avril 29, 2024

Les Bonnes Etoiles – The Seoul Godfathers

Titre Original : Beulokeo

De : Hirokazu Kore-Eda

Avec Song Kang-Ho, Dong-Won Gang, Doona Bae, Ji-Eun Lee

Année : 2022

Pays : Corée du Sud

Genre : Drame

Résumé :

Par une nuit pluvieuse, une jeune femme abandonne son bébé. Il est récupéré illégalement par deux hommes, bien décidés à lui trouver une nouvelle famille. Lors d’un périple insolite et inattendu à travers le pays, le destin de ceux qui rencontreront cet enfant sera profondément changé.

Avis :

Il est sûrement l’un des réalisateurs japonais contemporains les plus connus et peut-être même les plus désireux. Il faut dire que cela fait presque trente ans que le cinéma de Kore-eda Hirokazu fait vibrer les spectateurs du monde entier. Avec son approche quasi-documentaire, avec ses sujets qu’il explore avec délicatesse et justesse, Kore-eda s’est non seulement imposé comme un très grand cinéaste, mais aussi un cinéaste dont on attend la sortie de chaque nouveau film comme un événement.

Alors qu’il est un réalisateur qui ne cesse de travailler, cela faisait maintenant trois ans qu’on n’avait pas eu un nouveau film signé Kore-eda Hirokazu (autant dire une éternité). Son dernier film, le metteur en scène l’avait tourné chez nous, en compagnie de Catherine Deneuve et Juliette Binoche. Après un détour pour le petit écran avec la série « Going My Home« , voici que Kore-Eda place sa caméra en Corée du Sud.

« Il en résulte alors un joli cru Hirokazien, quoi qu’un peu longuet vers sa fin. »

Pour « Les bonnes étoiles« , Kore-eda s’intéresse cette fois-ci à un fait étrange, puisqu’il existe en Corée, mais aussi au Japon, des baby Box, c’est-à-dire des boites où les femmes peuvent y déposer leur bébé si elle désire l’abandonner. Partant de ce fait, le réalisateur va alors tisser une histoire surprenante, qui va naviguer sur tous les sujets que le cinéaste aime explorer. Il en résulte alors un joli cru Hirokazien, quoi qu’un peu longuet vers sa fin.

Busan, une nuit pluvieuse, So-Young, une jeune maman, abandonne son bébé devant une boite baby box. Ce soir-là, c’est Sang-Hyeon et Dong Soo qui récupèrent le nourrisson. Les deux hommes, à leurs heures perdues, récupèrent des enfants pour les revendre. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que la jeune mère reviendrait sur sa décision, et qu’elle arriverait à les retrouver. Mais à la place de récupérer son fils, So-Young décide de partir avec eux pour choisir les futurs parents qui vont acheter son fils. Commence alors un étrange road trip, qui va réserver son lot de surprises et de découvertes.

Parmi les sorties cinéma de cette fin d’année 2022, je dois bien dire que le nouveau film de Kore-eda Hirokazu faisait partie de ceux qui j’attendais avec la plus grande des impatiences. Je l’attendais parce que c’est un nouveau film du metteur en scène japonais, mais aussi parce que son sujet m’intéressait et derrière encore, le réalisateur qui place pour la première fois sa caméra en Corée du Sud et pour l’occasion, il retrouve Doona Bae (qu’il avait déjà dirigé en 2009 dans « Air Doll« ), puis il y fait tourner l’immense Song Kang-ho qui pour l’occasion a raflé le Prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes et c’est bien mérité.

Bref, pour tout ceci, j’attendais le nouveau film de Kore-eda, et même s’il a un petit ventre mou et commence à se faire légèrement longuet vers sa fin, « Les bonnes étoiles » se pose comme un très joli film pour le cinéaste. Un film qui, comme je le disais, passe par bien des sujets que Kore-eda affectionne tout particulièrement.

«  »Les bonnes étoiles« , c’est un scénario solide, complet, et je me redis, surprenant, car cette histoire nous emporte avec sourire et émotion là où on ne s’y attendait absolument pas.

Partant sur les routes de Corée, « Les bonnes étoiles » est un film qui sait surprendre avec son histoire qui est à mille lieues de ce à quoi on pouvait s’attendre. On peut même dire que c’est assez culotté de part du réalisateur d’offrir un road trip lumineux, alors même que le fond de son film est terrible et dramatique, puisque Kore-eda y parle de trafic d’enfants, et d’une enquête criminelle. Léger, plein de sourire et de moments suspendus dans le temps, « Les bonnes étoiles » est un film qui va évoquer des thèmes comme la parentalité et la difficulté d’être parent.

Le réalisateur y parle de culpabilité, d’amour et de famille, explorant la famille qu’on se crée. Avec beaucoup de délicatesse, en compagnie de personnages tous plus touchants les uns que les autres, le réalisateur abordera la résilience, l’altruisme et derrière ça, bien sûr, il parlera des différents chemins de vie, avec notamment ce qui fait qu’on peut se retrouver à laisser son nouveau-né dans une boite prévue à cet effet. D’ailleurs, le réalisateur questionne aussi la société elle-même, et l’existence de ces boites, ce qu’elles peuvent avoir de bon, et de très bon, comme les dérives qui peuvent naître d’elles. Bref, « Les bonnes étoiles« , c’est un scénario solide, complet, et je me redis, surprenant, car cette histoire nous emporte avec sourire et émotion là où on ne s’y attendait absolument pas.

Après, comme je le disais aussi, ce nouveau film de Kore-eda Hirokazu n’est pas parfait non plus, et il est vrai que derrière les surprises, deux heures dix pour raconter cette histoire, c’est un poil de trop, car au bout d’un moment, « Les bonnes étoiles » a tendance à tourner en rond, et ce road trip, si sympathique soit-il, a une petite tendance à s’essouffler. Heureusement, cela ne va pas durer longtemps, car assez vite, le réalisateur envoie son intrigue ailleurs, et nous entraîne vers une conclusion ô combien superbe.

« Puis au-dessus d’eux, il y a Song Kang-ho qui tient là un superbe rôle, plus profond et touchant qu’il n’y parait. »

« Les bonnes étoiles » est donc un film riche dans ce qu’il raconte, et cette richesse, on la retrouve aussi dans la mise en scène solaire de Kore-eda. Son film est une bouffée d’air frais, qui oscille très bien entre le drame et la comédie, avec une touche de culture très joliment amenée. De plus, on profitera de sublimes paysages de Corée, magnifiquement filmés par le cinéaste. À noter que le film est bercé d’une lumière sublime, qui participe pleinement à la beauté du film, à la justesse, l’intimité, ou encore les émotions que cette histoire nous procure.

Du côté de son casting, ce dernier est dense, étonnant (que ce soit par le choix des acteurs, mais aussi le parcours des personnages) et surtout il sonne comme parfait. Ainsi, on trouve des acteurs et actrices comme Doona Bae et Joo-young Lee en duo de flics, Dong-won Dang ou le tout jeune Seung-soo Im, tous deux très attachants. Puis au-dessus d’eux, il y a Song Kang-ho qui tient là un superbe rôle, plus profond et touchant qu’il n’y parait. Puis on découvre avec plaisirs et émotions Ji-eun Lee en jeune mère perdue, qui ne sait trop quoi faire, tant son avenir est incertain.

Quinzième film pour Kore-eda Hirokazu, si « Les bonnes étoiles » n’est pas aussi grand qu’un « Tel père, tel fils » ou « Notre petite sœur« , il n’en demeure pas moins un très joli film, aussi lumineux qu’il est dramatique dans son intrigue. Étonnant road trip, touchant et amusant à la fois, même s’il se fait un peu long, on ne regrette pas d’avoir entrepris le voyage avec cette bande de personnages, tous plus attachants les uns que les autres.

Note : 16/20

Par Cinéted

Une réflexion sur « Les Bonnes Etoiles – The Seoul Godfathers »

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