Titre Original : House of Whipcord
De : Pete Walker
Avec Barbara Markham, Patrick Barr, Ray Brooks, Ann Michelle
Année: 1974
Pays: Angleterre
Genre: Horreur
Résumé:
Un vieil homme, résidant dans une vieille maison, conduit un institut correctionnel pour filles. Complètement déconnecté de la réalité et de son époque, assisté par une matrone qui aime faire souffrir les jeunes filles. Mais le fils de cette dernière tombe amoureux de l’une des filles et compte bien faire cesser toute cette ignoble mascarade…
Avis :
Pete Walker est un réalisateur qui commence sa carrière au début des années 60. Baignant dans un monde d’artistes dès son plus jeune âge, il va commencer pour tourner des courts-métrages érotiques à destination d’un public plus ou moins restreint. Par la suite, en trouvant plus de budget, il va se mettre à faire des films, toujours érotiques, mais avec des moyens plus conséquents et il va commencer à se faire un nom. Cependant, dans les années 70, le cinéma érotique commence à battre de l’aile, tout comme La Hammer, qui signe deux films insignifiants, Dracula Vit Toujours à Londres et Dracula 73. Le réalisateur, alors plus ou moins influencé par des scénaristes, va se mettre à tourner des films d’horreur de façon indépendante, tout en rejetant la figure du monstre comme le vampire ou le loup-garou. Il décide de mettre dans ses films des monstres bien humains, représentant même une certaine caste ou une certaine autorité établie au sein de notre société. Et Flagellations va être le premier bon film de Pete Walker, parmi trois qu’il faut retenir avec Frightmare et Mortelles Confessions.
Dans Flagellations, Pete Walker ne va pas parler de religion comme il va le faire une paire d’années plus tard sur Mortelles Confessions, mais plutôt d’aristocratie et de personnes qui croient encore aux châtiments corporelles pour remettre dans le droit chemin quelques jeunes donzelles. Pour la petite histoire, lors d’une soirée mondaine, une jeune femme s’éprend d’un certain Mark Desade, qui va l’amener en weekend chez sa mère. Manque de pot, cette mère en question dirige une prison clandestine qui est vouée à remettre sur le droit chemin les femmes dont le comportement est jugé inapproprié en société. Malheureusement, il s’agit d’une prison où l’on ressort les pieds devant. Avec ce métrage, Pete Walker va mettre en avant deux choses très importantes. En premier lieu, la privation de liberté dans le monde. En effet, en présentant cette prison et sa matrone, on voit bien que le film veut mettre l’accent sur des gens qui valident la peine de mort et qui veulent une société bien rangée, propre, lisse, notamment pour les femmes. On se rapproche vraiment d’une vision très religieuse de l’image de la femme et Pete Walker va partir très loin dans son délire et sa dénonciation.
Car il ne faut pas croire, mais Flagellations pointe aussi du doigt une certaine bourgeoisie en manque d’expériences et qui vit recluse sur elle-même. Cette famille, complètement frappée, vit dans une immense prison perdue au milieu des champs et vit dans une autarcie quasi complète. Ce sont d’ailleurs les deux infirmières qui vont faire les courses et pas les deux dirigeants. Ce film pointe aussi du doigt la justice et parfois son laxisme, et le cinéaste se moque parfois des séances au tribunal, avec cette parodie de jugement dans cette prison complètement malsaine. Le film n’épargne pas grand-chose et semble avoir beaucoup de choses à dire sur la société britannique des années 70. De ce fait, le film peut se voir comme un brûlot sans concession sur une société qui part à la dérive et une bourgeoisie qui croit détenir la vérité absolue. Bien entendu, les références au marquis de Sade sont nombreuses et cela n’est pas dû au hasard. Le film va mettre en avant quelques séances de torture, notamment psychologiques, afin de pousser chaque jeune fille enfermée dans leurs retranchements.
Avec ce métrage, Pete Walker va jouer sur deux tableaux pour attirer du monde. A l’époque, le film était considéré comme X alors qu’il n’y a pas une seule scène de sexe. Par contre, il y a de la nudité et le réalisateur, amateur de films érotiques comme on a pu le voir au début, sait très bien filmer ses actrices, dont les charmes sont très effectifs. On pourra y voir une sorte de sexualité, parfois un peu déviante, mais surtout une facilité à se mettre à nu, n’importe où, même dans les lieux un peu insalubres. A côté de ça, le film va être assez violent, surtout pour son époque. Si le gore est assez absent (on retrouvera plus de choses frontales dans Mortelles Confessions), il n’en demeure pas moins que la torture sera psychologique et que les coups de fouet vont faire mal. Certes, les maquillages auront pris un coup de vieux, mais cela demeure efficace. Tout comme le déroulement final, qui sera, à l’image du film, sans concession, radical et dur à accepter.
L’autre point intéressant du film, c’est que sans mettre trop de temps à démarrer, le réalisateur va peaufiner ses personnages. En premier lieu, on aura droit à l’ingénue de base, mais qui saura se montrer forte quand il le faut et elle reste malgré tout une victime un peu innocente dans les deux cas de figure, dans l’art où elle pose nue à ses dépens (des photos prises sur le vif) et dans cette prison illégale. Ensuite, on aura droit à sa colocataire, qui joue plus le rôle de tampon, qui va calmer le jeu, puis s’inquiéter pour cette jeune fille. C’est un peu la grande sœur qui tient son rôle très au sérieux. On aura aussi le couple qui gère la prison et qui a une histoire sordide à cacher, des démons à affronter. On aura aussi une gardienne de prison ambitieuse et une autre, qui semble très froide mais qui va se révéler un peu plus humaine sur la fin, jouant un rôle très ambigu. Bref, tous les personnages sont intéressants, que ce soit dans leur normalité ou dans leur monstruosité.
Au final, Flagellations est certainement l’un des meilleurs coups de Pete Walker. Se plaçant entre le film d’horreur, le thriller et le pamphlet contre une société qui se fourvoie dans son chemin vers une pseudo normalité, Flagellations fonctionne toujours aussi bien aujourd’hui, que ce soit dans sa violence psychologique ou dans sa mise en scène sobre. Bref, un film très intéressant, relativement intelligent et dont la restauration est impeccable.
Note : 15/20
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Par AqME