avril 27, 2024

A Bras Ouverts

De : Philippe de Chauveron

Avec Christian Clavier, Ary Abittan, Elsa Zylberstein, Cyril Lecomte

Année : 2017

Pays : France, Belgique

Genre : Comédie

Résumé :

Figure de la scène littéraire et médiatique française, Jean-Etienne Fougerole est un intellectuel humaniste marié à une riche héritière déconnectée des réalités. Alors que Fougerole fait la promotion dans un débat télévisé de son nouveau roman « A bras ouverts », invitant les plus aisés à accueillir chez eux les personnes dans le besoin, son opposant le met au défi d’appliquer ce qu’il préconise dans son ouvrage. Coincé et piqué au vif, Fougerole prend au mot son adversaire et accepte le challenge pour ne pas perdre la face. Mais dès le soir-même, on sonne à la porte de sa somptueuse maison de Marnes-la-coquette… Les convictions des Fougerole vont être mises à rude épreuve !

Avis :

Il fut un temps où Philippe de Chauveron était un illustre inconnu qui réalisait des comédies françaises au mieux oubliables. C’est à lui que l’on doit le premier film sur Ducobu, ainsi que sa suite, ou encore L’Amour aux Trousses, une comédie policière qui n’a fait aucun bruit malgré la présence de Jean Dujardin. Bref, tout allait pour le mieux pour l’amateur de comédie française originale, qui pouvait ignorer l’existence de ce sinistre cinéaste. Puis en 2014, il signe LA comédie populaire par excellence, celle qui va attirer une foule improbable dans les salles, Qu’est-ce qu’on a Fait au Bon Dieu ?. Ainsi, Philippe de Chauveron trouve une popularité insoupçonnée et il va pouvoir faire des comédies bien lourdes, avec de gros castings, pour attirer un peu plus le beauf amateur de blagues racistes et de propos homophobes (mais comme c’est pour rire, ça va).

Non content d’avoir une filmographie qui sent la merde à plein nez, le réalisateur va délaisser les familles mixtes pour se plonger à corps perdu dans un récit encore plus nauséabond que son immense succès en se foutant royalement de la gueule des roms, mais aussi des bobos de gauche. Avec A Bras Ouverts, le réalisateur français signe une comédie d’une nullité abyssale, mais pire que ça, il signe un pamphlet droitard, qui montre que les roms sont des gens dégueulasses, ignares, qui bouffent des taupes, et les riches gauchistes de simples pseudos penseurs qui véhiculent leurs idées pour se faire bien voir mais qui, dans les faits, sont aussi de droite. Il en résulte un film dangereux, qui sert plus l’extrême droite que notre conscience, et qui peut se targuer de n’avoir aucun moment drôle. Nous sommes face à une brave purge.

« Les rires ne viendront jamais. »

Le scénario est on ne peut plus grotesque. Christian Clavier joue un ersatz de BHL qui se gausse dans les médias d’être de gauche. Pris à parti par un élu d’extrême droite, acculé, il balance son adresse et annonce qu’il accueillera les roms qui viendront chez lui. Il n’en faut pas plus à Babik et sa famille pour se radiner dans le jardin et perturber la tranquille vie de ce bourgeois qui veut les pauvres loin de chez lui. Comme on peut le deviner, il va y avoir une confrontation entre deux mondes, celui des riches et de pauvres, et au milieu de tout ça, on va y ajouter des modes de vie différents et l’omniprésence des médias pour lesquels on serait près à se prostituer. Bref, sans grande surprise, le film joue sur la dualité/amitié entre le riche et le rom, en essayant de faire rire.

Malheureusement, les rires ne viendront jamais. La faute à un script indigent qui joue constamment sur la moquerie des pauvres et les rituels étranges des roms. Babik se déguise en péruvien pour jouer de la musique afin de faire la manche. Il se montre violent si sa fille couche avant le mariage. Son cousin débile chasse des taupes à mains nues. Bref, on a un portrait indigent qui rabaisse constamment la communauté rom. On a du mal à croire que le réalisateur ait fait appel à un rom pour valider le film. Au-delà des mauvaises blagues racistes, le film va aussi jouer la carte de l’assimilation, grand discours de droite, et on va voir que ça marche, chacun usant de ses compétences, même si cela peut se traduire par de l’esclavage. Comment ne pas ressentir une gêne lorsque l’on voit deux filles roms faire le ménage pour une riche.

« Au niveau de la mise en scène, on est dans le degré zéro. »

Bien sûr, dans son délire de droite attardé, on aura aussi un portrait dégradant du type de gauche blindé, qui n’a que des mots et de la comm. Christian Clavier joue un type puant, qui utilise les roms pour soigner son image et gagner des points pour les élections. Mais le pire reste sa femme, LA bourgeoise par excellence, qui se dit artiste mais qui fait de la merde. On est dans des clichés qui ont la dent dure, et rien n’est fait pour remettre cela en question. On peut aussi citer le type d’extrême-droite, dont, d’après le regard du réalisateur, être homosexuel est une tare à cacher. Et comment ne pas revenir sur le serviteur hindou, caricature raciste et datée. Bref, tous les personnages de ce film sont abjects et ne font absolument pas rire. Et encore, on ne parle même pas des oublis dans le scénario.

Au niveau de la mise en scène, on est dans le degré zéro. C’est-à-dire que l’on n’est pas dans la recherche de beaux plans, ou dans la volonté de créer quelque chose. A Bras Ouverts se contente de champs/contre-champs, ainsi que d’une mise en scène plate où rien ne reste vraiment en tête. Si ce n’est le jeu atroce des acteurs, qui sont en roue libre totale. Christian Clavier est égal à lui-même. Ary Abittan est catastrophique dans un rôle moqueur et désagréable. Quant à Elsa Zylberstein, c’est la cerise sur le gâteau. Rarement elle aura été aussi mauvaise, notamment pour jouer la colère ou la peur. Elle est ridicule et elle doit savoir qu’avec ce film, elle risque de flinguer sa carrière. Bref, c’est festival de tout ce qu’il ne faut pas faire.

Au final, A Bras Ouverts est une purge phénoménale, certainement l’un des pires films français de ces dernières années. Raciste, homophobe, réac, beauf, on pourrait presque croire à une production de droite, tant rien ne va, humainement parlant. Ceci étant, ce film est aussi un cas d’école, qu’il faut montrer dans toutes les classes de cinéma pour exposer tout ce qu’il ne faut pas faire dans le septième art. Bref, un navet dégueulasse.

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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