avril 27, 2024

At the Gates – The Nightmare of Being

Avis :

Faisant partie de l’avant-garde du Death mélodique suédois aux côtés de In Flames (entre autres), At the Gates n’a pas eu la même renommée, et cela à cause d’un simple fait, une séparation incongrue. En effet, dans les années 90, le groupe fournit un album qui va devenir culte pour de nombreux fans, Slaughter of the Soul, mais un an plus tard, la formation se sépare. Il faudra alors attendre onze ans pour une reformation éclair d’une année, puis c’est en 2010 que les choses sérieuses reprennent. Dès lors, At the Gates repart sur des bases saines et assène coup sur coup deux albums d’une haute qualité. Trois ans après le très bon To Drink From the Night Itself, les suédois propose The Nightmare of Being avec un sujet pour le moins équivoque, la philosophie du pessimisme selon Thomas Ligotti. Tout ça sent bien la fête.

Et le démarrage est canon. Avec Spectre of Extinction, le groupe délivre une belle introduction pour ensuite faire parler la poudre et des riffs qui vont bien nous secouer. On reste dans un Death mélodique très classique mais parfaitement amené, qui trouve aussi une forte densité dans sa composition. Avec The Paradox, on retrouve un At the Gates sombre et percutant, qui propose un gros coup de boule dans les tympans. Malgré tout, on reste sur quelque chose d’accessible qui ne cherche jamais à faire dans la destruction massive ou le progressif un peu chiant. Bien au contraire, les suédois cherchent l’efficacité, une sonorité primaire qui donne envie de secouer la nuque dans tous les sens. Mais sans oublier la mélodie et les aspects plus légers, comme cette nappe de clavier qui vient saupoudrer le pont entre les couplets. C’est très malin et apporte une touche sombre en plus.

Sombre, car le groupe se doit de rester dans le thème qu’il aborde, et il n’en décroche pas une seule seconde. Si c’est brut, il y a aussi des phases plus « lyriques » qui offrent des élans gothiques à l’ensemble. Les guitares sirupeuses de l’introduction de The Nightmare of Being en sont un exemple flagrant. Tout comme le chant murmuré au départ, qui permet de poser une ambiance pesante. Bien évidemment, le groupe revient ensuite à ses premiers amours, mais apporte à chaque fois un élément en plus qui viendra enrichir le titre. Comment ne pas succomber à la mélodie sur le refrain de ce titre. Mais le plus surprenant dans tout ça, c’est la volonté du groupe de grandir et d’aborder un côté Prog inattendu et franchement réussi. Garden of Cyrus nous gratifiera d’un petit solo de saxophone qui s’intègre parfaitement à l’ensemble, pour un morceau surprenant.

L’autre grosse surprise au sein de cet album, c’est la présence de plage mélodieuse qui pourraient parfaitement s’intégrer au sein d’un film. L’introduction de Touched by the White Hands of Death en est un exemple flagrant, tant l’instrumentalisation est grandiloquente et puissante. Par la suite, le groupe renoue avec un aspect Death classique, mais cela permet de donner de l’épaisseur au titre et une puissance décuplée. The Fall into Time sera du même tonneau, devenant alors la pierre angulaire de cet album avec ses grosses six minutes. Le groupe déroule un titre épique à souhait, qui montrera encore toutes ses capacités à évoluer, grandir et mélanger des genres totalement différents. C’est d’une rare maîtrise et l’ensemble se mélange de façon osmotique. Cult of Salvation reviendra alors à quelque chose de plus brut, dans la veine Death mélo que le groupe gère à la perfection.

Par la suite, At the Gates propose alors The Abstract Enthroned, et on plonge en plein Death, puissant, sans concession, qui frappe fort et fait fi de la finesse. C’est toujours bien exécuté et permet de revenir à quelque chose de plus primitif. Néanmoins, ça reste un peu en deçà des autres morceaux de l’album, malgré une fin grandiloquente, qui renoue avec l’aspect cinégique de l’effort. Puis surgit de nulle part Cosmic Pessimism, avec sa ligne de basse incroyable et son rythme presque punk. Encore une fois, le groupe se raccroche à un Prog mâtiné de Death qui fait mouche et qui prouve que le groupe a envie de sortir de sa zone de confort. Une prise de risque payante et efficace. Puis Eternal Winter of Reason viendra conclure l’ensemble de la plus belle des façons, avec un schéma classique, mais qui donne une envie de revenir sur cet album.

Au final, The Nightmare of Being, le dernier album en date d’At the Gates, est une réussite sur tous les points, prouvant que les suédois n’ont pas usurpé leur statut de fer de lance du Death suédois. Proposant un thème qui se suit du début à la fin, jouant constamment avec les codes du Death pour y apposer des éléments progressifs (ce saxophone !), on peut dire que le groupe offre une continuité dans la qualité assez impressionnante, avec trois albums coup sur coup qui sont d’une grande classe.

  • Spectre of Extinction
  • The Paradox
  • The Nightmare of Being
  • Garden of Cyrus
  • Touched by the White Hands of Death
  • The Fall into Time
  • Cult of Abstraction
  • The Abstract Enthroned
  • Cosmic Pessimism
  • Eternal Winter of Reason

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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