De : Penny Marshall
Avec Tom Hanks, Elizabeth Perkins, Robert Loggia, John Heard
Année: 1988
Pays: Etats-Unis
Genre: Comédie
Résumé:
Josh Baskin fait le vœu de grandir. Le lendemain il se réveille avec le corps d’un adulte alors qu’à l’intérieur, il est encore un enfant. Travail, argent, amour, il se retrouve vite confronté au monde adulte.
Avis :
La carrière de Tom Hanks commence au tout début des années 80 avec Noces Sanglantes. Comme bon nombre de ses comparses, il commence par le cinéma d’horreur avant de s’orienter vers la série télé, puis de dériver vers des projets plus gros. Ainsi donc, il devient une sorte d’égérie pour Disney avec Splash, qui va réutiliser l’acteur dans des productions Touchstone, succursale de Disney pour un cinéma plus adulte. Acteur touchant au physique plutôt juvénile à l’époque, Tom Hanks sera l’acteur idéal pour jouer dans des comédies familiales où il campera un amoureux transi, un flic au grand cœur ou encore un petit garçon qui va devenir adulte du jour au lendemain. Et oui, parmi les plus gros succès de l’acteur, on va parler aujourd’hui de Big, réalisé par Penny Marshall en 1988 et qui reste aujourd’hui une superbe comédie.
Chérie, je me suis agrandi
Josh Baskin est un jeune garçon qui a tout pour être heureux. Sauf qu’il est amoureux d’une fille plus grande que lui et qu’il est souvent moqué à cause de sa taille et de son âge. Trouvant une machine à vœux dans une fête foraine, il faut alors le vœu de grandir. Le lendemain, à son réveil, il est dans un corps d’adulte. Fuyant sa mère, apeurée, il va se retrouver à New York et trouver un emploi dans une fabrique de jouets, où il va monter les échelons bien malgré lui. Big est un film qui est une ode à l’enfance. C’est un film qui, à travers son pitch, va aborder de nombreux thèmes dont le plus important est celui de ne jamais perdre son âme d’enfant. Penny Marshall, avec un élément fantastique, va peindre le portrait d’un jeune garçon de treize ans qui se retrouve dans un monde d’adulte et qui va devoir faire face à des choses inhabituelles pour lui. L’amour, le travail, la jalousie, la compétition, les études de marché, des choses obscures pour lesquelles il va devoir s’éveiller.
Et c’est bien dans son scénario que réside tout le sel de Big. Cet enfant, un peu geek sur les bords, va devoir se faire à une nouvelle vie durant au moins six semaines et il va connaître une ascension fulgurante. Son patron, grand enfant lui aussi, va tomber sous le charme de cet être naïf et pourtant pertinent dans sa recherche de jouets. Et qui de mieux placé qu’un enfant pour mettre en place des jouets qui vont cartonner. Cela va attiser des jalousies, chose que ne peut comprendre le jeune homme, tant il vit un rêve éveillé. Un rêve qui va entrainer avec lui d’autres personnes ayant oublié leur enfance et retrouvant une certaine candeur à ses côtés. Big est un film qui fonctionne de façon extraordinaire dans ce qu’il veut faire passer comme messages positifs. Non seulement il prouve que garder son âme d’enfant fait avancer dans sa vie d’adulte, mais que l’on évite aussi l’aigreur et tous ces combats pour monter des échelons.
Entre Naïveté et Dure Réalité
Néanmoins, si le film est un véritable message d’amour envers tous ces adultes qui ont su garder leur âme d’enfant, Penny Marshall n’oublie pas de contrebalancer son propos avec des expériences négatives. En effet, petit à petit, pris dans un tourbillon d’activités, le jeune homme en oublie son meilleur ami, sa famille et donc tout ce qui est essentiel. Au fur et à mesure de sa vie d’adulte, on voit que Josh perd son âme d’enfant au profit d’un travail toujours plus demandeur et de relations plus compliqués. Entre amour impossible, découverte de son corps et du corps de l’autre, compétition pour rester au top dans les marchés, Big montre une facette qui corrompt notre esprit jeunesse et nous fait oublier qu’au fond, s’amuser nous rend plus performant. Il est assez intéressant de voir les deux points de vue, et de terminer son film sur une splendide réflexion.
Afin de parfaire son « étude » sur le fait de grandir trop vite, Penny Marshall va jouer sur les émotions du spectateur et de son personnage principal. Josh va se rendre compte que cette vie n’est pas faite pour lui, qu’il a loupé des étapes, qu’il a grillé trop de temps et que ce moment d’être un enfant lui manque. Quitte à briser un cœur, il décide alors de redevenir un enfant afin de retrouver sa mère qui lui manque tant et de rattraper un temps nécessaire à tout bon développement. Touchante et juste, la fin de Big enchante par son choix simple et intelligent. On se retrouve donc face à un film dont les thématiques sont parfaitement exploitées et qui ne force pas les émotions.
Et comment ne pas tomber en émoi face à ce joli casting. Tom Hanks est tout simplement parfait dans ce rôle. Il est juste, touchant, drôle et arrive parfaitement à jouer un enfant de treize ans dans un corps d’adulte. Il est d’ailleurs plein de naïveté quand il faut aborder des thèmes comme l’amour, et plein de douceur quand il découvre le corps de l’autre. Elizabeth Perkins est aussi très étonnante dans un rôle complexe, où elle va retrouver une âme d’enfant et une certaine simplicité dans la vie. A la fois tendre et fataliste, elle est parfaite. Au rayon des personnages secondaires, Robert Loggia est très empathique dans le rôle de ce patron au grand cœur qui comprend vite que les études de marché ne sont qu’une esbroufe et qu’il faut faire confiance à l’instinct. Quant à John Heard, il est le méchant de l’histoire et il campe parfaitement ce personnage de salaud qui ne bosse que pour la gloire et le fric, ayant vendu son âme au diable, oubliant son enfance et ses rêves de gosse.
Au final, Big est une superbe réussite. Il s’agit d’une comédie qui n’a pas pris une ride après plus de trente ans d’existence, car ses sujets sont universels. Penny Marshall nous rappelle combien il est important de continuer à rêver et de garder une âme d’enfant au creux de notre cœur afin de vivre pleinement, pour soi, mais aussi pour les autres. Un film qui appelle à ne pas grandir trop vite, à profiter de chaque instant de la vie et à garder dans un coin de sa tête ce gamin plein de naïveté et de candeur. Bref, un très bon film.
Note : 18/20
Par AqME