décembre 10, 2024

Mademoiselle de Joncquières – Vengeance Bourgeoise

De : Emmanuel Mouret

Avec Cécile De France, Edouard Baer, Alice Isaaz, Natalia Dontcheva

Année : 2018

Pays : France

Genre : Romance

Résumé :

Madame de La Pommeraye, jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère…

Avis :

Cela fait maintenant vingt ans qu’Emmanuel Mouret fait son petit bonhomme de chemin à travers le paysage français. Connu sans vraiment l’être, admiré tout en gardant une certaine forme d’anonymat en dehors de la « classe « cinéphile », Emmanuel Mouret a su offrir une filmographie légère qui détient sa petite patte.

Personnellement, le cinéma d’Emmanuel Mouret ne m’attire pas plus que cela, mais je me suis laissé tenter par cette « Mademoiselle de Joncquières« , notamment parce que je suis un amoureux d’Edouard Baer. Cette diction, ce phrasé, cette nonchalance dont il abuse parfois, bref, je voyais parfaitement le comédien dans un rôle comme celui qu’Emmanuel Mouret nous le proposait et j’ai bien fait de m’y arrêter, car cette « Mademoiselle de Joncquières » s’avère être une excellente surprise. Bien écrit, doté de dialogues comme on n’en entend plus et tenu par des comédiens tout à fait à leur place, cette histoire de vengeance dans la haute bourgeoisie française sait nous tenir en haleine ! Et j’irais même jusqu’à dire qu’avec ce film, je me laisserais bien tenter par la filmographie d’Emmanuel Mouret.

Madame de Pommeraye est veuve et s’est retirée bien loin de Paris. Depuis quelques mois maintenant, elle héberge le Marquis des Actis, un libertin à la réputation connue de tous. Si leur amitié est belle et sans accroche, le Marquis ne désire qu’une chose, être avec Madame de Pommeraye. Après plusieurs mois, la veuve finit par céder aux avances de cet homme, ô combien charmant. Leur histoire durera quelques années, puis Madame de Pommeraye découvre alors que le Marquis s’est lassé de leur amour. Blessée, meurtrie, Madame de Pommeraye va alors échafauder un plan afin de se venger du Marquis.

Après neuf films contemporains, le réalisateur Emmanuel Mouret passe donc au film de costumes et adapte très librement Diderot et son « Les Dames du bois de Boulogne« .

Avant d’aborder tout ce qui fait la belle surprise qu’est cette « Mademoiselle de Joncquières« , on va s’arrêter sur le côté académique du film. « Mademoiselle de Joncquières« , c’est dans un sens un film qui ne va prendre aucun risque et offrir ce que l’on connaît déjà par cœur. Simple, précis, concis et déjà vu, « Mademoiselle de Joncquières » est le genre de film qui nous fait sentir comme à la maison, on en connaît les codes et à aucun moment on peut dire qu’Emmanuel Mouret nous surprendra. On pourra même lui reprocher un film qui manque de spontanéité, tant tout se passe comme ça doit se passer.

Mais pourtant, malgré cet académisme certain, pour son dixième film, Emmanuel Mouret nous offre une bonne, voire même une très bonne, surprise. Une surprise qui va venir par plusieurs chemins différents, qui une fois réunis donnera un ensemble agréable, drôle et dramatique. Un ensemble frais et en même temps (comme je me disais) déjà vu.

On commencera par cette histoire donc. Une histoire plaisante à découvrir. Une histoire de vengeance au féminin. « Mademoiselle de Joncquières« , c’est un scénario bien tenu, qui intéresse en permanence. C’est un scénario qui sait bien jouer de l’hypocrisie et tourne très bien en dérision ses personnages, pour mieux les trahir par la suite. On apprécie beaucoup les dialogues de ce film, qui ne sont que poésie à l’oreille. C’est beau, et surtout Emmanuel Mouret évite de trop surcharger son film de dialogues pesants, ce qui fait que « Mademoiselle de Joncquières » est loin d’être un film en costumes barbant comme on en a déjà vu pas mal.

Ensuite, on pourrait s’arrêter sur la belle reconstitution, sur les décors ou les costumes qui apportent énormément de cachet au film. Ou encore cette BO au clavecin qui souligne parfaitement les intrigues et les émotions des personnages.

Plus que tout ceci, « Mademoiselle de Joncquières« , c’est aussi ses acteurs qui sont excellents dans ces rôles-là. Edouard Baer est excellent dans la peau de ce Marquis tombeur de ces dames. Marquis à la langue bien pendue, comme on l’espérait. On trouve la pétillante Cécile de France, dans un rôle que la comédienne endosse avec subtilité. Entre amour, manipulation, et cœur brisé, la comédienne s’en donne à cœur joie pour incarner cette femme meurtrie et trahie. Puis « Mademoiselle de Joncquières« , c’est la talentueuse Alice Isaaz qui fait encore une fois des merveilles, même si son personnage demeure sous employé. Bref, ce trio fonctionne très bien et c’est un plaisir de suivre ces déboires et autres manipulations.

Je suis donc ressorti terriblement surpris par cette « Mademoiselle de Joncquières« . Amusant, triste, parfois même sombre sur sa fin, ce premier film que je découvre d’Emmanuel Mouret m’a agréablement conquis et c’est avec grand plaisir que je m’y replongerais d’ici quelque temps, afin de revivre la terrible et sadique vengeance de Madame de Pommeraye.

Note : 14/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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