avril 25, 2024

1914 – Where Fear and Weapons Meet

Avis :

Il y a des groupes qui font plus peur que d’autres. Pas forcément dans l’image qu’ils renvoient, mais plus dans le style musical qu’ils abordent, notamment quand on n’aime pas certains sous-genres. Et ce fut le cas pour 1914, groupe estampillé Blackened Death, dont le thème principal est la Première Guerre mondiale. Il faut dire que le Black est un genre extrême, et que certaines formations sont devenues des caricatures, usant plus de vocalises porcines que de véritables chants. Sorti en 2021, Where Fear ans Weapons Meet est le troisième effort du groupe ukrainien, qui fait suite à un précédent album doté d’une très bonne presse. Oscillant constamment sur divers genres, sans jamais sombrer dans une violence accrue et inécoutable, ce dernier album en date de 1914 s’avère être une excellente surprise, qui démontre bien qu’il faut être curieux et ne pas s’arrêter sur des a priori.

Comme pour les albums précédents, Where Fear and Weapons Meet débute avec une introduction qui se nomme War In, puis se termine par une outro qui s’appelle War Out. Une façon d’encadrer plusieurs récits qui se déroulent lors de la Première Guerre mondiale. On peut y attendre un chant folklorique, puis en fond, des coups de feu et des cris de gens apeurés. Cela nous met directement dans l’ambiance, et c’est avec Fn .380 Acp#19074 que l’on va prendre toute l’ampleur du groupe. Le démarrage est immense, avec une orchestration symphonique magnifique, qui s’allie à la perfection avec l’aspect Black/Death du groupe. En ce sens, on s’éloigne volontairement d’un truc virulent qui n’aurait que peu d’intérêt. Bien au contraire, on navigue en plein guerre et la violence conjuguée à la grandiloquence fait un bel écho à la guerre. Enfin, bel, le mot est plutôt mal choisi.

Vimy Ridge (In Memory of Filip Konowal) va continuer ce mélange assez pertinent, tout en réduisant un peu le côté symphonique. Les riffs prennent plus de place, tout comme le tempo qui se fait moins rapide, mais qui bénéficie d’une ambiance plus lourde, emmenant le titre vers un Death pur jus. Si le titre est long, 1914 est suffisamment intelligent pour varier les effets et ne pas ennuyer son auditoire. Pillars of Fire (The Battle of Messines) renoue avec le côté épique, pour rejoindre les sentiments du premier morceau. On est largement emporté par la tonalité de l’ensemble, et même le chant, exclusivement en Growl/Harsh, s’accorde parfaitement au tout. De plus, le groupe raconte vraiment quelque chose qui a du fond, en parlant de la bataille de Messines. Don’t Tread on Me (Harlem Hellfighters) reste dans la lignée des autres morceaux, mais propose un riff rapide qui permet de donner une sorte d’ampleur au titre.

Là encore, en utilisant une alternance assez maline, le groupe propose un morceau plus virulent que le reste, sans utiliser d’orchestration sympho derrière, mais qui bénéficie d’une accessibilité sans faille. Cela est dû à une bonne utilisation des grattes, qui ne cherchent pas forcément à aller très vite, mais à poser le bon riff qui impose une lourdeur et un tempo adéquat. La surprise viendra avec Coward. Ici, on est sur une sorte d’interlude où Sasha Boole, chanteur de country ukrainien, viendra poser sa voix avec délicatesse et justesse. C’est tout simplement beau, et les percussions en arrière, résonnant comme une chute de bombes, permettent de rester dans le thème. Une superbe réussite qui met en avant un chanteur très intéressant. D’autant plus que cela permet de souffler avant de reprendre une tannée par la suite. Et difficile de ne pas citer …And a Cross Now Marks his Place avec la présence de Nick Holmes.

Ici, le chanteur de Paradise Lost offre sa voix si particulière pour donner une autre dimension au morceau. C’est bien simple, on retrouve tous les atours d’un titre du groupe anglais, mais entouré de la technique des ukrainiens. C’est prenant, c’est fort, c’est sombre, et ça fonctionne à plein régime. Pour les trois titres suivants, on va rester dans la bonne zone de confort de 1914. Corps d’Autos-Canons-Mitrailleuses (a.c.m) joue avec une introduction à la trompette pour rejouer le coup du symphonique et mieux nous asséner de coups de gratte fortiches. Mit Gott Für König und Vaterland joue sur la langue et revient à un Death de grosse qualité. Quant à The Green Fields of France et ses dix minutes, on restera sur le carreau, avec son début à la cornemuse et son ultra violence qui viendra nous cueillir par la suite.

Au final, Where Fear and Weapons Meet, le dernier album en date de 1914, est une ranche réussite doublée d’une excellente surprise. Si on pouvait craindre un Black ultra violent sur fond de Première Guerre mondiale, les ukrainiens délivrent une galette accessible, tout en restant virulente et puissante. Une façon d’agrandir son public, permettant aux néophytes de rentre par la bonne porte, et aux habitués de découvrir un groupe qui a tout d’un grand. Bref, une bonne tartine dans la gueule.

  • War In
  • Fn .380 Acp#19074
  • Vimy Ridge (In Memory of Filip Konowal)
  • Pillars of Fire (The Battle of Messines)
  • Don’t Tread on Me (Harlem Hellfighters)
  • Coward feat Sasha Boole
  • …And a Cross Now Marks his Place feat Nick Holmes
  • Corps d’Autos-Canons-Mitrailleuses (a.c.m)
  • Mit Gott Für König und Vaterland
  • The Green Fields of France
  • War Out

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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