avril 20, 2024

Accidental Exorcist

De : Daniel Falicki

Avec Daniel Falicki, Sherryl Despres, Jason Roth, Patrick Hendren

Année : 2016

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Richard Vanuck est un trentenaire alcoolique qui ne peut pas occuper un emploi plus d’un jour ou maintenir une vie normale en raison d’un « don » très spécial avec lequel il est né. Tout ce qu’il veut vraiment c’est de terminer son livre mais le destin lui a joué un drôle de tour, c’est un exorciste né. En fait, le meilleur qu’il il n’y ait jamais eu et avec les cas de possessions en augmentation à travers la ville, il est très réclamé. À contrecœur, il exerce ses talents, bien que cela rende sa vie totalement misérable. Cas après cas, il regarde le Mal incarné dans les visages de ses « patients », prenant en lui les forces sataniques pour aider ceux dans le besoin. Cependant, il découvre bientôt que sa démarche pourrait lui coûter sa propre âme et il doit trouver un moyen de se sauver avant qu’il ne soit trop tard…

Avis :

Dans le domaine de l’épouvante, l’exorcisme prend une place très importante. En effet, on ne compte plus les films qui prennent cet acte religieux pour poser des possessions à tout va et nous expliquer que la chrétienté, c’est de la merde. Avec le succès mirobolant de L’Exorciste en 1973, William Friedkin a lancé une mode qui n’a jamais cessé, quitte à emprunter des chemins douteux pour nous faire parvenir des daubes immondes. Car malgré toutes les bonnes intentions du monde, les bons films d’exorcisme se comptent sur les doigts d’une main, et on se retrouve souvent avec des longs-métrages crapoteux qui ne savent même pas quoi raconter ou critiquer. Accidental Exorcist aurait pu être de cette catégorie, avec son aspect fauché et sa mise en scène toute misérable. Mais étrangement, David Falicki va nous surprendre un peu avec une ambiance craspec que l’on n’avait pas vu venir.

La première chose qui frappe avec ce film, c’est sa mise en scène et son côté cheapos. Afin de nous présenter brièvement son personnage principal, on commence directement avec un premier exorcisme qui consiste à une discussion avec une pauvre fille possédée, et une bagarre toute molle. On sent que le projet n’a pas eu beaucoup d’argent, puisque tout cela se passe dans une vieille cuisine et il s’agit d’un dialogue pas fifou où l’exorciste se fout un peu de la gueule du démon. Les champs/contre-champs sont omniprésents, avec une légère contre-plongée, créant ainsi un aspect presque documentaire. On n’est pas loin de la série Striptease, et cela donne un cachet étrange au film. D’un côté, c’est très moche, il n’y a pas de plan qui marque, mais le côté « amateur » fournit presque une véracité à ce qui se passe sous nos yeux.

« Certaines phases de cauchemar peuvent créer un certain malaise dans leur imagerie. »

Malheureusement pour nous, le film ne va être qu’une succession de saynètes où ce pseudo exorciste va affronter des démons en étant assis autour d’une table pour bouffer et se dégueuler dessus. Si certaines confrontations sont plus sales que d’autres, à l’image de ce gros type qui baffre salement avant de tout vomir, on reste sur une redondance qui peine à convaincre sur plus d’une heure quarante de film. C’est trop long, ça va parfois trop loin dans le misérabilisme et on a beaucoup de mal à donner du crédit aux personnages secondaires de cette femme, sur la fin, qui veut coucher avec notre héros, alcoolique notoire, freak transpirant et certainement puant. En couplant cela à une mise en scène redondante et « sale », on reste sur un film indépendant qui sent plus les trois bouts de ficelle que la véritable note d’intention.

On comprend d’ailleurs assez rapidement le fond de l’histoire, avec notamment un personnage principal torturé, qui a un don christique, mais qui ne lui rend pas service. En effet, alors qu’il sauve des gens, il vit dans la misère, sombre dans l’alcool et n’arrive pas à réaliser son rêve, celui d’écrire un livre. Il perd pied petit à petit, avant de de venir à son tour possédé par une folie furieuse où, nu, il détruit tout son appartement. Cette évolution aurait pu être intéressante si le début était plus bucolique et moins craspec. On sent la volonté de marquer les esprits et de partir dans un bis absolu, mais tout cela manque de nuances dans l’évolution du personnage principal. De même, certaines phases de cauchemar peuvent créer un certain malaise dans leur imagerie, mais c’est expédié ad patres malgré un démon au design très intéressant.

« Ce constat de film cheap et vulgaire est dommage, car il y a vraiment des choses à sauver là-dedans. »

Ce constat de film cheap et vulgaire est dommage, car il y a vraiment des choses à sauver là-dedans. Si l’on arrive à se détacher de la mise en scène et du jeu de l’acteur principal (qui n’est autre que David Falicki le réalisateur), ainsi que de personnages secondaires anecdotiques, il réside dans ce film une ambiance sale et mortifère qui fait le job. Cela est dû à une musique omniprésente glauque, mais aussi à un choix malin de filtre et de lieux qui sont assez sordide. Comment ne pas être mal à l’aise sur cette salle de bains en sous-sol, avec deux corps à l’intérieur. Le film essaye d’aller loin dans le craspec et il faut bien avouer que ça marche pas mal. Bien évidemment, on est dans un truc sans le sou, mais il y a des efforts de fournis et cela se voit.

Au final, Accidental Exorcist n’est concrètement pas un bon film. C’est fauché, c’est moche, c’est redondant et c’est particulièrement mal joué. Pour autant, il réside cette envie de sale gosse de bousculer les codes et d’aller dans l’extrême, dans la folie destructrice et crasseuse d’un type qui se révolte contre un don divin qui lui fait vivre un enfer. Il est dommage que le traitement ne soit pas plus fin afin d’apporter plus de nuances et une force de frappe plus forte dans sa conclusion. En l’état, le film de David Falicki manque d’un peu de tout, mais il a pour lui une ambiance bien dégueu qui lui permet de sortir un peu la tête de l’eau.

Note : 08/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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