Auteur : Ally Condie
Editeur : Gallimard Jeunesse
Genre : Dystopie
Résumé :
Depuis que la population a été divisée, une partie de l’humanité vit sous l’eau, dans la cité d’Atlantia, comme Rio et sa sœur jumelle, Bay. Tandis que les autres sont restés à la surface de la terre. Lorsqu’à l’heure du choix, le jour de ses dix-huit ans, Bay décide d’aller vivre En-Haut, Rio se sent trahie. Car c’est elle qui rêvait depuis toujours du sable et du ciel d’En-Haut. Mais un seul membre par famille est autorisé à partir. Pourquoi sa sœur l’a-t-elle abandonnée sans explication ? Tout en élaborant un plan pour la rejoindre, Rio se confronte au mystère qui entoure la mort de leur mère. Aidée par un garçon troublant, elle aura besoin de tout son courage et de sa persévérance pour découvrir les vérités qu’on lui cache. Sur elle-même, sa famille, mais aussi sur le beau monde d’Atlantia qui s’effrite, et les véritables dangers qui le mettent en péril…
Avis :
Atlantia est le dernier livre de l’auteure best-seller Ally Condie qui nous avait fascinés avec sa trilogie Promise (Promise, Conquise, Insoumise), une dystopie qui avait marqué un tournant dans la littérature jeunesse, au même titre que Hunger Games. La trilogie perdait de son rythme haletant sur la fin. Son nouveau roman dystopique, Atlantia, ne rattrape malheureusement pas grand-chose.
Le thème était pourtant très intéressant : comment faire en sorte de sauver la planète malgré la pollution grandissante et tueuse ? L’auteure a imaginé une solution coûteuse. Atlantia, comme ses origines mythiques l’indiquent, est une cité sous-marine, construite de toutes pièces par la main de l’Homme. L’eau est retenue par des technologies qui ne nous sont pas révélé, grâce à d’épaisses parois de verre. L’air est maintenu respirable et les ressources nécessaires proviennent de la surface via des transports performants. Les habitants d’Atlantia vivent sereinement et ont des préoccupations toutes bien différentes par rapport à ceux qui doivent lutter contre la pollution.
On entrevoit vite arriver les problèmes engendrés par cette division de la pollution. Pour maintenir un tant soit peu une paix relative entre ces deux univers, l’un aquatique, l’autre terrestre, l’auteure a imaginé un concept intéressant mais néanmoins douloureux : chaque habitant d’Atlantia a de la famille en surface et chaque habitant en surface a de la famille à Atlantia. Cela permet de faire en sorte que ceux vivant tranquillement n’ignorent pas totalement ceux qui souffrent et vice versa. Cela paraît tout de même bancal et on a du mal à voir comment un tel système pourrait fonctionner sur une très longue durée. Cela mine le roman qui nous semble de moins en moins crédible au fur et à mesure de la lecture.
L’intrigue principale ne tourne pas vraiment autour de la cité, comme on pouvait s’y attendre, mais autour d’un mythe marin : les sirènes. Cette création originale est vraiment captivante et les mystères autour de ces entités sont alignés au compte-goutte. Cependant, la chute est décevante et tout le suspens mené tambour battant du début à la fin du livre redescend de manière brutale sur des révélations qui nous paraissent banales ou comme ne méritant pas de telles tortures de la part des personnages principaux.
La fin arrive ensuite trop vite et est trop gentillette. Même s’il est agréable que tout se termine bien, cela manque de crédibilité car les actions des personnages principaux, les deux sœurs Bay et Rio, se déroulent sans problème et un peu trop facilement. On aurait aimé que cela dure plus longtemps : que l’intervention de Bay soit plus détaillée et que celle de Rio soit beaucoup plus approfondie.
Le complot final nous apparaît comme évident, étant donné les circonstances de la création d’Atlantia et est réglé un peu trop aisément. Le méchant de l’histoire manque cruellement de charisme et on retrouve en lui des clichés quelque peu consternants qui finissent par lasser.
Le monde d’En-haut, celui de la surface, n’est pas beaucoup décrit et c’est bien dommage. On s’imagine mal le monde apocalyptique et la misère ambiante que subissent les survivants. Au contraire, le monde d’En-bas, aquatique, est mieux détaillé et nous offre une image magique et féerique d’un monde à l’écart où tout semble aller bien. Cette différence n’a pas été assez exploitée et enlève de la force au conflit final car on ne comprend pas tous les tenants et aboutissants mis en jeu.
L’histoire d’amour vécue par Rio est bien mise en scène et n’a rien de niais ou d’ennuyeux. Elle reste simple, peu mise en avant et permet au lecteur de s’attacher un peu plus à Rio qui est la narratrice principale du roman. L’écriture est simple, lente et manque de profondeur. Les questionnements de Rio sont omniprésents et ralentissent l’action.
D’autres personnages, comme Sea ou Oceana, apportent plus de maturité à l’histoire et une dimension plus spirituelle et religieuse. Les messages sur ces sujets sont intelligents et discrets. Les dieux d’En-bas et ceux d’En-haut sont les mêmes mais représentés sous des formes différentes, pour rappeler aux autres ceux qui vivent ailleurs (forme aquatique pour ceux d’En-haut et forme animale pour ceux d’En-bas).
Atlantia est un roman qui n’aura peut-être pas de suite et qui se termine d’une belle manière, sur une note de partage et de vivre-ensemble. Les personnages principaux, certainement trop jeunes, enlèvent de la force au récit. Il ne se passe pas grand-chose en définitive et la chute, comme le conflit final, déçoivent. Les points positifs n’arrivent pas à combler le reste et l’idée originale des sirènes perd de sa saveur. Enfin, il y a des faits que l’on ne comprend pas très bien et qui finissent par nous apparaître comme des incohérences.
Note: 10/20
Par Lildrille