avril 26, 2024

Earwig – Aux Confins de l’Ennui

De : Lucile Hadzihalilovic

Avec Paul Hilton, Alex Lawther, Romane Hemelaers, Romola Garai

Année : 2023

Pays : France, Angleterre, Belgique

Genre : Drame, Horreur

Résumé :

Dans une demeure isolée, à l’abri des grondements d’une Europe hantée par la guerre, Albert s’occupe de Mia, une fillette aux dents de glace, assignée à résidence. Régulièrement, le téléphone sonne et le Maître s’enquiert du bien-être de Mia. Jusqu’au jour où il ordonne à Albert de préparer la fillette au départ…

Avis :

Lucile Hadzihalilovic est une cinéaste française pour le moins très rare. Sortant de l’IDHEC (ancêtre de la Fémis) en 1987, la réalisatrice va passer les années 90 à réaliser des courts-métrages, et à monter certains films de Gaspar Noé (« Carne » et « Seul contre tous« ). En 2005, elle réalise le déstabilisant et hypnotisant « Innocence« , un petit film d’angoisse à l’univers bien marqué, se situant dans une école de danse pour jeunes filles. À partir de là, Lucile Hadzihalilovic va se faire très rare, puisqu’elle ne réalisera son second film que dix ans plus tard. Un deuxième film qui sera alors une terrible déception.

Après huit ans d’absence, Lucile Hadzihalilovic est enfin de retour sur les écrans avec « Earwig« , un film qui a sûrement l’un des synopsis les plus étranges de ce début d’année 2023. Un synopsis qui dès la lecture de ce dernier pique grandement la curiosité, puisque la cinéaste nous parle ici d’une petite fille qui a des dents en glace.

« Esthétiquement magnifique, jouissant d’une ambiance terrible et soignée, le nouveau film de Lucile Hadzihalilovic se posera malheureusement comme une belle déception. »

Esthétiquement magnifique, jouissant d’une ambiance terrible et soignée, le nouveau film de Lucile Hadzihalilovic se posera malheureusement comme une belle déception, car « Earwig » ennuie profondément, car d’un côté, ce qui s’y passe n’arrive pas à se faire intéressant et derrière ça, cette histoire est si incompréhensible, la cinéaste ne faisant même pas l’effort d’essayer de raconter quelque chose qui pourrait être compris, que de notre côté, on n’a même pas, ou même plus, l’envie d’essayer de comprendre quelque chose…

Dans un grand immeuble, Albert s’occupe de Mia, une petite fille d’une dizaine d’années. La jeune fille est assignée à résidence, loin du regard des autres. Mia a la particularité d’avoir des dents en glace. Des dents dont Albert s’occupe minutieusement. Régulièrement, le téléphone sonne dans le grand appartement et de l’autre côté du fil, le maître s’inquiète du sort de la petite fille. Puis un jour, il appelle pour informer Albert que le treize de ce mois-ci, il devra lui amener Mia…

S’il y a bien un sujet qui parcourt toute la filmographie de Lucile Hadzihalilovic, c’est l’enfance. En trois films, la réalisatrice française n’a fait qu’évoquer cela, et même si son nouveau film, « Earwig« , est différent, notamment parce que son personnage principal est un adulte, c’est bien encore une fois de l’enfance dont parle Lucile Hadzihalilovic.

« On va se retrouver comme pris au piège devant une intrigue qui ne raconte absolument rien. »

Pour son troisième film, « Earwig« , Lucile Hadzihalilovic nous entraîne dans un cauchemar au cœur des années 50. D’emblée, « Earwig » est un film qui installe une ambiance, un univers et une esthétique, et jamais, ô grand jamais, la réalisatrice va quitter cette imagerie.

« Earwig » est un film qui se fait inquiétant dès son ouverture, Lucile Hadzihalilovic nous mettant mal à l’aise de suite. Toute cette esthétique, conjuguée à cette histoire si étrange, va un moment piquer à vif notre intérêt. Le film et son univers sont si singuliers qu’on est pris, mais très vite aussi, l’intérêt qu’on porte à « Earwig » va s’effriter, car on va se retrouver comme pris au piège devant une intrigue qui ne raconte absolument rien. C’est assez incroyable, les minutes passent, les scènes sont fixes, on compte les dialogues sur les doigts d’une main et surtout, on reste dans l’attente que le film démarre et qu’il aille au-delà que filmer une routine dans un appartement. Mais rien n’y fera, le scénario n’offre rien, ou quasiment rien, car lorsqu’il s’aventure autre part, cette autre histoire ne fait qu’embrouiller encore un peu plus le film.

«  »Earwig » se dévoile péniblement. »

Ainsi, plus « Earwig » se dévoile péniblement, et plus l’on est envahi de questions, essayant un temps de déjouer sa mécanique, essayant d’en comprendre quelque chose. La réalisera parlera bien de ce rapport à l’enfance, il pourrait y avoir quelque chose de l’ordre du « Petit chaperon rouge », ou encore il y a quelque chose du passage à l’âge adulte, ou du moins une évolution vers autre chose que l’enfance, mais malheureusement, « Earwig » gardera ses secrets, et comme je le disais plus haut, au final, le film se fait tellement incompréhensible dans ce qu’il raconte que finalement, à un moment donné, on décroche, ne voulant même plus faire l’effort d’essayer de comprendre quelque chose. Ainsi, on restera à attendre le générique qui va mettre beaucoup de temps à venir.

Un sentiment qui est d’autant plus dommage car Lucile Hadzihalilovic s’est très bien entourée pour ce film, avec des acteurs qui ont de la gueule, et encore plus avec la mise en scène de la réalisatrice. Or, s’ils sont bons, on ne comprend rien à leurs personnages, et derrière ça, il n’y a pas une once d’émotion qui nous traverse.

Je suis ressorti de ce nouveau Lucile Hadzihalilovic plus agacé et ennuyé qu’autre chose. Si « Earwig » a des qualités terribles, quant à son univers, son esthétisme, sa photographie, sa musique, ou encore quelques petits effets, pour le reste, et principalement son histoire, il n’est qu’ennui et question. Lucile Hadzihalilovic nous raconte quelque chose, mais quoi ? Elle seule le sait. Après « Évolution« , « Earwig » est encore une terrible déception. Dommage, vraiment dommage.

Note : 07/20

Par Cinéted

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