mars 28, 2024

Jar City

Titre Original : Myrin

De : Baltasar Kormakur

Avec Ingvar Sigurosson, Agusta Eva Eriendsdottir, Björn Hlynur Haraldsson, Olafia Hrönn Jonsdottir

Année : 2006

Pays : Islande, Danemark, Allemagne

Genre : Thriller

Résumé :

Inspecteur à Reykjavik, Erlendur enquête sur le meurtre d’un vieil homme apparemment sans histoire. La photo de la tombe d’une petite fille retrouvée chez la victime réveille pourtant une affaire vieille de quarante ans. Et conduit Erlendur tout droit à Jar City, surprenante collection de bocaux renfermant des organes, véritable fichier génétique de la population islandaise…

Avis :

Acteur et réalisateur immensément connu en Islande, Baltasar Kormákur s’est tout d’abord fait connaître sur les planches. Alternant tour à tour, acteur, metteur en scène et scénariste, c’est avec son « premier vrai film », à l’aube des années 2000, que Baltasar Kormákur remporte son premier succès en tant que réalisateur. Depuis ce premier film, Baltasar Kormákur n’a plus lâché sa caméra, oscillant entre des réalisations islandaises et de plus grosses productions, notamment en Amérique.

Si Baltasar Kormákur a commencé sa carrière de cinéaste avec de la comédie, très vite, il a changé de cap, empruntant les sentiers du drame, puis celui du thriller, et c’est dans cette dernière catégorie que Kormákur va rencontrer son plus grand succès. Revenant en Islande après un premier passage aux Etats-Unis avec « Crime City« , Baltasar Kormákur propose « Jar City« , un thriller sombre, lugubre, sordide et glaçant (comme son affiche le prône fièrement). Ce cinquième métrage pour son réalisateur, même s’il a ses défauts, est un film qui confirme bel et bien que l’Islande peut compter Baltasar Kormákur comme l’un de ses meilleurs représentants.

L’inspecteur Erlendur est appelé sur une scène de crime. Le corps d’un vieil homme vient d’être retrouvé dans sa maison, tué d’un coup de cendrier en pleine tête. Pendant la fouille de la maison, Erlendur trouve la photo de la tombe d’une petite fille morte, il y a près de quarante ans de cela. Son enquête va alors l’emmener sur la piste d’une très vieille affaire.

J’aime le cinéma de Baltasar Kormákur et s’il est vrai que j’apprécie beaucoup son travail aux Etats-Unis, j’apprécie encore plus quand le cinéaste pose sa caméra chez lui, « White Night Wedding« , « Survivre » ou encore sa série « Trapped » font partie des films que je préfère chez le cinéaste. Cela faisait une éternité que je voulais me lancer dans « Jar City« , film qui a connu un énorme succès en Islande, Kormákur ayant réussi à ramener un quart de la population de l’île en salle de cinéma.

Enquête policière doublée d’un thriller sombre, « Jar City » est un film que j’ai apprécié, même si dans ses grandes lignes, il peut aussi se poser comme une petite déception, car malgré une intrigue tenue et sordide au possible, j’avais tendance à en attendre un peu plus, notamment dans sa mise en scène qui, s’il est clair qu’elle dégage quelque chose de fort, parfois, le film se fait assez plat, longuet, et même assez confus.

Adapté d’un roman d’Arnaldur Indriðason (« La cité des jarres« ), ayant raflé pas moins d’Edda Awards (l’équivalent de nos Césars), dont le prestigieux meilleur film, « Jar City » est un thriller qui tient un scénario aussi sordide qu’il est intéressant et plus largement prenant. Baltasar Kormákur déterre entre guillemets une vieille affaire et son intrigue va alors être assez complexe. Au programme, un passé qui influe sur le présent, de la génétique, des meurtres, des viols, une cavale, un drame familial, et des indices parsemés ici et là, qui petit à petit vont rassembler les pièces d’un puzzle qu’on n’avait pas vu venir. Si, comme je le disais, parfois « Jar City » a une tendance à traîner de la patte, sur son ensemble, le film reste intéressant et surtout, il est prenant, car s’il y règne un sentiment de confusion, le réalisateur arrive aussi à suffisamment nous tenir et nous intéresser pour qu’on ait redoutablement envie, tout comme son inspecteur, d’avoir le fin mot de cette histoire.

Si toute conjugaison faite, son enquête se révèle bonne, « Jar City » s’aventure aussi à peindre le quotidien de son enquête et il offre alors de ce côté-là une relation père/fille qui pour le coup dénote quelque peu. Cette seconde trame est clairement moins intéressante, et c’est cette histoire qui a tendance à casser un peu le rythme du film.

Un rythme qui souffre aussi par la réalisation de Baltasar Kormákur. « Jar City » est clairement un film d’ambiance, le metteur en scène islandais ayant grandement travaillé cette dernière. « Jar City » est un film sombre et glaçant qui prend le temps de poser son atmosphère, et au-delà de ça, à plus d’une reprise, il nous entraîne dans des séquences assez glauques. Baltasar Kormákur prend le temps de créer un univers, il offre des détails, il soutient son intrigue avec une BO lugubre qui renforce l’horreur de l’histoire qui nous est racontée.

Mais face à tous ces bons éléments, « Jar City » est aussi un film qui a des soucis de rythme, et qui laisse un sentiment étrange, comme si, parfois, son réalisateur hésitait pour aller jusqu’au bout de son histoire. Ainsi, « Jar City » baissera en intensité, offrant un accordéon dans son rythme. Un rythme qui n’est pas toujours si bien tenu que cela, ayant des longueurs, s’aventurant sur des sentiers d’autres trames, qui ne seront pas aussi intéressantes et prenantes que l’enquête elle-même. Après, malgré ses défauts, « Jar City » demeure un thriller qu’on apprécie suivre jusqu’à sa terrible conclusion.

Puis, si « Jar City » sait se faire prenant, c’est aussi grâce à ses acteurs qui dégagent tous un sacré charisme. Si évidemment, on peut citer Björn Hlynur Haraldsson, Theódór Júlíusson, ou Ólafía Hrönn Jónsdóttir, « Jar City« , c’est avant tout Ingvar Eggert Sigurðsson qui en tête d’affiche en impose encore une fois, livrant un personnage dur, pas facile à cerner, mais ô combien intéressant et charismatique.

« Jar City » est donc un bon thriller. Certes, c’est un thriller inégal, un poil longuet et parfois confus, mais sur l’ensemble de son film, Baltasar Kormákur arrive aisément à nous prendre dans l’horreur de cette histoire. Tenu par un acteur immense, immergé dans les paysages glaçants de l’Islande, « Jar City » démontre encore une fois le talent de Baltasar Kormákur qui, s’il ne fait pas parfait, impose néanmoins une enquête policière qui nous colle la chair de poule.

Note : 12/20

Par Cinéted

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