avril 19, 2024

The Charm The Fury – The Sick, Dumb & Happy

Avis :

Le féminisme dans le métal n’était pas gagné d’avance, et pourtant, depuis un bon bout de temps maintenant, on commence à voir de plus en plus de femmes qui s’affirment dans le genre et qui poussent la gueule comme des bonhommes. Outre le Métal Symphonique qui semble être le domaine de prédilection des chanteuses à voix, on a de plus en plus de femmes qui se dirigent vers du Death ou du Groove, faisant éclater leur voix graveleuse. On pense bien évidemment à Arch Enemy, groupe allemand à la base qui a été un vrai fer de lance pour les demoiselles, mais aussi à Jinjer ou encore Once Human. Bref, la liste commence à être longue et on aurait pu rajouter The Charm The Fury, groupe néerlandais porté par la chanteuse Caroline Westendorp. Alors pourquoi utiliser le conditionnel passé avec ce groupe ? Tout simplement parce que le groupe s’est arrêté en 2018 pour des raisons financières alors qu’il venait de sortir son second album, The Sick, Dumb & Happy chez Nuclear Blast. Un destin funeste pour un groupe qui associait des genres assez différents comme le Groove et le Death avec quelques petites nuances Nu, mais qui, finalement, avait du mal à convaincre à cause d’un manque de prise de risque que l’on ressent fortement dans ce sympathique album, qui ne sort pas des sentiers battus.

Le skeud débute avec le très efficace Down on the Ropes et ses riffs assassins au départ, puis extrêmement groovy lors des couplets. La voix de la chanteuse, rocailleuse à souhait, va permettre de donner encore plus de puissance à l’ensemble, et globalement, le titre fait parfaitement le taf, notamment dans les refrains qui redonnent un gros dynamisme à l’ensemble. On aura bien évidemment droit à un petit solo pour bien entamer cet album. Avec Echoes, le groupe va montrer une autre facette. Si le titre précédent ne possédait pas de chant clair, ce sera bien différent avec ce morceau, notamment dans le refrain qui sera très « pop ». Avec quelques onomatopées mélodiques, le groupe tente de conjuguer deux ambiances différentes, des couplets ultra agressifs et un refrain plus doux, plus aérien. Si l’ensemble fonctionne, on ne pourra s’empêcher d’y voir une certaine facilité mercantile. Qui n’a pas dû marcher pour le groupe, puisqu’il s’est séparé pour des raisons financières. Weaponized sera un morceau très agressif, dès son départ, et on naviguera entre Death et Groove, mais sans que le titre soit vraiment marquant. Il lui manque une certaine aura pour avoir plus d’impact sur nous. No End in Sight débutera avec une petite introduction toute douce avant de partir en eau de boudin et de livrer des riffs assassins et ultra rapides. Prometteur, le titre ne va pas révolutionner le genre, malheureusement, notamment parce que le groupe reste sur une ligne mélodique monocorde et c’est bien dommage. Alors oui, ça tabasse bien et ça donne envie de faire du headbang, mais ça ne reste pas en tête. Contrairement à Blood and Salt, plus lourd, plus lent, mais aussi plus efficace dans son approche avec son refrain clair qui laisse plus de place à la chanteuse pour exploiter sa voix.

En milieu d’album, on retrouve un interlude qui n’a pas vraiment d’intérêt, si ce n’est de préparer à The Future Need us Hot. Un titre relativement virulent, qui pourrait faire penser à du Otep dans sa mise en bouche avant de balancer des riffs plutôt classiques mais assez efficaces. C’est violent ce qu’il faut et même si globalement, ça manque d’originalité, ça reste fait avec le cœur et une vraie volonté d’en découdre. Il manque juste un refrain plus impactant. Quand on dit que l’album ne sort pas des sentiers battus, on aurait aussi pu dire qu’il remplit un cahier des charges préétabli. Pour preuve, Silent War sera la ballade de l’album, puisqu’il en faut une. Alors étrangement, le titre fonctionne parfaitement tout simplement parce que la chanteuse ne force pas sa voix et évite brillement ce grain rocailleux. Il se dégage alors du titre une certaine clarté qui fait du bien et qui démontre que le groupe a une certaine sensibilité. Chose qui manque dans de nombreuses chansons. Par contre, ce devait un titre à ne pas mettre en concert. The Hell in Me est un morceau qui n’est pas désagréable, comme le reste de l’album, mais qui souffre d’un rythme un peu anémique et d’un manque cruel de lourdeur. Songs of Obscenity va remonter le niveau avec des riffs très rapides et bien puissants qui donnent immédiatement envie de sauter dans la fosse. Le mélange de chant clair/growl dans la voix est parfait pour ce genre d’exercice et le refrain pop à souhait colle bien à l’ensemble et se révèle même addictif. Enfin, Break and Dominate clôture cet album de belle manière, avec la force et la manière, démontrant tout le talent des guitaristes.

Au final, The Sick, Dumb & Happy, le dernier album de The Charm The Fury, est plutôt agréable et sympathique. Sans être révolutionnaire, il enchaine les morceaux plutôt satisfaisants et fait preuve d’un classicisme propre à défaut d’être original. Si on pourrait reprocher au groupe de ne pas sortir de sa zone de confort, il livre une galette honnête, ce qui n’est déjà pas si mal. Et puis il est dommage que le groupe se soit séparé, car il aurait pu avoir un bel avenir, et huit ans d’existence, c’est bien peu…

  • Down on the Ropes
  • Echoes
  • Weaponized
  • No End in Sight
  • Blood and Salt
  • Corner Office Maniacs
  • The Future Need us Hot
  • Silent War
  • The Hell in Me
  • Songs of Obscenity
  • Break and Dominate

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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