Titre Original : Kis Uykusu
De : Nuri Bilge Ceylan
Avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag, Ayberk Pekcan
Année : 2014
Pays : Turquie
Genre : Drame
Résumé :
Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements…
Avis :
Réalisateur turc, Nuri Bilge Ceylan est bien souvent présenté comme le plus dingue représentant du cinéma de son pays. Chouchou du festival de Cannes, dont on ne compte plus les récompenses, c’est la première fois que je me glisse dans l’une de ses œuvres et ça malgré le fait que sa filmographie me titille depuis un petit bout de temps.
Palmé en 2014, « Winter Sleep » est un film dont j’avais entendu tout et son contraire. Chef-d’œuvre absolu pour certain, contemplatif et abyssal pour les autres. Magnifique dans son visuel et dépaysant, cette plongée dans une Anatolie peu à peu recouverte par la neige, aura finalement eux raison de moi, de mes attentes et de mon optimisme. Immonde supplice de trois heures et quart, « Winter Sleep » a tout dans son titre. J’ai eu beau essayer, me raccrocher à tout et n’importe quoi, le résultat est que cette première incursion dans l’unique Nuri Bilge Ceylan ne me laissera qu’un sentiment d’extrême longueur, pour finalement ne rien raconter du tout et c’est vraiment dommage.
Aydin est un comédien à la retraite qui tient aujourd’hui un petit hôtel quelque part en Anatolie. Aydin est marié, mais il s’est éloigné de sa jeune épouse. Alors que l’hiver approche et que bientôt les premières neiges vont venir se coucher sur le paysage, l’hôtel d’Aydin devient le refuge, mais aussi le théâtre, du déchirement de ce couple.
C’est terriblement agaçant ce ressenti, car j’avais envie de l’aimer ce « Winter Sleep« . J’avais envie d’être transporté dans un drame qui m’aurait tenu en haleine et peut-être même bouleversé. Et quand on voit le talent du réalisateur, on ne peut que s’imaginer ce drame. D’ailleurs, si le film est interminable, il n’est pas non plus dénué de tout. « Winter Sleep » est magnifiquement filmé et il est clair qu’il est une claque dépaysante. Les lieux, les décors, les paysages y sont sublimes. On lui laissera aussi une très belle BO qui parcourt « Winter Sleep » lentement, calmement, tout en sublimant certains de ses passages.
Mais voilà, malheureusement, le sublime s’arrête ici, malgré des efforts incommensurables, rien n’y a fait, peu à peu, c’est l’ennui qui s’est installé et ça pour un long, très long, trop long moment.
« Winter Sleep« , c’est trois heures et quart de discussions qui n’avancent pas. De discussions qui sont inintéressantes. De discussions auxquelles on se fiche royalement plus le film avance. C’est trois heures et quart d’une caméra fixe, qui s’éternise à filmer des personnages peu, voire pas du tout, attachants. « Winter Sleep » c’est des minutes qui se confondent en quart d’heure voire en demie heure. On aimerait ressentir quelque chose pour que ces personnages vivent, mais rien n’y fait, on n’arrive pas à s’intéresser à eux. On a l’impression d’être pris en otage par son réalisateur qui a décidé de nous épuiser avec ces dialogues qui n’en finissent pas. Alors certes, les comédiens sont bons, mais jamais son réalisateur n’arrive à donner corps et vie à ces interactions. D’ailleurs, il n’y a pas de vie dans ce film. Certes, Nuri Bilge Ceylan veut mettre en lumière l’ennui, et la non-vie de ses personnages piégés (comme nous) dans ces décors magnifiques, mais tout est soporifique. On aurait aimé être secoué, dans le bon ou le mauvais sens du terme (comme pour l’étranglement d’un cheval, scène absolument inutile qui a eu le don de me réveiller quelques minutes), mais ici rien n’y fait et le seul point qu’on a ressenti, j’insiste, mais c’est l’ennui, face à un film qui parle pendant trois heures et quart pour ne rien raconter (c’en est presque génial…).
Je me suis donc tristement retrouvé à attendre le générique de fin en essayant de m’occuper, c’est dire, chose qui n’arrive quasi jamais. Je pourrais toujours me dire que ce n’était pas le bon moment, que je n’étais pas en condition pour le découvrir, qu’il faut que je réessaie l’expérience, mais le supplice de cette première séance fut si grand, que je n’ai ni l’envie ni le désir de m’infliger une seconde fois ceci afin d’essayer de comprendre un film et un réalisateur, qui, de ce que je ressens, n’avait clairement pas envie de m’aider à le comprendre.
Note : 07/20
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Par Cinéted