, une troupe de soldats doit aller d’un fort à un autre en passant par la vallée du diable. Manque de bol, les apaches sont présents dans la région et ont envie d’en découdre avec les envahisseurs. Il va alors s’ensuivre une quête pour traverser et survivre. Très clairement, La Bataille pour la Vallée du Diable est un western on ne peut plus classique. Les protagonistes doivent aller d’un point A à un point B, et pour cela, il faut passer à travers un régiment indien.

L’intelligence du récit réside dans le fait qu’il y a deux intrigues qui se rejoignent et qui vont permettre de brasser deux thèmes bien différents. D’un point de vue structurel, le film de Ralph Nelson est très simple, avec une narration basique. Les héros vont coopérer avec les soldats pour traverser, et certaines missions risquées donneront du fil à retordre à nos personnages. Ainsi, on aura droit à l’éleveur de chevaux au grand cœur qui sait se battre et diriger un régiment, ou encore au mercenaire qui fut shérif et qui veut se venger de la mort de sa femme. Et pour cela, il doit se rendre dans la ville où tout le monde semble vouloir se rendre. Cela arrange bien les choses et permet de donner une grande bataille sur le dernier tiers du métrage, où l’on va voir indiens et américains se mettre sur la couenne.

Racisme et héroïsme

Si l’on outrepasse les quelques fusillades présentes qui aujourd’hui font pâle figure (avec une violence qui pourrait paraître anodine de nos jours), La Bataille pour la Vallée du Diable va surtout parler de racisme et de cultures. C’est d’ailleurs la véritable force du récit qui arrive à mettre du fond dans un script simple et dégraissé. Ici, les indiens sont clairement les méchants, avec des méthodes de torture ignobles. Pour autant, ils sont agressifs pour une bonne raison. Ils sont boutés hors de chez eux et on ne respecte pas leur tradition. Pire, certains cowboys s’éclatent à faire des scalps, traitant ainsi les indiens comme des animaux que l’on tond. Le héros veut alors se venger de l’homme qui a tué sa femme, une squaw qui n’avait rien demandé à personne. Il en va de même pour la femme «sauvée» des indiens.

Elle est tombée amoureuse du fils du chef et a eu un enfant avec lui. De là va alors naître une sorte de haine raciale de la part des américains, tout en acceptant ce nouveau-né qui peut servir de pièce d’échange en cas de perte dans la bataille. Alors oui, le film est vu du point de vue des américains, considérés comme les gentils, mais il y a aussi des saloperies dans le lot, à l’image de ce marshal raciste ou de cet homme d’affaires misogyne et opportuniste. Ralph Nelson arrive à ajuster son tir pour que son scénario ne soit pas trop manichéen, même si la bataille laisse clairement entrevoir des indiens sanguinaires et sans pitié. Il n’y a d’ailleurs qu’eux qui tuent en utilisant la torture. Et il n’y a visiblement aucun problème avec le personnage noir qui ne subit aucune remarque raciste…

Tout ça pour ça

En parlant de la bataille finale d’ailleurs, cette dernière manque cruellement de panache et de nervosité. Alors certes, nous sommes en 1966 et les techniques n’étaient autant au point qu’aujourd’hui. Pour autant, on a vu mieux une paire d’années plus tard chez Sam Peckinpah par exemple. Ralph Nelson se contente du minimum et ne se sert pas de son espace pour créer des conflits plus violents ou stressants. Si les américains sont bloqués au pied d’une falaise, elle n’est jamais utilisée pour créer une sensation d’étouffement. De même, l’ambiance poussiéreuse du western n’est pas vraiment retranscrite et il manque à ce film une sorte de flamme pour vraiment nous prendre aux tripes. Cela est aussi dû aux personnages qui restent anecdotiques malgré de grands acteurs comme Sidney Poitier ou James Garner. Leurs personnages ne sont pas assez travaillés et manquent d’épaisseur.

Au final, La Bataille de la Vallée du Diable est un western assez classique qui a ses bons moments comme ses mauvais côtés. Si on appréciera le message sur le racisme latent des cowboys, on restera sur notre faim lorsque l’on verra que tous les indiens sont de fieffés mécréants. Si on prendra plaisir à suivre l’intrigue générale du film, on restera plus circonspect sur certains segments qui manquent de mordant. En bref, le film de Ralph Nelson souffle le chaud et le froid, et même s’il trouve un certain équilibre dans ce qu’il énonce, il reste un petit western qui ne se démarque pas forcément du reste.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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