avril 26, 2024

Rogues

Auteurs : Joshua Williamson et Leomacs

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros

Résumé :

10 ans plus tôt, les Lascars se sont séparés et ont chacun suivi leur propre voie, mais le temps qui passe ne leur a pas fait de cadeau. Coincés dans un cycle incessant de prison, de cure de désintox et de petits boulots sans avenir, ces anciens criminels en ont assez de payer pour leurs crimes passés. Heureusement, Captain Cold a un plan. Un dernier casse, qui les rendrait riches au-delà de tous leurs espoirs et les libérerait de leur passé… s’ils en réchappent. Et quand ce plan implique de s’infiltrer à Gorilla City pour voler le trésor d’un Gorilla Grodd plus énervé que jamais, cela semble plus facile à dire qu’à faire.

Avis :

Il est toujours très complexe d’essayer de renouveler les histoires de super-héros, tant de nombreuses choses ont été faites. Outre les mondes parallèles, on peut retrouver les capés dans le passé, dans un futur hypothétique, ou encore dans un steampunk très référencé. Cependant, si Batman se prête volontiers au genre policier noir, il n’en est pas de même pour les autres héros, ni même vilain. Joshua Williamson, la nouvelle coqueluche de chez DC, à qui l’on doit notamment DC Infinite Frontiers et Flash Rebirth, va tenter d’avoir une approche « noir » avec Les Lascars, ces méchants emblématiques de Flash. Avec Rogues, le scénariste place une intrigue assez simple, celle du casse du siècle, mais il va y injecter de l’humour noir, beaucoup d’action et un plan qui ne va pas se passer comme prévu. S’associant avec Leomacs aux dessins (Basketful of Heads), le scénariste propose un peu de nouveauté.

Le récit commence avec Captain Cold qui végète à Central City. Il vivote d’un petit métier dans une usine de fabrication, et alors qu’on lui propose un poste de manager, il surprend son patron se foutre de sa gueule. Dès lors, il n’en peut plus, il décide d’amadouer ses anciens collègues pour reformer les lascars et faire le casse du siècle, la banque de Gorilla City, chez Gorilla Grodd. Avec ce simple pitch, Joshua Williamson va tisser une intrigue qui importe plus par son ambiance et ses personnages que par sa grande histoire en elle-même. Très clairement, on navigue dans quelque chose d’assez attendu, avec une finalité qui ne peut que mal tourner quand on connait un peu les méchants, et surtout Captain Cold, qui est aussi froid que la glace qu’envoie son pistolet. Et on ne va pas trop se tromper.

En effet, grâce à un rythme soutenu et un format plutôt court, on va vite voir la reformation de l’équipe et un plan qui ne se déroule pas sans accroc. Il faut dire que la bande de têtes brûlées n’est qu’appâtée par le gain et les lingots d’or, et ne pose pas trop de question à Captain Cold sur les tenants et les aboutissants. Mais on sera surpris par les thèmes abordés à travers chaque personnage, tout comme on sera étonné par le final explosif et nihiliste que propose le scénariste. Une fin qui ne fait aucun cadeau et qui montre bien l’envie de plonger son récit dans un néo-noir, démontrant que l’argent ne fait pas le bonheur et apporte plutôt l’autodestruction et une ambition démesurée qui peut coûter cher. Et la vie n’a pas de prix.

Le récit s’appuie donc sur les divers méchants que l’on va suivre. Si chacun veut sa part du gain pour une vie meilleure, c’est tout simplement parce que chacun d’eux n’est pas épargnée par une vie quotidienne ennuyeuse, voire même difficile. Captain Cold vivote dans son métier, et il vit dans un taudis qui ne lui convient pas. Il se sent refoulé, moqué et estime avoir mérité une meilleure vie. Bronze Tiger donne des cours de combat dans un parc, au black, car la mairie refuse de lui prêter un gymnase pour faire cela, lui faisant ressortir son passif de criminel à la figure. Gold Glider fait dans le social, mais elle n’arrive pas à aider suffisamment les autres. Charlatan continue ses tours de magie, mais il n’attire que des personnes âgées et sombre dans une sorte de dépression. Magenta est obligée de prendre des calmants pour tenir.

Quant au maître des miroirs, il est dans un hôpital psychiatrique, où on le shoote à coups de médocs pour qu’il ne reprenne pas conscience de ce qu’il est. Et même Heat Wave n’est pas épargné, vivant d’arnaque à l’assurance en mettant le feu à des entreprises. Bref, tout ce petit monde souffre intérieurement et ronge son frein en attendant des jours meilleurs. Des jours qui ne viennent pas malgré de gros efforts, et on sent une haine farouche envers les super-héros, mais surtout une vie heureuse qui ne vient jamais. C’est très intéressant, et intelligent, d’avoir placé ce contexte social autour des vilains pour leur conférer un peu plus d’humanité. Finalement, ils sont comme tout le monde, ils en chient, et c’est cette volonté d’en sortir par tous les moyens qui leur font faire des bêtises.

L’aspect policier et noir survient quand les lascars déboulent dans Gorilla City. S’il n’y a point d’enquête ici, le scénariste va tout de même créer une ambiance très particulière. La vie est effervescente, on a l’impression de voir un Las Vegas en version Planète des Singes, avec ce qu’il faut de détective privé en perdition, de Gorilla Grodd en gros mafieux, et d’hommes de mains qui ont le poing facile. Tout cet univers contribue à placer l’intrigue dans une atmosphère digne d’un vieux policier des années 50. Et cela se confirme avec le kidnapping du bébé, mais aussi la découverte d’une chaine de montage pour alimenter un réseau particulier. Bref, c’est fait de façon fluide et intelligente, plaçant alors les vilains dans un univers qui n’est pas le leur, mais dans lequel ils fondent à merveille.

Au final, Rogues est une excellente surprise. Afin de créer de la nouveauté et d’introduire les vilains de Flash dans une histoire originale, Joshua Williamson offre un cadre malin et pertinent, où le néo-noir se mêle à la perfection au genre super-héroïque, voire science-fiction. Baignant dans une ambiance assez sombre, le braquage n’est finalement qu’un prétexte pour approfondir des méchants que l’on pensait bien connaître, et que l’on va adorer détester (coucou Captain Cold). Bref, une histoire à lire impérativement si on est amoureux des casses qui tournent mal, des trahisons et des vilains qui se dévoilent.

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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