Titre Original : Lo Chiamavano Jeeg Robot
De : Gabriele Mainetti
Avec Claudio Santamaria, Luca Marinelli, Ilenia Pastorelli, Salvatore Esposito
Année : 2017
Pays : Italie
Genre : Fantastique, Super-héros
Résumé :
Poursuivi par la police dans les rues de Rome, Enzo plonge dans les eaux du Tibre et entre en contact avec une substance radioactive qui le contamine. Il réalise bientôt qu’il possède des pouvoirs surnaturels : une force et une capacité de régénération surhumaines qu’il décide de mettre au service de ses activités criminelles.
Du moins jusqu’à ce qu’il rencontre Alessia, une jeune fille fragile et perturbée qu’il sauve des griffes de Fabio, dit « Le Gitan », un mafieux déjanté qui a soif de puissance.
Témoin des pouvoirs d’Enzo, Alessia est persuadée qu’il est l’incarnation de Jeeg Robot, héros de manga japonais, présent sur Terre pour sauver le monde.
Mais Enzo va être forcé d’affronter Le Gitan qui veut savoir d’où vient cette force surhumaine. Parviendra-t-il à sauver la ville de la folie meurtrière de Fabio et être le super-héros qu’Alessia voit en lui ?
Avis :
On l’appelle Jeeg Robot s’inspire grandement et sans se cacher du manga Jeeg Robot de Gō Nagai (Kotetsu Jeeg) à qui il rend honneur. Le film diffuse d’ailleurs quelques images du dessin animé permettant par la même occasion de faire connaître cette œuvre au grand public.
Qualifié de film de super-héros, il n’a pourtant rien à voir avec les films DC ou Marvel du genre sortis ces dernières années. Il n’est d’ailleurs pas du tout un film familial : les scènes de meurtres, tueries et sexe en font un film violent et cru à l’ambiance très particulière qui ne plaira pas toujours aux fans habituels. L’humour n’est pas présent ou bien caché, alors que l’ironie et le sarcasme ponctuent la plupart des dialogues, essayant de nous faire passer un message et nous faisant rire jaune.
La première scène du film est longue et lente, mais importante (il faut donc tout bien suivre !) : elle nous permet de comprendre comment Enzo récupère de puissants pouvoirs capables de le régénérer et de lui fournir une puissance et une force incroyables. On ne comprend pas forcément ce qu’il se passe mais on l’accepte, n’ayant pas trop le choix. On découvre alors le personnage principal plus en détails. Et rien ne fait rêver chez lui.
Enzo Ceccotti habite à Tor Bella Monaca dans la banlieue romaine et est un voyou qui commet de petits larcins pour se procurer ses danettes favoris et ses films pornos. C’est un jeune homme qui n’a aucune confiance en lui et qui se cherche désespérément. Il parle peu mais nous fait comprendre ce qu’il ressent par ses gestes et mimiques. Le jeu d’acteur de Claudio Santamaria est bien dosé, sans exagération et donne de la force au film, plutôt plat dans les premières minutes. Cliché du célibataire solitaire déprimé ou réel portrait d’un anti-héros, Enzo est mystérieux et n’attire pas la sympathie de suite.
Un jour, il rencontre Alessia, une jeune femme étrange, paraissant comme une enfant, qui est fan du dessin animé japonais Jeeg Robot. On comprend vite qu’elle est autiste et ses divagations finissent par nous toucher et nous attendrir. L’actrice Ilenia Pastorelli joue ce rôle insouciant, innocent et captivant avec succès, montrant toute la palette d’émotions d’une personne malade, qui a souffert dans son enfance et qui rêve d’une autre vie. Alessia en est certaine : son héros favori s’est incarné dans Enzo qui, par gentillesse, fait plaisir à la jeune femme en acceptant tout ce qu’elle dit. Enzo va alors devoir protéger Alessia contre un super méchant surnommé « Le Gitan », un homosexuel égocentrique, chanteur et rêvant de succès mais dont la vie a pris un tout autre tour.
Ce méchant étonne d’abord par sa démarche et sa manière d’être peu conventionnelle. Plus on le découvre, plus on a la sensation que ce personnage est un pur cliché et finit même par nous ennuyer tant on a la sensation de connaître tous ses faits et gestes à l’avance. Narcissique, stupide, violent, impulsif, complètement fou, ce méchant, nommé Fabio et interprété par Luca Marinelli est tout de même crédible et incarne un psychopathe « classique » qui ne surprend guère. Ce personnage apporte une touche de folie, du malaise et de l’horreur au film, et rappelle parfois le Joker dans Batman, d’où notre impression intense de déjà-vu. De plus, les histoires de drogue et de conquête de territoire, ont été vues et revues par de multiples films, ce qui n’aide pas à donner son caractère original au film.
L’histoire n’est pas particulièrement passionnante, les jeux du méchant lassant par moment et les méfaits d’Enzo n’étant pas toujours très captivants. On apprécie tout de même l’évolution du personnage et sa prise de conscience de ses pouvoirs ainsi que son attirance toute nouvelle et angoissante pour Alessia. Ces deux personnages sont vraiment ce qui fait que ce film est singulier. La relation entre ces deux personnes est touchante et elle va transformer Enzo du tout au tout. Ce dernier se révèle être un grand timide, ne connaissant rien aux femmes, détonnant complètement avec son physique massif et peu engageant. Alessia, sous ses airs candides va transfigurer Enzo, le transformant en Jeeg Robot, un autre homme qui va pouvoir enfin vivre et ne plus avoir honte de lui-même. Le côté psychologique et la dimension spirituelle donnés aux personnages sont vraiment intéressants et font réfléchir. On a plutôt la sensation d’assister à un drame psychologique et social qu’à un film de super-héros. On ne peut rester insensible face à cette métamorphose et à cette histoire d’amour naissante.
Les scènes d’action, quoique plutôt présentes, n’emballent pas par les choix artistiques et de réalisation choisis. On ne se sent pas transportés par ces scènes, comme si elles ne signifiaient finalement pas grand-chose. Les scènes dans le QG du méchant sont presque ennuyeuses, ne surprenant pas vraiment et tranchant avec les passages d’Enzo et Alessia beaucoup plus prenants et originaux.
Le réalisateur a bien reproduit un milieu social accablant, où le terrorisme est banal, où les mafias tuent et pillent à tour de bras, où le meurtre et la drogue prennent le pas sur notre morale et où seule l’humanité peut nous sauver, comme elle sauve Enzo. Un tableau ensorcelant de notre société mais qui manque tout de même un peu de rythme et qui ne serait rien sans la relation attachante de Jeeg et de son aimée. Un film proche de notre réalité qui marque un nouveau genre, un nouveau parti pris dans les films de super-héros.
Note : 12/20
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Par Lildrille
Une réflexion sur « On l’Appelle Jeeg Robot – Super-Héros Rital »