De : Vondie Curtis-Hall
Avec Mariah Carey, Max Beesley, Da Brat, Eric Benét
Année : 2002
Pays : Etats-Unis
Genre : Musical
Résumé :
L’enfance de Billie Frank n’a pas été des plus faciles. Abandonnée par son père, elle s’est retrouvée seule avec sa mère toxicomane. Placée en famille d’accueil dans l’un des quartiers les plus durs de New York, Billie grandit en compagnie de Roxanne et de Louise, ses deux meilleures amies. Son plus grand rêve est de devenir chanteuse. Elle poursuit donc dans cette voie non sans mal. Après quelques années de galère, Julian Dice, le séduisant DJ de la boîte la plus en vue de New York, découvre que Billie sert secrètement de doublure voix à la protégée d’un jeune producteur. Il lui propose alors d’annuler son contrat et de se lancer dans une véritable carrière de chanteuse. Billie partage avec Dice ses ambitions et ce dernier l’aide à percer dans le métier. Au fur et à mesure que la popularité de la jeune fille augmente, une relation plus intime se noue entre eux.
Avis :
Acteur américain dont la tête est bien plus connue que son nom, Vondie Curtis-Hall a débuté au théâtre au début des années 80 avant de se lancer dans le cinéma à la fin de cette décennie-là. Rapidement, l’acteur décroche des rôles, alternant grosses productions et films d’auteur. En 1997, il passe derrière la caméra avec « Gridlock’s« , une comédie dramatique sur fond d’amitié et de musique, avec notamment Tim Roth, Tupac et le réalisateur lui-même. Ayant étudié la musique, lorsque Columbia TriStar est alors à la recherche d’un réalisateur pour mettre en scène le premier film dans lequel va jouer la superstar Mariah Carey, Vondie Curtis-Hall se voit proposer le film.
« Glitter« , c’est l’histoire d’une déflagration et l’un des plus beaux ratés de ces vingt dernières années. En 1997, alors que Mariah Carey vient de sortir l’album « Butterfly », la star commence à travailler sur le scénario d’un film, qui raconterait, entre fiction et éléments réels, son parcours. À cette époque-là, Mariah Carey est mariée à Tommy Mottola, dirigeant de la maison de disques Columbia, et plus largement Sony Music, et ce dernier ne veut pas entendre parler de cinéma. Il va alors tout faire pour repousser les idées de Mariah Carey, la priant de sortir un Best Of avec des inédits, puis plus tard en 1999, un nouvel album. Par la suite, son contrat prendra fin et Mariah Carey signera chez Virgin l’un des plus gros contrats de l’histoire, avec à la clef, le film qu’elle rêve de faire, et l’album qui ira avec.
« Petit à petit, Mariah Carey se retrouve de nouveau coincée et elle va voir accoucher un film hybride, qui est à mille lieues de ce qu’elle avait imaginé. »
Le film va alors se monter petit à petit et le scénario que Mariah Carey avait écrit va être remanié, pour injecter plus de cinéma et raconter un peu plus que l’histoire d’une jeune choriste découverte en boite de nuit. Petit à petit, Mariah Carey se retrouve de nouveau coincée et elle va voir accoucher un film hybride, qui est à mille lieues de ce qu’elle avait imaginé. S’ajoutera à cela, une Mariah Carey qui ne sait pas vraiment jouer, des clichés à ne plus savoir quoi en faire, le 11 septembre qui sera le jour de la sortie de la BO, suivi du film dix jours après les attentats, un réalisateur qui perd le contrôle de son montage, et une histoire qui part dans tous les sens, et voilà comment le rêve de la Diva s’est transformé en l’un des plus gros bides de sa carrière.
Un bide qui l’a en partie détruite, et dont aujourd’hui encore, plus de vingt ans après sa sortie, elle a bien du mal à évoquer « Glitter« .
Billie Frank n’a pas eu une enfance heureuse. Sa mère, une chanteuse ratée et alcoolique, a été obligée de la laisser aux services sociaux, car elle ne pouvait plus s’en occuper et la nourrir. Billie a grandi avec ses deux meilleures copines et elles sont devenues choristes. Billie rêve d’être chanteuse. Elle a une voix magnifique, c’est un don. Un jour, elle se fait remarquer par Dice, un DJ producteur new-yorkais. Il va alors en faire une vedette. Mais le monde de la musique est un monde redoutable et devant le succès grandissant de Billie, Dice devient jaloux. Elle va alors tout faire pour conserver son intégrité artistique.
« »Glitter« , de la jolie petite comédie dramatique tout en émotion qu’il aurait dû être, va petit à petit se transformer en un véritable nanar. »
Bon, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Avec « Glitter« , Mariah Carey voulait se raconter. Elle voulait parler de son envie de musique, elle voulait parler de ce mystère qu’est Mariah Carey, fille d’un couple mixte, dont on ne sait pas vraiment si elle est latine, afro-américaine ou blanche. Avec ce film, Mariah Carey voulait raconter un American Dream, au travers d’un joli parcours avec un personnage qui lui ressemblerait. Bref, il y avait de l’envie, de la sincérité et beaucoup d’amour dans ce projet, mais malheureusement, il n’y a rien qui va avec ce film.
« Glitter« , de la jolie petite comédie dramatique tout en émotion qu’il aurait dû être, va petit à petit se transformer en un véritable nanar, car oui, le film n’est pas un navet, non, non, c’est bien un nanar auquel on a affaire-là. « Glitter » est un film qui provoque des rires et des moqueries malgré lui et finalement, le moment est loin d’être aussi désagréable qu’on a pu le lire, même si lorsqu’on s’attarde sur son scénario, sa réalisation et son interprétation, comme je le disais, il n’y a rien qui va.
Du côté de son scénario, tout ce qui vient de Mariah Carey est plutôt pas mal. Ici, on nous raconte l’histoire d’une jeune femme à la voix d’or découverte dans une boite, et qui petit à petit va être mise en avant. La jeune femme va être obligée de se battre pour imposer ses choix, et ne pas devenir un produit marketing. En parallèle de ça, le film nous raconte aussi un manque dans sa vie, avec une mère absente, dont elle recherche la trace. Plus lointain, le film parle d’une jeune femme née d’un couple mixte, qui subit du racisme. Enfin, c’est vraiment en filigrane, et surtout au début du film. Mais voilà, avec ça, le scénario s’aventure aussi dans une histoire mafieuse pour donner un souffle dramatique à l’ensemble et clairement, on n’y croit pas un seul instant.
« Un grotesque qu’on retrouve aussi dans le jeu de ses acteurs, à commencer par Mariah Carey, tout sourire et pleine de naïveté. »
L’histoire que Mariah Carey a imaginée tient déjà des clichés, mais avec cette histoire d’amour contrariée (qui peut évoquer dans certains passages son ex-mari, avec notamment la jalousie qui prend de plus en plus de place et le côté « je dirige ta carrière et tes choix ») qui amènera sur cette confrontation meurtrière avec un autre producteur mafieux, ça frise franchement le ridicule. Un ridicule qu’on retrouve aussi dans bien des dialogues. Les scénaristes ont fait au plus simple, au plus direct, et parfois ça tombe dans le grotesque, ce qui déclenche, pour bien des scènes, des rires partagés entre amusement et catastrophe. Un grotesque qu’on retrouve aussi dans le jeu de ses acteurs, à commencer par Mariah Carey, tout sourire et pleine de naïveté.
Si la Diva s’est améliorée depuis, ici, c’est très compliqué au niveau de son jeu, au point que ça peut en devenir touchant, car elle y met toute son âme. On la sent tellement sincère, mais rien n’y fait. Après, heureusement pour elle, on trouve pire qu’elle dans ce film, grâce à Max Beesley qui incarne Dice, DJ et producteur qui découvre Mariah. L’acteur, qui a lui aussi fait bien mieux (« Mad Dogs » par exemple) est si pitoyable, qu’il en déclencherait des fous-rires (la scène où il compose une musique au piano, connecté mentalement à son amoureuse, partie à cause de sa jalousie… Qui a eu l’idée d’une scène pareille !).
« Après, entre tout ce qui ne va pas et la sincérité d’une Mariah Carey rigolote et fragile, finalement, « Glitter » se pose comme un nanar qui sait autant nous faire rire que finalement, il se fait attachant. »
Le film n’est pas aidé par la réalisation de Vondie Curtis-Hall qui livre quelque chose de très clipé, aux effets de montage très cheaps, datés et surtout foutraques. De ce côté-là, c’est aussi compliqué, avec ces plans au-dessus de New York, tout droit sortis d’une série de la fin des années 90. On ajoutera à cela un ratage artistique, le film voulant se passer dans les années 80, mais il n’y a rien de eighties là-dedans, et surtout par la BO du film. Si l’album « Glitter« , en lui-même, est plutôt bon, tenant de bonnes chansons (que Mariah Carey a d’ailleurs toujours du mal à chanter aujourd’hui), ces mêmes chansons ne s’intègrent pas au sein de ce film. Franchement, le titre « Lover Boy« , à quel moment quelqu’un a pu croire que ce morceau sonnait eighties ?
Après, entre tout ce qui ne va pas et la sincérité d’une Mariah Carey rigolote et fragile, finalement, « Glitter » se pose comme un nanar qui sait autant nous faire rire que finalement, il se fait attachant. Mariah Carey y a cru, elle le voulait, ça devait être une revanche sur son ex-mari, mais comme je le disais plus haut, quand ça ne veut pas, et bien ça ne veut pas et « Glitter » se pose comme l’un des plus beaux ratés de l’histoire.
Depuis quelques années, le film semble être réhabilité petit à petit, notamment avec le #justiceforglitter. Profitant d’une séance au festival Chéries-Chéris, je suis retourné voir ce film en salle, et ce fut une séance inoubliable, peuplée de fans qui connaissaient le film sur le bout des doigts, et c’est bien en salle de cinéma, que le navet de mon souvenir s’est transformé en nanar rigolo et adorable.
Note : 08/20
Par Cinéted