avril 24, 2024

Oldboy

De : Spike Lee

Avec Josh Brolin, Elizabeth Olsen, Sharlto Copley, Samuel L. Jackson

Année: 2014

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé:

Fin des années 80. Un père de famille est enlevé sans raison et séquestré dans une cellule. Il apprend par la télévision de sa cellule qu’il est accusé du meurtre de sa femme. Relâché 20 ans plus tard, il est contacté par celui qui l’avait enlevé…

Avis:

Spike Lee est un réalisateur qu’on ne présente plus, tant l’homme est à lui seul une certaine définition du cinéma et sa carrière ainsi que ses films parlent pour lui. Pourtant, malgré ça, comme tout réalisateur, Spike Lee a ses périodes à vide et on peut dire que les années 2010, du moins au début, n’ont pas été tendres avec le metteur en scène. Oui, entre ses films qui arrivent directement en DVD, et ceux qui demeurent inédits et ceux qui passent totalement inaperçus, on avait même fini par se dire qu’on ne reverrait peut-être pas un film de Spike Lee en salle. Puis le réalisateur s’est lancé dans un projet insensé… Oui, insensé, car faire un remake de « Old Boy« , chef-d’œuvre de Park Chan-wook, c’est se lancer dans un projet insensé tant le film du coréen est parfait en tout point et que tout remake en est inutile.

« Oldboy« , c’est le genre de remake que j’ai eu envie de voir uniquement parce qu’on y trouve Spike Lee à la réalisation et malgré des craintes énormes, je gardais l’espoir que le réalisateur américain arrive à livrer un petit film sympathique. Surement pas un film à la hauteur de son original, mais Spike Lee n’étant pas un manche, peut être que… Et des fois, je suis trop optimiste et cet « Oldboy » version américaine n’est ni plus, ni moins qu’une horreur !

À la fin des années 80, Joe Doucett se fait enlever un soir où comme toujours, il s’était noyé dans l’alcool. Ne sachant pas pourquoi il s’est fait enlever, son calvaire va durer vingt ans. Vingt ans d’enfermement sans aucune justification, ni même un petit indice. Puis un matin, alors qu’il allait réussir à s’évader, Joe est libéré… Pourquoi tout ça ?

Passer de la poésie coréenne à l’ultra américanisation d’un chef-d’œuvre, voici ce qu’étrangement Spike Lee nous propose en reprenant « Old Boy« .

L’intérêt de voir Spike Lee revisiter le film de Park Chan-wook, c’est que justement le réalisateur a un style, il a des choses à défendre, et mieux encore, il est loin du système hollywoodien, mais malheureusement, on est loin de ce que Spike Lee a l’habitude de nous proposer et l’histoire de Park Chan-wook va être passée à la moulinette hollywoodienne et elle va en perdre toute sa saveur. Cette version américaine, c’est un peu comme si Spike Lee avait fait une parodie de « Old Boy » et l’on va bien avoir du mal à savoir par où commencer, tant rien ne va ici. Les idées, les choix, les différences, les ressemblances, l’ambiance, les acteurs, le choix exécrable de la BO, rien ne va et l’on se demande ce qui est passé par la tête de Spike Lee le jour où il s’est dit que c’était une bonne idée de faire ce film.

« Oldboy » 2014, c’est, pour commencer, un scénario qui oublie toute la saveur et la tragédie qui faisait la puissance du film de Park Chan-wook. Le film n’a aucune nuance, et l’intrigue si tragique de Park Chan-wook est totalement américanisée avec son lot de diamants et de millions de dollars à gagner si le personnage principal arrive à résoudre le mystère de son enlèvement. Très différente de l’intrigue originale, tout en en gardant les grandes lignes, Spike Lee aseptise tout, et les choix qui sont faits pour offrir autre chose sont très loin d’être convaincants, quand ils ne sont pas ridicules, comme cette fin, aberrante au possible, ou les motivations du méchant, car oui, ici, on n’a ni plus ni moins à faire à un méchant, un vrai de vrai. Et ce sentiment, on le retrouve aussi avec tous ces personnages qui n’ont aucune complexité, nageant totalement dans le cliché et certains sont simplement des standards. Ici, Josh Brolin est alcoolique à souhait et l’on a bien du mal à croire en sa rédemption ou à l’amour qu’il porte à sa fille. En plus de ça, le comédien en fait des caisses et des caisses. Elizabeth Olsen est somme toute sympathique, mais elle ne sert finalement à pas grande chose et elle n’arrive pas à s’imposer. Quant à Sharlto Copley, il fut juste engagé parce qu’il a une tête de méchant et franchement, on est très loin de la terreur qu’imposait Yoo Ji-tae.

Le côté aseptisé, on le retrouve aussi dans la mise en scène de Spike Lee. « Oldboy » est un film qui n’a aucun univers, et s’il y a bien deux ou trois éléments qui sont intéressants, ils sont très vite effacés, car l’ensemble de l’œuvre n’arrive pas à nous surprendre ou même nous tenir. Non, Spike Lee essaie bien de faire un film brutal (d’ailleurs, on a l’impression qu’il mise que là-dessus), mais l’ensemble est très artificiel, et le réalisateur rate beaucoup de ce qu’il entreprend, car malheureusement, et c’est inévitable ici, son « Oldboy » se prend en pleine face le « Old Boy » de Park Chan-wook. En fait, Spike Lee, avec l’idée de ce film, se tire une balle dans le pied tout seul et quand il copie l’original, il n’arrive jamais à emporter son film et là, on pense à la fameuse et culte scène du couloir, qui est ici presque expédiée et très loin d’être aussi marquante (voire même agaçante avec le choix de cette BO qui sent l’Amérique à plein nez), et quand il essaie de s’éloigner de l’original, ses choix ont vraiment beaucoup de mal à convaincre et passer (la libération, ou encore, et c’est ce qui fait le plus mal, cette fin…).

Faire un remake d’un classique, c’est toujours prendre un gros risque, et dans un sens, on peut reconnaitre à Spike Lee d’avoir osé, ce qui n’est pas donné à tout le monde, y aller en sachant qu’on va se planter.

Cette version américaine de « Old Boy » est une aberration. Cet « Oldboy » passe complétement à côté de ce qui faisait toute la dimension de l’œuvre de Park Chan-wook. Sans univers, faisant des choix douteux, misant énormément sur la brutalité de ses scènes, en espérant que ce soit suffisamment marquant pour suffire, doté de personnages clichés et standardisés, Spike Lee se rate sur toute la ligne et livre ici non pas un mauvais remake, mais juste un mauvais film.

Note : 05/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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