avril 26, 2024

Red Storm

Titre Original : Gundala

De : Joko Anwar

Avec Abimana Aryastya, Tara Basro, Bront Palarae, Ario Bayu

Année : 2020

Pays : Indonésie

Genre : Action, Fantastique

Résumé :

Derrière la peur et le chaos qui se sont emparés du pays se cache un homme : Le Prêcheur. Entouré de sa garde rapprochée aux capacités surnaturelles, et considéré comme un demi-Dieu par ses nombreux adeptes, il a développé un sérum qui transforme en meurtriers ceux à qui on l’injecte. Alors que la population sombre peu à peu dans les ténèbres, un justicier aux pouvoirs surpuissants, fait son apparition : Red Storm. Forcé de révéler sa vraie nature pour contrecarrer les plans du Prêcheur, il incarne le dernier espoir de l’humanité.

Avis :

Ave l’hégémonie de Marvel dans le cinéma de divertissement, il n’était pas étonnant que certains pays ont voulu leur part du gâteau en présentant leurs propres super-héros. Russes, italiens et même indonésiens se sont essayés aux films de super-héros avec plus ou moins de réussite (les italiens ayant eu le nez creux avec Jeeg Robot). En arpentant le chemin de Red Storm, il devient évident que l’Indonésie veut faire une nouvelle franchise avec des héros qui ont des choses à dire. Posant un constat sociétal fort avant d’enclencher sur du grand n’importe quoi, on ne peut pas dire que Red Storm soit une réussite totale, mais ce n’est pas non plus une immense purge, comme on peut le lire. Tombant souvent dans une surenchère qui perd de son sens au fur et à mesure, singeant constamment les tics des américains, Joko Anwar tombe dans le piège de l’infantilisation.

Et c’est bien dommage de faire un tel constat, car le début du long-métrage est assez intéressant. Avant même de présenter un super-héros en devenir, le film s’attarde sur une révolte d’ouvriers qui sont exploités par un industriel peu scrupuleux. On va alors y suivre Sancaka (prononcez SancaRa), un jeune garçon dont le père est le chef de la révolte. Malheureusement, son père meurt après une fronde, et sa mère disparait sans laisser de trace. Livré à lui-même, il va apprendre à survivre dans la rue avant de devenir un agent de sécurité qui va se découvrir des pouvoirs, celui de maîtriser la foudre. Le réalisateur peint alors un pays à la dérive, qui exploite les gens et délaisse sa jeunesse dans la rue. Un pays en proie à la violence et la pauvreté, où les attaques surviennent à chaque coin de rue.

« Le film reste dans un ton mature, mais va aborder d’autres thèmes, dont celui de la corruption politique. »

Ce début est donc prometteur et assure un vrai fond, en plus de donner de l’épaisseur au personnage qui va grandir bien vite. Une fois Sancaka adulte, le film reste dans un ton mature, mais va aborder d’autres thèmes, dont celui de la corruption politique. On y retrouve un antagoniste machiavélique qui souhaite plonger le pays dans le chaos avec un virus, afin de distribuer un antidote dont il a le secret, et ainsi devenir une sorte de Messie. Bien évidemment, le film tisse un background malin autour de ce personnage qui, malheureusement, ne tiendra pas la route bien longtemps. Cela est dû à un charisme d’huître de la part de l’acteur, mais surtout à des personnages secondaires aux capacités intéressantes mais qui ne sont jamais exploités. La « famille » de ce méchant est présentée avec une promesse que le film ne tient pas, où les combats seront expédiés.

Comme dans un comic book, on a envie de voir des combats entre héros et vilains, surtout quand ces derniers ont des capacités variées, comme combattre avec deux épées, avoir une force surhumaine ou encore utiliser des techniques novatrices (on pense au méchant qui utilise un masque derrière sa tête). Mais tout cela est expédié ad patres en cinq minutes, dans un non-sens qui flirte avec une sensation de va-vite, comme s’il fallait terminer le film avant ses deux heures. C’est dommage, car ce potentiel n’est pas exploité. De plus, on sent que l’histoire en a encore sous la semelle, avec un autre méchant, qui n’intervient jamais avec le héros, mais qui va libérer un personnage, annonçant alors une suite, pointant du doigt cette volonté de faire une saga par concurrencer Marvel. Et on pourrait se dire pourquoi pas ? Encore faut-il ne pas oublier le constat sociétal…

« On n’échappe pas à cette dédramatisation avec des gags balourds et inutiles. »

Car le plus gros problème avec Red Storm, hormis ses ellipses énormes qui font que parfois, on ne sait plus où l’on en est, c’est qu’en cours de route, il oublie de parler des maux du début. Le héros rencontre une jolie jeune femme en la sauvant d’un gang, avec une Djakarta gangrénée par la violence, mais on ne reste qu’en surface, ces personnages secondaires ne servant alors qu’à faire de l’humour par la suite. On n’échappe pas à cette dédramatisation avec des gags balourds et inutiles, comme s’il fallait à tout prix rentrer dans un cahier des charges prédéfini. C’est dommage car le film aurait gagné à être épuré de cela, en gardant en tête ses thèmes intelligents, comme la corruption politique et la pauvreté des indonésiens. Après, il faut bien attirer un public jeune pour remplir les salles de cinéma…

D’un point de vue formel, si l’on oublie le montage qui flirte constamment avec le n’importe quoi (à un tel point que l’on ne comprend pas les agissements du méchant avec son virus), on reste sur quelque chose de très propre et qui met beaucoup de cœur aux scènes d’action. D’ailleurs, le film se rapproche de certaines grosses productions en matière de combat, faisant honneur au cinéma indonésien avec de grosses bagarres à plusieurs aux chorégraphies parfaitement exécutées. Le seul problème va venir des pouvoirs du héros, qui va devenir surpuissant, au point de soulever n’importe qui pour l’envoyer valdinguer très loin, dans un délire incompréhensible. Le combat final est pourri par cela, en plus d’afficher des effets spéciaux dégueulasses, où l’on voit toutes les ficelles. Encore une fois, c’est dommage, car cela gâche complètement l’expérience du film et montre que Marvel peut dormir tranquille.

Au final, Red Storm n’est rien d’autre qu’un petit mauvais film qui n’arrive jamais à la hauteur de ce qu’il veut raconter. En singeant les productions Marvel sans en avoir le budget, le film loupe clairement le coche avec son côté sociétal à peine effleuré et ses ellipses temporelles qui nous font perdre le fil. Il y a quelques fulgurances, notamment dans les affrontements et la mise en scène, mais globalement, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent, et la fin ouverte, qui exprime la volonté d’une suite, nous donne presque l’envie d’une grosse coupe budgétaire pour que ça ne se fasse pas.

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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