décembre 10, 2024

Carcariass – Planet Chaos

Avis :

Un peu comme pour le cinéma français, on a toujours des gros cerveaux qui viendront t’expliquer qu’en France, il n’y a pas de bons groupes de Métal. Et en règle générale, ces cadors ne sortent que Gojira et semblent incapables de curiosité et d’envie d’aller voir ailleurs. Pourtant, c’est groupes français, il y en a à la pelle et pour tous les goûts. Fondé au début des années 90, Carcariass va mettre du temps pour se faire connaître. D’un autre côté, ils viennent de Besançon, et forcément, c’est compliqué de percer quand on vient d’un trou comme ça. Bref, après quatre albums entre 1997 et 2009, le groupe semblait sur le point mort, et n’appartenir qu’à un doux passé fait de quelques compilations. Mais dix ans plus tard, aidé par un nouveau chanteur, le groupe refait surface avec Planet Chaos, et il va mettre tout le monde d’accord.

La première chose qui frappe, c’est la durée hallucinante de l’album. Treize morceaux pour une durée de plus d’une heure et huit minutes, on peut dire que la générosité est de mise. Mais on le sait tous, parfois, en faire trop à un effet néfaste, ne laissant que peu de morceaux en tête. Mais Carcariass va faire une sorte très rare aujourd’hui, proposer la moitié des titres sans parole. Ainsi, Planet Chaos va mettre beaucoup d’enjeux sur ses partitions instrumentales afin de montrer sa technique et sa facilité à composer de longs titres sans forcément de chant. Et cela va d’un titre court comme Apophis Impact ou Dawn of the Dead, qui n’arrive pas aux quatre minutes, à des titres fleuves comme Planet Chaos qui clôture l’effort et ses huit minutes. Bref, c’est un fait d’armes très rare auprès des groupes français et il faut s’en réjouir.

Mais au-delà des pistes sans faille et sans parole, il y a aussi des moments qui correspondent parfaitement au titre. C’est-à-dire que même sans texte, on est capable de s’imaginer une histoire avec les musiques. On pense à Dark Empire qui évoque une Dark Fantasy bien énervée, ou encore Saturn Vision et son aspect très Death Prog qui fait penser aux étoiles et à la conquête spatiale. C’est là une grande force du groupe qui sait se passer du chant pour raconter des histoires. Le contre-coup, c’est que cela peut paraître un peu élitiste. Forcément, à jouer sur l’aspect technique et en délaissant des structures simples et entêtantes, le groupe peut s’enfermer autour d’un public plus restreint, presque de niche. Mais c’est là toute l’intelligence des français, qui alterne chaque phase instrumentale avec des titres plus « classiques ».

Et quand on dit plus classique, cela ne veut pas dire plus simpliste ou plus court. Il faut savoir que seuls deux morceaux ne dépassent pas les quatre minutes, et que tout le reste ne rentre pas dans un moule radiophonique. Les pistes sont longues, tortueuses et même si ça chante, il y a aussi du solo et de longs passages instrumentaux. Solar Invasion nous met d’ailleurs rapidement dans le bain avec ses six minutes, son introduction épique et son chant purement Death. On retrouve là-dedans tous les éléments du groupe, mais avec un chant maîtrisé, qui donne une plus-value indéniable. Ultimate Escape sera du même acabit, tout en allant plus loin dans le côté Death mélodique, avec un rythme plus soutenu et une volonté de plus percuter. Mais le plus intéressant dans tout ça, c’est que l’on n’a pas une impression de redite à chaque écoute.

L’album est tellement riche et dense, qu’il apporte toujours quelque chose de neuf à chaque réécoute. Le chant clair de Star Implosion par exemple se révèle à chaque fois, offrant une belle introduction. Genetic Conformity sera plus lourd dans ses riffs, plus puissant, pour autant, il lorgnera presque vers un Doom léger dans son refrain. Quant à Battleground, on pourrait presque croire à du Power qui s’accouple avec du Death. Bref, c’est très intéressant et toujours plaisant à l’écoute. Malgré le côté exigeant de l’écoute et de la technique, ça reste très accessible. Et on pourra même retrouver quelques éléments piqués à droite, à gauche, à l’image de Psychotic Starship, dont le refrain fait écho à Rammstein, dans la tonalité de la voix et dans l’identité même du titre. Bref, Carcariass arrive à trouver de l’inventivité, même lorsque l’on peut faire des rapprochements avec d’autres trucs connus.

Au final, Planet Chaos, le dernier album de Carcariass, est une belle réussite et permet de dire qu’en France, on a aussi de grands talents musicaux, notamment dans le Métal, même quand celui-ci s’approche du Death. Long, complexe et exigeant, on reste tout de même dans un effort dense et varié, qui ne fait pas dans la dentelle, qui ne caresse pas l’auditeur dans le sens du poil, mais qui arrive à nous accrocher à chaque écoute, et ça, c’est très fort.

  • Solar Invasion
  • Ultimate Escape
  • Apophis Impact
  • Star Implosion
  • High Speed Fury
  • Genetic Conformity
  • Saturn Vision
  • Battleground
  • Dark Empire
  • Letter From the Trenches
  • Dawn of the Dead
  • Psychotic Starship
  • Planet Chaos

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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